Chapitre 15

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Une ombre masculine se déplaçait dans une villa huppée de la ville de Piter. Sa démarche féline, aussi discrète que le souffle du vent, avançait à un rythme endiablée. Aucune lumière éclairait le chemin de cet homme, pas du tout gêné par l'obscurité. Même dans le noir le plus total, il représentait un danger conséquent. En moins d'une semaine, plonger le pays dans le chaos et la discorde était un jeu d'enfant pour lui. Il possédait le pouvoir de tuer tous ceux qu'il souhaitait, quand il le désirait. Bien souvent, il agissait la nuit, là où il se sentait dans son élément.

Il n'était pourtant pas une créature de la nuit, fervent du sang mais un simple terrestre. Enfin, si on pouvait le qualifier comme tel. Cet homme bouillonnait de rage en permanence, habité par une colère constante qui n'attendait que sa libération. S'en nul doute, il s'agissait du grand Palach.

Ayant passé une longue journée, parsemée d'embûches et de mauvaises nouvelles, Vitali Corkïvif n'était pas d'humeur. Même s'il venait de faire exploser sa colère sur une vingtaine d'hommes - dont l'un d'entre eux rendit son dernier souffle il y a quelques minutes - il ne se calmait pas pour autant. Sa dernière victime gisait dans les caves, maintenant morte suite à son passage. Le bourreau prit un malin plaisir à écarteler ses bras tout en le vidant lentement de tous ses organes. Le pauvre n'avait pas survécu à cette agonie, il était mort au bout de quelques minutes.

Vitali n'avait pas pu se contrôler en écoutant les méfaits de ces salopards. D'autant plus que l'un d'entre eux manquait toujours à l'appel. Il comptait bientôt régler le problème de ce chien galeux encore cavale. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne paye pour ses crimes. Il n'aurait pas dû kidnapper sa marraine, la mère de son cousin, car s'en prendre à son sang équivalait à lui déclarer la guerre.

La famille était sacrée dans ce milieu, on ne s'en prenait pas à elle sans en payer les conséquences.

Couvert du sang de toutes ses victimes du jour, Palach entra dans son bureau. Il claqua lourdement la porte, laissant échapper un grognement de frustration. Il avait besoin de solitude pour calmer l'obscurité qui montait en lui, telle une bête féroce, prête à faire son apparition à la moindre faiblesse de sa part. Ce monstre ne serait pas rassasié, tant que ce goujat traînait encore dans les rues.

Malgré l'état pitoyable de ses vêtements, le mafieux s'affala dans un fauteuil, situé devant sa bibliothèque. Il passa ses mains couvertes d'hémoglobine dans ses cheveux. Vitali ressemblait à un soldat tout droit revenu du front : piteux, sale, chétif, déplorable... Il ressentait encore la rage qui coulait dans ses veines, ces picotements qui titillaient son corps à chaque fois que sa colère se faisait forte. Il n'était pas rassasié, il n'en avait pas assez tué. Ses spasmes et ses tremblements qui s'emparaient de lui en étaient la preuve.

Il lui fallait tuer chaque homme au service de ce merdeux. Toutes ces personnes devaient payer pour leur loyauté envers cet homme. Leur mort... Leur mort. Leur mort ! Ils payeront de leurs vies le crime de leur chef, leur propre crime. Avec la mort comme seule issue possible.

Les tuer serait l'unique agissement capable d'apaiser la rage qui coule dans ses veines.

"Tues-les. Venges-toi. Tues-les !"

Alors que Vitali se noyait dans son mal-être, profondément plongé dans sa transe, son obscurité, ce gouffre sans fin, cette seconde personnalité qu'il valait mieux ne pas rencontrer... Belle se rapprochait de plus en plus de la villa, inconsciente de son état pitoyable. Palach se perdait dans un surplus d'émotions négatives, provoquant peu à peu sa perte. Un jour, ce monstre ébranlera définitivement ses défenses.
Ce jour-là, Vitali Corkïvif rendra son dernier souffle.

Une boule de nervosité se logeait dans le bas du ventre de Belle tandis qu'elle fixait l'immense maison. Cette dernière s'élevait sur plusieurs étages, parée d'une façade bétonnée et de grandes baies vitrées dans sa longueur. Sa forme asymétrique, typique d'une maison moderne, s'harmonisait parfaitement à la grande allée en gravillons, encerclée par des garages en bois d'une côté et par des buissons taillés en boule de l'autre. Une piscine se dissimulait un peu plus haut, étroitement cachée par les branches tombantes de saule-pleureurs.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant