Il y avait foule devant le manoir de Gruszecki. L'attente pouvait durer des heures, il fallait se montrer patient pour s'engouffrer dans ce magnifique manoir à la façade ancienne, avec ses pierres typiques de la construction victorienne, d'une jolie couleur pâle. Un simple regard suffisait pour remonter dans le temps. Pour amplifier la majestuosité de cette bâtisse, cette dernière s'entourait de jardins parfaitement entretenus, capables d'en faire pâlir plus d'un. Une propreté tout bonnement grandiose.
Ce fut dans un fin silence qu'une voiture d'un rouge sang s'approcha. Elle contourna l'énorme fontaine de pierre, faisant sauter des cailloux blancs à son arrêt brutal en bas des escaliers. Avec des courbes cubiques, typiques d'une voiture des années 80, une Ford Mustang aux lignes blanches surplombait tout de sa candeur. Son moteur cessa de ronronner sous les yeux pétillants des invités. Il n'y avait qu'une personne à son bord : un homme.
La porte s'ouvrit après quelques secondes, deux pieds se posèrent au sol jusqu'à laisser entrevoir la silhouette charismatique du chauffeur. Il était fièrement affublé d'un costume trois pièces de couleur sombre. Sa tenue se parait de cette couleur aussi foncée que ses cheveux, accentuant sa prestance étouffante et diabolique. Une aura qui ne pouvait que s'accroître avec ce corps massif, dont les muscles se contractaient fièrement à chacun de ses mouvements. De plus, ils semblaient prêts à arracher le vêtement de leur hôte tant ils se meuvent avec force.
Ce nouvel arrivant était le plus important de la soirée, on le devinait rien qu'en le regardant. Il était le seul à ne pas avoir suivi le thème de la réception, à savoir, porter des couleurs vives. L'homme voulait qu'on le distingue : Palach, le bourreau de Russie. Il fit exprès de se vêtir de la sorte, sachant qu'il serait le plus reconnaissable et donc, que l'on se tiendrait à carreau devant lui. Bien que son visage demeurait connu de tous, il favorisait cette décision pour instaurer une pression beaucoup plus grande sur ses victimes à venir.
Ce fut la mâchoire contractée, les poings serrés dans les poches de son pantalon et les yeux froids que Vitali Corkïvif s'avança devant tous les invités. Il ne prit pas la peine de faire la queue, passant devant tout le monde, la tête haute. Il lance à tout-va un sourire malicieux qui fait déglutir les premiers invités, puis il s'engouffra dans la demeure de Stanislav. Il quitta la vue de tous avec ce regard dénué de sentiments, qui glaçait le sang.
Dans la bâtisse de Stanislav, Vitali ne put se retenir de sourire face à tant de pathétisme. Peu de personnes étaient à l'intérieur, l'heure n'ayant pas encore sonné. Il marcha jusqu'au bar où il avait déjà repéré son ami. Le négociateur se trouvait en pleine discussion avec une femme au chignon strict. Ils semblaient tous deux en pleine conversation professionnelle. Vitali l'avait remarqué en observant les traits tirés de son bras droit. Stanislav avait toujours le don de se tendre lorsqu'il venait à discuter de choses sérieuses. Le congolais restait plutôt expressif, comparé à lui. Il parvenait à ressentir tout type d'émotions, allant de la tristesse à la colère. Pour son cas, ça ne se résumait qu'à une seule bribe d'émotion : la rage, la haine, la véhémence... Vitali ne savait guère ce que c'était de ressentir de la joie et, surtout, de l'apaisement.
Oh qu'il en rêverait...
Il y avait bien longtemps qu'il n'était plus en capacité d'éprouver ce genre de sentiment. Tout cela, à cause de cette haine qui coulait constamment en lui, cette envie irrémédiable de tout terrasser sur son passage. Cet appel au sang, à la destruction et à la mort. Une colère qui s'échappait à la moindre faiblesse, en un simple battement de cils. Elle était si présente qu'il suffisait que Vitali ferme les yeux, abandonnant sa lutte quotidienne contre son démon. Ainsi, sa part que l'on pourrait dire "humaine" se perdait définitivement dans les profondeurs de la nuit. Le chemin du retour vers la lumière était de plus en plus harassant au fil du temps.
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Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)
Romance"Si je dois m'interdire de t'aimer pour te protéger, je le ferai" Ils se retrouvent après huit ans de séparation. L'un est un homme insatiable. L'autre est une femme tourmentée. Deux âmes brisées aux passifs diamétralement opposés, mais aux maux t...