Chapitre 36

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"Mon petit chat, tu sais que je ne supporte pas la traîtrise n'est-ce pas ? Enfin, je pense que tu as dû l'oublier. Après tout ce temps, je ne peux pas réellement t'en tenir rigueur. Chaque couché de soleil t'éloigne plus de moi. Je ne peux encore agir pour nous réunir, mon emploi du temps est encore trop chargé. En plus, ma rose n'est pas encore prête à faner. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que ses pétales ne perdent de leur beauté. L'heure approche où tu me reviendras.

Pas une minute ne s'écoule sans que je ne pense à toi.

Je t'aime chat, à très vite,

Ton cher et tendre."

Belle venait de recevoir ce message vocal, envoyé depuis un numéro inconnu. Ce timbre doucereux, typique de cette personne plus qu'hypocrite. Les notes doucereuses de chaque mot - comme s'ils s'accaparaient de la poésie - s'imprègnaient dans la moindre parcelle de sa peau. Elles arrimaient ses plaies, les ouvrant plus qu'elles ne l'étaient déjà. Le poison qui parcourait déjà ses veines, propageant la peur sur son passage, se développa plus rapidement. Les battements effrénés de son cœur pompaient son sang, accélérant sa vitesse.

L'excédent d'émotions qui la traversa en cet instant même fut assez violent pour la faire basculer sur le lit. Son corps se plaqua sur le matelas. Elle ne put réagir aux spasmes qui la secouaient lourdement, la contraignant à enfoncer sa tête dedans. Sa respiration se coupa. L'angoisse était telle qu'elle l'empêchait de respirer. Prisonnière de son corps, elle devint la simple spectatrice de cette douleur qui la consumait jusqu'à une mort certaine.

Tandis que Belle se perdait dans son enfer, sa sœur, elle, demeurait impuissante. En l'espace de quelques secondes, elle l'observa changer d'attitude. À l'unique peur d'engendrer la mort de Vitali s'ajoutait la terreur de le revoir. Ce nouveau sentiment contrebalança le précédent, le forçant à se retrancher dans un coin. Il attendrait son tour, comme les autres. An Woo attrapait sa cadette par les épaules, tentant vainement de la redresser. Elle aurait ainsi la possibilité de la bercer comme dans leurs habitudes. Or, cette fois-ci, elle n'agirait pas de la sorte.

Le dos cambré de Belle émettait une forte pression sur le lit, à tel point que An Woo n'arrivait pas à soulever - ne serait-ce que d'un centimètre - le frêle corps de sa sœur. Elle suffoquait sur place, inquiétant de plus en plus An Woo. Elle se redressa vivement, prise de panique. Il devenait impératif qu'elle trouve Won Jae ou appeler les secours car elle perdait Belle. Affolée, elle se dirigea vers la porte de la chambre.

Avant qu'elle ne puisse faire quoique ce soit, cette dernière s'ouvrit sur son frère et un second homme. L'aura écrasante de cet inconnu la fit frémir. Son visage à l'expression dure se tirait davantage vers une sorte de fureur, bien vite remplacée par de l'inquiétude. La vue de Belle en train de s'étouffer sur le lit ne semblait pas lui plaire. Il darda un regard si noir, envenimé d'une sombre rage, sur An Woo qu'elle en ressentit des sueurs froides. Won Jae quant à lui ne prêtait plus aucune attention à Vitali, trop alarmé par l'état de sa sœur. Il se précipita à son chevet, suivi de Vitali.

- Jagiya, calme-toi, souffla-t-il.

Belle lui lança une œillade désespérée, comme éteinte. Elle se savait prisonnière des réactions de son corps et le montrait en un seul regard. Une larme roula sur sa joue gauche. Elle suffoquait, mais arrivait à reprendre une brève inspiration.

- Je vais appeler les secours ! geignit An Woo en quittant précipitamment la chambre.

- Jagiya respire et...

- Putain, c'est pas en lui parlant comme un con qu'elle va aller mieux, râla Vitali, furax.

- Je ne l'ai jamais vue ainsi, d'habitude elle ne réagit pas comme ça, souffla Won Jae, irrité.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant