Chapitre 24

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Parvenir à être calme pouvait parfois être difficile. Réussir à écouter la bonne part de soi n'était pas chose simple. Deux envies totalement différentes, complètement opposées. L'obscurité contre la clarté. La raison face à la mort. Le pessimisme versus l'optimisme.

Il arrivait qu'une idée soit vue comme une tentation, voire même un besoin vital. Viscérale. Inlassable. Alléchante.

Cette idée semblait nettement plus attirante que la réalité, assez ennuyeuse en elle-même. Cette envie soudaine avait souvent des répercussions sur un humain, l'amenant presque à sombrer au bord de la folie. Elle menait fréquemment à une longue réflexion. Ce débat intérieur pouvait être ingérable, surtout pour une personne instable mentalement.

La pensée de tuer. Le songe de réduire une personne au silence, se montrait courant chez de nombreux individus. Elle s'oppose, en d'autres termes, à la raison. Celle-ci, juste, connaît l'aboutissement des pensées et intercepte toujours les conséquences de ce genre d'action sur le mental humain ou encore sur le monde extérieur. Au fond, ce genre d'agissements irréfléchis causait bien des pertes, notamment celles d'êtres chers.

Vitali Corkïvif était dans ce cas. Il désirait faire confiance à Belle, même s'il devait prendre sur lui. Elle tenait à cet homme et vivait avec lui. Rien ne se passait entre eux. Une relation platonique. Amicale. Rien de plus. Rien de moins. Selon les dires de Belle. S'il venait à perdre sa lucidité et céder aux mots que son démon intérieur lui susurrait - telles de douces paroles poétiques -un carnage s'ensuivrait .

Il la perdrait. Sa promise. Sa lumière. Mais il désirait tellement le torturer...

Cette envie de lui tailler le corps de son glaive rouillé...

Cette envie irrépressible d'attraper ce salaud par le cou afin de le faire souffrir...

Cette envie de le voir agoniser sous ses yeux...

Cette envie de faire couler son sang, de le faire gicler au point de s'en salir les cheveux...

Cette envie de le castrer pour s'être rapproché de sa protégée...

Cette envie de le faire hurler à plein poumon jusqu'à ce que sa misérable voix le quitte...

Tant d'idées noires et cruelles se succédaient en boucle dans sa tête, comme si elles étaient chantées à son oreille. Elles passaient puis revenaient, tel le passage de voiture devant sa fenêtre. Elles amenaient leurs pensées sous le feu de leur radio, jouant avec la perversion de son âme. Tous ces aperçus lui offraient une panoplie inébranlable sur le sort de ce Kendrick Lubis. Il souhaitait le dépecer. Par la suite, sa peau serait étendue dans le coin de sa salle, tel un trophée.

Sa récompense pour tant de patience...

L'obscurité prenait le dessus, étouffant le peu de lumière présente dans son âme damnée. La lucidité tentait en vain de combattre cette voie sans issue. C'est alors que Palach prit sa décision, bonne ou non, il n'en avait que faire. Pour lui, elle valait son pesant d'or.

Ses iris verts s'assombrirent, de même que sa mine renfrognée. Il avait entendu ses paroles, profondément satisfait qu'elle daigne lui exprimer le fond de sa pensée. Cela suffisait à lui donner la force de contenir sa bête. Ce fut tel un volcan au bord de l'éruption, que Vitali braqua son regard sur sa compagne. Son sang-froid empêcha la belle russe de remarquer cette colère rugissante. Il fit même un sourire, trompant Belle. Il désirait changer le courant de leur conversation, pour leur bien.

Mais rien n'était acquis.

— Tes paroles me surprennent moya kukla, fit-il finalement, la voix étrangement sensuelle.

Death Lover : Retrouvailles (Russkaya Kukla Triloya - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant