Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)

Chapitre 16

Vitali n'en croyait pas ses yeux. Belle lui était enfin revenue. Il était couvert de sang et pourtant elle n'avait pas reculé. Bien que tremblante, elle se collait à lui. Une peur semblait parcourir la moindre parcelle de son corps. Étonnamment, elle ne faisait aucun geste pour s'éloigner, mis à part de doux mouvements circulaires sur son cuir chevelu. Elle serait aussi sale que lui, mais il s'en fichait. Seule sa présence comptait à ses yeux.

Vitali soupira en éloignant son visage de son cou. Ce dernier se recouvrait d'une trace rouge à l'endroit même où il se tenait. Il caressa sa joue, Belle garda les yeux fermés, quelques larmes s'échappaient encore d'eux. Le baron les balaya d'une caresse, Belle ouvrit les yeux. Elle cessa de respirer, encore pantelante. Malgré sa frayeur, elle se sentit heureuse de le revoir conscient. Son regard reprenait de l'éclat, un fin sourire étirait ses lèvres, ses traits ne se tendaient plus, ses mains entreprenaient des gestes doux sur ses joues...

Elle avait réussi à retrouver ce Vitali calme et apaisé qu'elle avait connu, celui qu'elle affectionnait tant. Belle aurait tant voulu qu'il soit constamment ainsi, qu'il n'ait pas cette seconde personnalité dévastatrice. Mais par sa faute, il ne vivrait plus comme une personne normale.

— Je suis tellement désolée, Vitali, je suis désolée... Tout est de ma faute ! gémit-elle contre l'épaule du mafieux.

— De quoi parles-tu, moya kukla ?

Elle renifla sans grâce puis brisa leur étreinte en se levant. Les poings de Vitali se serrèrent lorsque Belle se mit à faire les cent pas dans son bureau, tournant en rond telle une lionne en cage.

— Si... Si je n'étais pas partie, tu n'aurais pas vécu tout ça ! Tu... Tu ne serais... Pas devenu aussi sombre ! Tu n'aurais pas eu à vivre avec cette seconde personnalité... Sans vie... Aussi dangereux... Je sais que... Par ma faute tu...

— Arrête, Belle ! hurla-t-il en se levant.

Pour lui, elle n'avait rien fait et n'avait absolument pas à se sentir responsable de son changement brutal d'attitude. Le départ de Belle ne fut que la goutte d'eau qui fit déborder le vase, ainsi que d'autres événements qui assombrirent de plus en plus sa personne. Résultat, il tombait de plus en plus bas, jusqu'à atteindre le fond de ce puits semblant sans fin. Il commençait peu à peu à creuser sa propre tombe, à mesure où il laissait son démon prendre l'ascendant sur son corps.

L'homme, mâchoire et poings contractés, s'avança vers Belle. Elle eut un mouvement de recul, la mine soudainement tendue. Acculée, elle colla son corps contre la bibliothèque. Vitali parvint à son niveau, il plaqua son torse contre elle, l'emprisonnant de son corps.

— Je ne te permets pas de me sortir de telles conneries Belle. Tu n'as rien fait de mal, putain ! gronda-t-il.

— Mais je... Si... Tu as changé après mon départ Vitali...

— Certes ça m'a beaucoup affecté, je ne le démens pas, mais ça n'a pas été l'élément déclencheur de ma métamorphose.

— Que t'est-il arrivé d'autre ? geignit-elle, la voix enrouée.

— Je ne sais pas si tu souhaites l'entendre, moya kukla.

— Dis le moi, je t'en prie...

Il recula puis vint s'appuyer contre son bureau. Belle pivota sur le côté, les yeux larmoyants. Elle ressentait de la peur mais ne souhaitait pas lui montrer, elle désirait lui prouver qu'elle le soutiendrait dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle avait beau être terrifiée, elle n'allait pas se dégonfler. Et puis, au fond, ce ne serait pas la pire situation dans laquelle elle s'était déjà retrouvée.

Belle rassembla son courage puis posa sa main sur celle de son ange. Il tourna la tête vers elle, la mine sérieuse.

— Après ton départ, je me suis renfermé sur moi-même. Je ne parlais plus à ma famille, ni même à mon cousin, Vlad, ou à mon ami, Léandre. Mon oncle me donnait des boulots, je les faisais et j'en réclamais toujours plus. Caen était ravi que je m'investisse autant dans son entreprise. Puis, tout a commencé à déraper pendant une mission...