Pour KanrisLover avec du genderbending
Comme une évidence
Rafa se souvient parfaitement du jour où il a posé les yeux pour la première fois sur Rogelia Federer, avant qu'il ne passe professionnel et qu'il puisse commencer à jouer au même niveau. Il se souvient de ses longs cheveux bruns rabattus en tresses dressées tout le long de sa tête, de son bandeau assorti à sa tenue retenant les quelques mèches luttant pour s'échapper, de son regard vif sur chaque balle pour venir surprendre ses adversaires avec un revers bien placé. Rafa ne se souvient plus exactement de ce qui lui est passé par la tête, ce jour-là, mais il se remémore très bien le moment où l'Oncle Toni lui a dit de ne pas trop rêver des femmes, s'il ne voulait pas être déçu.
Rafa lui a fait remarquer qu'il portait toujours son alliance malgré le divorce, et quelques fois, il peut encore sentir les cinq tours de terrain qu'il a dû faire pour s'excuser, quelques pointes de douleur dans son pied revenant rien qu'en y repensant...
Quand il est passé pro, Rafa a passé beaucoup plus de temps à suivre les conseils de l'Oncle Toni, malgré sa très forte volonté de suivre la carrière de la Suissesse, et toute son attention est partie sur les Grands Chelems à gagner, son amitié avec Novak tournant en une rivalité faisant battre le cœur de tous les spectateurs. Cet espèce d'étrange malaise à l'idée d'être tout seul le long de sa carrière l'a aussi hanté chaque nuit pendant un moment, à force de voir Novak et Andy prétendre qu'il n'y avait rien entre eux, et puis Rafa a fini par comprendre qu'il y avait beaucoup plus entre eux qu'un simple couple, le moment où leurs femmes se sont embrassées en imitant leurs maris... C'est toujours quelque chose qui le fait réfléchir la nuit, la manière dont leur couple s'organise, même à quatre.
Alors jusqu'aux années 2010, Rafa ne s'est pas aventuré sur le chemin de l'amour, par peur que ce qui était arrivé à l'Oncle Toni lui arrive aussi, et pour ne pas se déconcentrer, Novak et Andy devenant toujours de plus en plus forts chacun de leur côté. Il a évidemment eu quelques aventures par-ci par-là, souvent après ses victoires sur terre battue pour ne pas se sentir trop seul avec le trophée, mais rien de sérieux. Son oncle lui a dit que c'était bon pour lui, de trouver un relâchement physique en-dehors des terrains, et Rafa a grimacé en lui murmurant qu'il ne voulait plus jamais parler de sa vie sexuelle avec lui. C'est toujours le cas aujourd'hui.
La première fois qu'il a rencontré Rogelia Federer, Rafa a senti son cœur battre plus vite que pendant n'importe quelle finale, en ayant enfin l'opportunité de se tenir face à l'une des meilleures joueuses de la planète, après toutes ces années à simplement regarder ses matches à la télé, et de rares fois en gradins, sans pouvoir l'approcher. C'était à l'un de ces évènements de charité où ils jouent tous un match pour la bonne cause en faisant semblant d'être ami avec tout le monde, alors qu'ils se connaissent à peine réellement pour la plupart, et Rafa n'a pas résisté à la tentation d'aller se présenter devant Serena et Rogelia, prises dans une très longue discussion qu'il ne souhaitait pas perturber au départ, mais c'était beaucoup trop long pour lui, son match n'était pas très longtemps après.
Rafa a rencontré Serena dès sa première année professionnelle, au détour de l'US Open, un peu au hasard, et depuis ils parlent de tout et de rien par politesse dès qu'ils se croisent, mais il n'en avait jamais eu l'occasion avec Rogelia. Par peur souvent, par manque de concordance de leur emploi du temps aussi. Il a lutté contre son corps du mieux possible pour que sa main ne soit pas moite, quand il a serré celle de Rogelia, et ses joues ont dû prendre le même rouge que son pays, quand elle lui a souri en retour—le même sourire que quand elle gagne ses trophées, Rafa le sait. Il a silencieusement espéré que ses yeux ne révèlent pas tout ce qui traversait son esprit à ce moment-là.