Here We Go
Rafa a une passion dans la vie en-dehors du tennis, et personne ne pourra jamais lui enlever son amour du football. Enfin, surtout du Real Madrid. Il ne sait pas exactement combien de matches il regarde par saison, pas assez à son goût, mais il fait toujours en sorte de suivre les résultats et de jeter un œil aux résumés des matches. Avoir grandi près d'un footballeur a dû aider à ce que son amour pour La Liga se développe, mais Rafa sait que de regarder les plus beaux matches du dernier siècle quand il était encore enfant a vraiment été ce qui l'a poussé au plus profond de sa passion pour cet autre sport.
L'Oncle Toni est contre tout le temps qu'il passe à suivre la direction que suit son club, évidemment. Rafa doit toujours lui expliquer pourquoi c'est important de se renseigner sur chaque joueur qui est mentionné dans les rumeurs de mercato, pour être sûr qu'ils pourront reprendre leur titre de champion d'Espagne à Barcelone. Son oncle finit toujours par lui crier dessus pour qu'il utilise tout ce temps pour s'entraîner au lieu de le gâcher comme ça, et Rafa lui rappelle le nombre de Grands Chelems qu'il a. Toni est toujours très proche de l'attraper par le col pour le jeter dehors et lui crier dessus tous les records de Roger qu'il lui reste à vaincre. C'est comme ça que son amour pour le Real Madrid se renforce, à chaque fois qu'on essaie de lui faire croire que c'est futile.
Rafa n'est pas stupide au point de croire qu'une victoire du Real en championnat est plus belle qu'une victoire sur le circuit, mais il passe bien assez de temps concentré sur ses adversaires et les matches à venir pour avoir le droit de se détendre en imaginant son club avoir la plus fort équipe de tous les temps... Même s'il ne peut pas dire que ça ait vraiment si bien marché en Ligue des Champions quelques années plus tôt avec les Galacticos... Mais il se souvient aussi du but de Zidane face à Leverkusen dès qu'il ferme les yeux une fois la nuit tombée, et Rafa ne pense pas déjà avoir senti son cœur battre plus vite que ce jour-là. Même pas à Paris. Même pas à Londres. Même pas à Melbourne.
Alors, dès que l'Oncle Toni a le dos tourné, Rafa recommence à s'intéresser aux rumeurs de transferts. Il a un cinquième Roland-Garros à gagner, mais il est plutôt intrigué par la politique mercantile de Perez. Il y a eu des gros noms d'annoncés, rien que Di Maria et Khedira ont suffit pour le rendre heureux pendant une semaine entière, mais tout était dans un moindre coût, quand il compare tout ça aux joueurs du début du siècle. Rafa n'a juste pas la même excitation que le jour où il a fait la queue toute la journée pour avoir son maillot floqué Beckham.
Il a une autre Coupe des Mousquetaires entre les bras quand Fabrizio lui envoie des messages. Rafa n'a pas spécialement le temps d'y prêter attention, alors qu'il va devoir trouver quelque chose à dire en anglais sans passer trop vite à l'espagnol devant tout le public. Il y a le sourcil relevé de Toni quand il s'excuse pour vite rentrer aux vestiaires dès la fin de la cérémonie, et Rafa se retrouve à lire avec attention chaque rumeur que son ami lui a envoyé. Perez s'est enfin décidé à signer un vrai nom en défense alors ? Et pour quarante millions ?
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S'il est parfaitement honnête avec lui-même, Rafa pensait passer cette chaude journée de juin chez lui, pour se remettre de ses émotions et lentement commencer à se préparer pour Wimbledon. Se retrouver à Madrid pour faire de la publicité pour son club ne faisait pas vraiment partie de ses plans, encore moins alors qu'il doit faire tout un tas de vidéos pour promouvoir la saison qui arrive. Un autre jour, il aurait sûrement été heureux de le faire, mais le Real a annoncé leur nouveau défenseur central hier, et tout ce que Rafa a envie de faire maintenant qu'il est dans la forteresse de son club, c'est rencontrer ce nouveau soldat.
Rafa a toujours des papillons dans le ventre de pouvoir dribbler avec Xabi et d'échanger une poignée de mains ferme avec Cristiano, mais il n'a pas passé toute la nuit à regarder des highlights, à décortiquer la dernière finale de Ligue des Champions pour suivre un seul joueur, à travailler sur sa prononciation du nom du défenseur central serbe, pour simplement ne pas le rencontrer. Il croit à peu près maîtriser le son K de Novak Djokovic, et c'est hors de question de retourner à Majorque sans l'avoir croisé au moins une fois.
