Chapitre 17

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N'avez-vous jamais pensé à prendre votre revanche sur quelqu'un d'une manière ou d'une autre ? Une personne vous ayant fait du tort à un moment précis de votre vie. L'envie irrépressible de lui faire payer ses crimes, de posséder le monopole à sa place, de le torturer jusqu'à en être pleinement satisfait ? Un sentiment plutôt sombre, qui pouvait ronger un grand nombre de personnes : la vengeance.

Il fallait se libérer de cet émois, surtout pour sa propre santé mentale. Le désir de vengeance est un tourbillon qui prolonge la souffrance et la colère jusqu'à les exacerber. Il vous submerge, impatient d'obtenir une revanche. Une obsession qui finit par vous asphyxier. Ainsi, vous n'êtes plus dans la capacité de respirer convenablement. Puis, vient finalement le temps de perdre toute raison, jusqu'à sombrer dans une extrême noirceur.

Vitali Corkïvif se sentait à bout, manquant cruellement d'air tant cette envie perverse de tuer quelqu'un le rongeait. Il ne supportait plus de devoir se tenir à l'écart alors que cette ordure se trouvait en ce moment même dans la cave, en compagnie de Vlad. Cet homme s'en était pris à un membre de sa famille, l'un des rares qu'il affectionnait. Il était obnubilé par sa rage et son désir de retrouver Bogdan Jouravl, le kidnappeur de sa marraine. Il allait souffrir jusqu'à ne plus jamais voir la lumière du jour.

Une fois passé entre ses mains, ce vaurien serait méconnaissable. Le mafieux l'enverrait croupir dans les caves les plus sombres des Enfers. Peu lui importait, il lui ferait la peau dans tous les cas. Ça devenait maladif, obsessionnel. Le tuer ? L'écarteler ? Le brûler ? Le dépecer ? Le castrer ? Tant de solutions s'offraient à lui pour assouvir ses instincts les plus primitifs. À tel point qu'il se perdait dans des visions toutes aussi perverses les unes que les autres. Il devait rapidement lui ôter la vie.

L'attente était trop longue...

Vitali usa d'un self-control énorme pour ne pas être désobligeant envers son cousin. S'il écoutait ses pulsions, il serait déjà en train de jouer avec ce bâtard, et non à patienter comme un idiot. Le fait que Vlad soit le fils de sa marraine lui donnait le droit de le voir en premier. Maïlea Uvankof restait sa mère.

Vitali se situait au sous-sol, seul, appuyé contre un mur en béton gris. Il fumait une cigarette tout en recrachant la fumée au-dessus de lui. Il fixait le sol, la tête baissée, lorsqu'un soupir lui échappait. Son corps tremblait, terrassé par la fatigue. Cet éreintement ne l'aidait pas à contenir son démon intérieur. Ce dernier ne demandait qu'à sortir, afin de laisser exploser sa haine contre Bogdan Jouravl. Sa lutte était si intense que son corps s'éprenait de lourds spasmes.

Il ne tenait plus, il fallait qu'il voit ce salopard. Il devait à tout prix lui faire la peau, ça en devenait même vital. Palach ne serait apaisé que lorsqu'il aurait arraché le cœur de ce connard.

Alors que ses yeux s'obscurcissaient - signe précurseur qu'il entrait bientôt dans un état second - la porte de bois à sa droite s'ouvrit. Ce fut un Vlad Uvankof à la mâchoire crispée qui en ressortit. Il s'avança de quelques pas vers Vitali. Son pull à col roulé beige se tâchait de sang. Ses poings étaient abîmés, signe qu'il l'avait bien frappé. Lorsque Vlad vit son cousin, il ne put s'empêcher de grogner. Il le scruta, la mâchoire et les poings serrés, le corps tremblant, le regard vide... Vlad savait que Vitali ne tiendrait plus longtemps en place. Il fallait le laisser avec ce fils de pute pour qu'il se calme. Cependant, il ne désirait pas qu'il le voit, surtout dans cet état.

Vitali était déjà ivre de rage, et ça, sans même l'avoir devant lui, ce qui n'est pas bon signe. La dernière fois qu'il s'était transformé ainsi, il avait fait une énorme crise de nerfs. Vlad le voyait planter son glaive une bonne vingtaine de fois dans la poitrine d'un mort, vociférant de folie, hurlant et arrachant sauvagement les restes d'intestins de sa victime pour, ensuite, les jeter au sol. Suite à ça, Stanislav et Léandre furent contraints de l'attacher à une chaise dans une salle de torture afin qu'il se calme.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant