Chapitre 27

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Aujourd'hui, les catastrophes que prévoyait la nature s'anticipaient par les nouvelles technologies humaines. Il restait facile de se montrer prévenant face à ce genre de choses, à la différence de certains êtres peuplant la Terre. L'un d'entre eux était imprévisible. Mesurant un mètre quatre-vingt-huit, il était bien plus discret que des flocons de neige se fondant dans le ciel blanc. Néanmoins, sa stature imposait un respect et une crainte légendaire. Il était si féroce et si brûlant, que s'écarter de sa route était une très bonne initiative. Ce phénomène arriverait à mettre un pays entier en sang, plongé dans le chaos si cela lui chantait.

L'ouragan Vitali Corkïvif avait encore frappé, dans un déferlement de colère. Lorsque sa rage s'estompait, le mafieux avait un rituel pour redescendre de sa transe. Il buvait des shoots de bacardi avant de frapper dans un punching-ball, préalablement installé dans son bureau. Quelquefois, il en venait à s'enfermer dans Tishina si sa haine ne pouvait le quitter. En ce jour pluvieux, il s'en tenait à ses verres et à son sac. Il ne désirait pas perdre son temps dans la salle du silence, impatient de retrouver Belle. Elle lui permettait de rester sur le droit chemin, de ne pas s'en écarter.

Le russe soupira longuement, craquant sa nuque puis ses épaules. Il se servait ses shots avant de les ingurgiter sans peine, le regard dans le vide. D'un pas traînant, Palach se dirigea vers son sac-à-frappe. Il n'enfila pas de gants, se déchaînant avec hargne dessus. Le milliardaire attaquait avec une telle force que ses jointures craquaient à chaque coup, le sang gagnant ses mains. Il ne ressentait pas la douleur, se concentrant uniquement sur le visage de Belle.

Vitali s'imaginer lui caresser tendrement les cheveux, chantant doucement contre son oreille. Il pouvait sentir le jasmin de ce parfum qu'il affectionne tant. Il la voyait rire aux éclats avant de le regarder avec amusement. Il n'avait que le visage de sa poupée dans son esprit, forçant ces visions à rester en lui. Cela suffisait à restreindre l'emprise qu'avait son démon sur lui.

Belle valait tout. Elle était sa porte de sortie. La lumière de son obscurité. Cette main qui parviendrait à le sortir de ce gouffre sans fond. Le pansement de son âme. La rédemption de ses maux. Son paradis à lui.

Il se perdait peu à peu dans des pensées mélancoliques, le cœur apaisé. Ses tremblements cessèrent doucement, il redevint maître de son corps. Dans quelques temps, il pourrait aller se changer. Ensuite, il prendrait la route pour la rejoindre. Vitali trépignait d'impatience, impatient de pouvoir enfin respirer. Il ne désirait plus qu'une chose : la prendre dans ses bras et lui souffler des mots tendres, mais tout ne se passerait pas comme prévu.

La mort guettait déjà son heure.

À l'autre bout de la ville, dans un duplex au dernier étage, logé dans le quartier très prisé du triangle d'or, se tenait un groupe de sept personnes. Quatre d'entre elles revenaient fraîchement de la boulangerie gérée par la femme de Léandre, Carmen Castavovitch. Ils y avaient passé une bonne heure, ce fut suffisant à Belle pour faire plus ample connaissance avec ce couple et leur enfant. Par la suite, elle avait pu revoir le cousin de son ange ainsi que sa femme, Paola.

Actuellement, elle s'occupait de la belle Darcy, assise sur ses genoux tandis qu'elle se maintenait droite sur une chaise haute de la cuisine. Cette fille était de nature rebelle et joueuse. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant cette petite bouille d'ange. Cheveux de jais, yeux bleus, joues rosies, sourire angélique...

Jouant avec les longs cheveux de Belle, Darcy fit une moue concentrée, comme si cela lui coûtait un énorme effort physique.

— Tes cheveux sont si beaux, souffla la petite fille.

— Que tu es mignonne, souria-t-elle en fixant les joues de la fillette qui riait aux éclats.

Positionnées de l'autre côté du comptoir, Paola et Carmen ne quittèrent pas ce spectacle des yeux. La jeune femme plaisait beaucoup aux deux mères. Cette douceur était captivante. Les traits de caractère de cette femme sautaient aux yeux : prudente, calme, douce et patiente. Mais un mystère rôdait autour d'elle. Son reflet ne valait pas ses caractéristiques et les deux amies le sentaient. Elle cachait des choses. Bonnes ou mauvaises, seul le temps permettrait de répondre à leur question.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant