(open d'australie 2010 quart de finale Djoko-Tsonga, et Nole subit une intoxication alimentaire au beau milieu du match ftr)
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Sa tête tourne, mais ce n'est pas aussi terrible que la sensation horrible dans son estomac, et les haut-le-cœur qui le forcent à garder sa tête au-dessus de la cuvette, s'il ne veut pas risquer d'en mettre sur son maillot... Novak a déjà vécu des matches abominables, souvent à cause du public ou des réactions de ses adversaires, mais rarement à cause de son propre corps... Bien sûr, il a eu plein de crampes pendant ses premiers longs matches, mais le stress ne l'a jamais poussé jusqu'aux nausées, jusqu'au point où il peut à peine contrôler son propre corps à cause des tremblements... C'est terrible, la seule chose sur laquelle son esprit arrive à se concentrer est la douleur dans son ventre, et ça ne fait que l'inquiéter encore plus—
Il ne va pas pouvoir reprendre le match dans cet état—Novak n'est même pas sûr d'avoir encore beaucoup de temps devant lui pour sortir des toilettes sans être sanctionné—oh putain une nouvelle nausée le surprend au moment même où il pensait pouvoir se relever—Tsonga va gagner cet horrible match et Novak n'aura rien pu faire d'autre que de le lui laisser, plus de sueur sur son visage causée par la nausée que par l'effort du match... C'est à peine s'il peut se relever, quand il s'appuie faiblement sur la cuvette, ses yeux incapables de fixer un point précis sans que tout ne se brouille dans la seconde. Il est foutu, il n'arrivera pas à finir ce quart de finale. Lui qui voulait tant gagner son deuxième Open d'Australie cette année—
Les deux derniers sets sont pitoyables, et Novak ne sait même pas pourquoi il n'a pas directement déclaré forfait, peut-être à cause de son égo, mais dès que Tsonga remporte le point gagnant de ce foutu match, ses jambes l'abandonnent pendant un court instant, et sa raquette lui sert de support pour ne pas s'écrouler devant tout le public... Son estomac recommence à en faire des siennes, alors qu'il ne doit plus avoir grand-chose à recracher, si ce n'est ses tripes... Novak se traîne jusqu'au filet, pour au moins serrer la main de son adversaire et lui souhaiter bonne chance pour la suite, mais le visage de Tsonga est flou, et des acouphènes remplacent les inquiétudes de son adversaire...
Au moins, la défaite lui permet d'échapper aux interviews, et il peut retrouver sa place aux toilettes en un temps record, son sac balancé quelque part dès qu'il est rentré aux vestiaires. Ses mains moites peinent à s'accrocher correctement à la cuvette, mais ce n'est pas pour autant que ça l'empêche d'évacuer le peu qu'il lui reste, même si ça pourrait très bien être des morceaux de son estomac à ce niveau-là... Novak n'arrive même pas à culpabiliser pour le quart de finale, c'est à peine si ses pensées arrivent à conceptualiser autre chose que la douleur, comme s'il était perdu en pleine mer en même temps que quelqu'un lui planterait des lames dans le ventre, et il n'a jamais rien connu d'aussi horrible—
Novak entend la porte s'ouvrir, mais il n'a pas la force de tourner la tête pour voir qui veut la photo de l'année, trop occupé à ne pas se vomir dessus... Ses nausées s'interrompent pourtant pendant une seconde, quand une main se pose sur son épaule, et une bouteille d'eau lui est tendue—pas un journaliste—mais l'eau de Cologne qui occupe ses narines pendant quelques secondes n'est pas celle de sa famille ou de Marian—Novak serre les dents avant de relever la tête de son œuvre, pour croiser le regard réconfortant d'Andy, la lumière au-dessus de lui créant un halo autour de ses cheveux bouclés, et il ne l'a jamais trouvé aussi beau que maintenant, même s'il est flou...
''A-Andy—'' Novak doit lutter contre lui-même pour ne pas perdre le contrôle de son estomac au beau milieu de sa phrase, ''Qu'est-ce que tu fais ici ?''
''J'ai regardé ton match, j'ai bien vu que ça n'allait pas.'' Andy s'asseoit à côté de lui, mais Novak ne le lui aurait sûrement pas conseillé, ''J'ai réussi à convaincre ton entraîneur de ne pas aller tuer Jo, que ce n'était pas de sa faute si tu étais malade, et maintenant ils t'attendent à la sortie des vestiaires.'' Un regard appuyé sur la bouteille d'eau lui fait comprendre qu'il n'a pas d'autre choix que d'en prendre une gorgée
''Tu ne devrais pas rester près de moi, tu vas aussi être malade...''
''Je prends le risque, pour m'assurer que mon ami ne s'étouffe pas dans son vomi.''
Andy réussit à lui arracher un sourire, mais ce n'est pas pour très longtemps, avant qu'il ne puisse plus contrôler son corps, et que l'inévitable se produise sous ses yeux... Novak en est vraiment désolé, mais il l'avait prévenu. Son corps finit quand même par se détendre, du moins un minimum, quand la main chaude d'Andy glisse sur son dos, en frottant doucement mais avec suffisamment d'énergie pour qu'il ressente autre chose que la houle dans son ventre. Andy ne devrait pas prendre soin de lui comme ça, pas alors qu'il joue son quart de finale le lendemain, il devrait être en train de s'entraîner au lieu de se mettre en danger à côté de lui...
''Tu sais, si je n'étais pas littéralement en train de vomir, je pourrais t'embrasser—'' Ce n'était pas quelque chose qu'il voulait vraiment lui dire, mais il a la réputation de blaguer en toutes circonstances, alors il continue le mythe, même dans la pire des positions
''Oh Novak, tu n'es pas le seul, mais je crois qu'on va devoir attendre que tu ailles mieux.''
Novak n'est honnêtement pas sûr qu'Andy ait vraiment dit ça, maintenant, avant que ses doigts ne caressent doucement ses cheveux, et lui qui pensait blaguer pour cacher ses sentiments, il se retrouve dans une position qui le rend encore plus vulnérable que son vomi... D'accord, il attendra de pouvoir tenir debout pour mettre tout ça au clair avec Andy, mais il lui doit un baiser. Peut-être plus qu'un seul baiser.
Fin
