Alcaraz/Djokovic(/Nadal)

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let me present to you ce qu'un match qui termine TRES tard peut faire sur mon imagination (bravo Nono <3)(oui j'ai suivi le match jusqu'au bout, je survie grâce à l'adrénaline là)

Un trait (sécurité) deux traits (danger)

La première chose qu'il a remarquée en rentrant sur le court, c'est qu'il faisait chaud. Trop chaud. Novak n'a jamais apprécié la chaleur, encore moins en plein effort face au gamin qui veut prendre sa place comme un autre espagnol avant lui, et sentir toute sa tenue coller à son corps et le rendre lourd, poisseux—presque comme un fardeau—ne peut que le faire détester un peu plus ce foutu climat... Il a l'impression de bouillir de l'intérieur, et les battements de son cœur sont bien plus bruyants que le public, dès qu'ils font un échange interminable entre ses tempes... Si l'enfer existe, alors c'est à Cincinnati qu'il réside, parce que Novak sent chaque muscle de son corps l'abandonner un à un, et ça devient difficile de garder les yeux ouverts...

Carlos serré le poing au moindre petit point supplémentaire qu'il obtient, parce que ça devient de plus en plus dur de faire face à la chaleur, et il n'ose pas imaginer ce que ça aurait pu être, s'ils avaient joué rien qu'une heure plus tôt... La moitié du court est éclairée par le soleil, et il lui faut une concentration démentielle pour être bien sûr de voir la balle, de suivre les mouvements de Novak et d'essayer de l'anticiper. Quelque chose ne va pas, mais Carlos n'arrive pas à savoir si c'est parce qu'il est en contrôle depuis qu'il a remonté tout le premier set, ou si c'est parce que la chaleur est étouffante et rend l'atmosphère plus lourde encore qu'à Wimbledon... Carlos sait que son entraîneur ne peut pas comprendre quand il lui crie dessus d'être plus aguets, mais il y a cette sensation à l'intérieur que quelque chose va mal se passer, et il ne peut pas l'expliquer...

Sa casquette est trempée de sueur depuis la fin du premier set, et plus il la porte, plus il sent sa tête être comprimée par l'humidité, le textile se refermant comme un tombeau autour de son crâne palpitant, lourd et embrumé par le mal-être qui ne disparaît pas, malgré la douche et l'eau qu'il boit en permanence... Ce sont les pires conditions pour faire face à Carlos, et Novak ne sait même pas pourquoi son esprit lutte encore pour faire tenir son corps debout, parce qu'il peut le sentir ; ce malaise qui gagne du terrain sur ses jambes, pour le faire flancher. Carlos a le break dans le deuxième set, et ça doit être trop pour lui, parce que même sa raquette ne suffit pas pour le garder sur terre, quand Novak s'y appuie pour reprendre son souffle—Ce n'est pas bon—et sa tête tourne, ses yeux roulant dans leurs orbites sans qu'il ne puisse y faire la moindre chose—

Son impression se révèle être vraie, dès que Carlos relève les yeux des cordes de sa raquette. Son cœur rate un battement parmi l'enchaînement rapide de pulsations, et s'il devait expliquer ce qu'il ressent, dès qu'il voit Novak s'effondrer sur le court bleu—presque au ralenti même si ça ne doit pas durer plus longtemps qu'un clignement d'œil—Carlos manquerait de mots pour décrire la terreur qui naît dans le fond de son estomac... Ses jambes prennent le contrôle du reste de son corps sans même qu'il n'ait le temps d'y réfléchir, et Carlos se sent sauter au-dessus du filet comme l'idiot qu'il est, pouvant presque entendre le cri désapprobateur de Juan—il a besoin d'aller vérifier l'état de Novak—c'est plus fort que lui, c'est ce que son cœur lui crie, parce que Carlos sait très bien quel genre de sentiments doivent rester cachés au plus profond de lui, malgré leur récente rivalité—

Ses yeux sont encore un peu ouverts sur le soleil abominable au-dessus de lui, et Novak jurerait que ça ne brûle plus, quand son corps refuse de bouger, même le moindre doigt. C'est toujours aussi aveuglant, et sentir toutes les gouttes de sueur glisser sur sa peau déjà collante ne peut que rendre ce moment un peu plus désagréable. Ses paupières se ferment dès qu'un rayon est plus fort que les précédents, et Novak peut voir des ombres danser au-dessus de lui, même à travers la migraine et sa douleur... Il ne sait pas quelle force divine lui donne l'opportunité de rouvrir les yeux, rien qu'une petite seconde pour constater sa faiblesse, mais son souffle est plus que tremblant, dès qu'il y a un visage familier au-dessus de lui. Rafa. Le seul garçon qu'il voulait embrasser quand ils étaient encore loin d'être pros, le seul homme qu'il a toujours désiré, le seul rival à qui il a toujours tout pardonné...

Carlos ne sait pas comment décrire ce qu'il ressent dans sa poitrine quand le seul mot que Novak prononce résonne dans ses oreilles, alors qu'il se tient au-dessus de lui pour lui faire de l'ombre en attendant qu'arrivent les médecins, mais c'est plus douloureux que ses crampes—il ne peut pas avoir mal entendu—c'était clair et limpide, malgré le manque de conscience du plus âgé... Rafa. Carlos est loin d'être innocent, Novak et Rafa, il a toujours eu un regard bien placé à chaque match entre ces deux-là, et il pensait avoir un jour l'opportunité de recevoir le même genre de regards qu'envoyait Novak à son mentor... C'est comme une piqûre à l'endroit le plus fragile de son cœur, et Carlos trouve à peine la force d'aider l'équipe médicale à soulever Novak pour l'emmener sur le banc, à l'ombre.

Rafa, Novak, Rafa, Novak, Rafa, Novak—tournent en boucle dans sa tête pendant le temps que les médecins passent à surveiller l'état de celui qui le rend fou, aussi bien sportivement que pour ses sentiments, et Carlos doit avoir l'air d'un idiot, sur la mauvaise partie du terrain, sa raquette abandonnée quelque part, et ses oreilles sifflant encore d'un simple petit nom. Ça aurait dû être le sien. Juan doit toujours lui crier quelque chose, parce qu'il croit entendre sa voix parmi tout le public, mais il n'est plus sûr de rien, depuis cette seconde fatidique où le regard noisette de Novak l'a fixé avec espoir. Carlos n'était juste pas la bonne personne.

Fin  

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