Chapitre 40

526 37 2
                                    

La nuit quittait doucement le ciel afin de laisser place à de plus en plus de lumière, d'une beauté inégalable : l'aurore. Peu à peu, l'éden commençait à s'éclaircir avant que le soleil ne pointe le bout de son nez. Durant les trois phases de l'aube : l'aube astronomique, l'aube nautique et l'aube civile, de magnifiques couleurs se mélangeaient avec harmonie, tel un tableau peint avec douceur et passion. L'aurore était aussi belle à regarder que le crépuscule, bien qu'elle puisse être plus terne. Bien des gens aimaient observer ces phénomènes naturels, tout à fait extraordinaires, ils leur étaient si apaisants et parfois même revigorants. Qui n'aimait pas se poser le temps de quelques minutes, oubliant tout durant de brèves secondes afin de regarder cette beauté naturelle ?

On pourrait alors parler d'une thématique similaire : la peinture et sa contemplation. Il fallait s'imaginer observer le magnifique tableau de "Madame X", peint par John Singer Sargent. On contemplait la finesse de ses traits, cette délicate silhouette munie d'une robe noire envoûtante. Cette femme mystérieuse qui attisait une étrange curiosité. Sa taille fine, son haut port de tête, sa posture légèrement courbée qui lui conférait une impression de domination et de puissance. Plonger dans ce tableau amenait à oublier le présent, durant quelques instants. Comme le cas de l'aube.

Cependant, il y en avait en ce jour qui n'y prêtait pas grande attention. Voilà que la soirée touchait à sa fin, bien des invités étaient partis, seul le comité restreint de la fratrie et de la boutique demeurait présent. Les jeunes mariés étaient à l'entrée, saluant les départs. Belle avait tenu à ce que ça se passe comme tel, au désaccord de son homme. Il n'appréciait pas de dire au revoir à tout le monde, il avait mieux à faire que de perdre son temps à agir en homme courtois. Tout ce qu'il n'était pas dans la vie de tous les jours.

Vitali se tenait droit comme un piquet, tendu comme une arbalète. Il était le lion qui protégeait sa lionne, prêt à bondir sur ses proies au moindre geste obscène ou au plus rapide mauvais regard. Il se retenait avec bien du mal depuis près d'une demi-heure en voyant tout ces hommes serrer ou baiser les mains de sa femme. Sa femme. Sa dulcinée. Sa moitié. Sa Belle, Sa poupée. Son amour. Sa déesse. Sa muse. Elle était sienne et le serait bientôt à cent pour cent.

Il se positionnait légèrement en retrait, dans le dos de Belle, ce qui lui laissait la vue sur ses courbes graciles. Des images obscènes se logèrent au creux de son esprit, son démon intérieur sortait peu à peu. Son souffle se saccada brusquement. Sa mâchoire se crispa alors que ses poings craquaient sous la pression de sa force. Le fantasme arrivait avec allégresse, alléchant son désir avec vivacité.

Il ne parvenait pas à garder l'esprit clair tant sa soif était grande. Comme si son esprit lui jouait des tours, il semblait prendre un malin plaisir à lui passer des images de Belle sans défenses, prête à le laisser venir à elle. Il se voyait en train de parcourir son ventre de son souffle, de goûter ce fruit dont il rêvait depuis des années. Le mafieux ignorait s'il arriverait à la satisfaire pour sa première fois. Il souhaitait qu'elle soit inoubliable pour elle. Mais surtout, il ne comptait pas presser les choses. Belle ferait le premier pas, lorsqu'elle serait prête. Pendant ce temps, Vitali continuerait de se languir d'elle jusqu'à n'en plus pouvoir.

Elle était pure, bien trop pourrait-on dire pour un homme tel que lui. Un ange et un démon. Le yin et le yang. La douceur et le chaos. Le bourreau et la poupée. Ils étaient si opposés à ce jour, l'incarnation du danger infernal lui-même marié avec la bienfaisance des cieux. Malgré tout ça, jamais il ne se verrait la laisser derrière lui. Ils se complétaient. Ce fruit ne pouvait avoir un autre homme dans sa vie. Elle lui appartenait, bien qu'il sache qu'elle n'était pas un objet, il ne pouvait se résigner à penser à autre chose. Il se promettait silencieusement de la marquer de son empreinte mais aussi de la rendre dépendante de lui. Elle était sa drogue, il allait se débrouiller pour que ce soit réciproque.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant