VII

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Azalée voulait lui crier que ce n'était pas une bonne idée; elle voulait qu'il reste près d'elle, mais c'était trop tard. König était déterminé à en finir avec l'italien. Alors il s'éloigna à regret de son chevet, son regard promis une retrouvaille prochaine, glissant une dernière fois sur sa précieuse coéquipière. Elle semblait apaisée, et sa respiration demeurait régulière, ce qui allégea quelque peu son anxiété.

Pour la première fois depuis longtemps, il s'éloignait d'elle sans crainte de la perdre. Grâce à sa ténacité, elle s'accrochait à la vie. Désormais il n'avait qu'une mission : assouvir sa vengeance pour le mal qui lui avait été infligé. Marco Volpe paierait de sa vie cette attaque lâche.

Filant dans la nuit noire, König laissa sa fureur froide et sa soif de justice guider ses pas vers le repaire de sa cible. Il la traquerait sans relâche, et aucun répit ne lui serait octroyé. Bientôt, l'ombre de la mort planerait sur cet homme.

Et ce ne fut pas difficile de le trouver; c'était la cérémonie du festival de Cannes, et beaucoup étaient conviés - où se conviaient eux-mêmes. Il reçut alors un message d'un de ses fidèles acolytes.

"Besoin d'aide?" lui avait envoyé Horangi. L'autrichien sentit instinctivement une bouffée de soulagement à ce message. L'aide de son vieil équipier coréen pourrait s'avérer précieuse pour en finir au plus vite. Alors il répondait d'une voix sèche sur son portable:

"Ja, rejoins-moi discrètement. Festival de Cannes, j'ai repéré notre cible Marco Volpe dans la foule. On finira ça proprement."

Quelques minutes plus tard seulement, il décela du coin de l'œil la silhouette féline de son ami traversant les ombres. Un signe de tête, et ils se fondirent parmi les costumes chamarrés, déjà à l'affût de leur proie. Pour Azalée, seul comptait le châtiment du coupable. Qu'il en soit ainsi.

König et Horangi se fondirent aisément dans la foule raffinée, leur maintien raide détonnant parmi les poses les plus légères. Mais leur observation était infaillible.

Le Coréen remarqua le premier leur cible, de loin reconnaissable à sa bedaine opulente. L'Italien s'amusait à une réception privée, entouré de femmes. Le Colonel serra les poings en apercevant sa cible. Il lui en coûtait de ne pas fondre sur lui à cet instant... Mais la vengeance se devait d'être méthodique.

Un signe à Horangi, et ils se séparèrent prestement pour encercler la proie. Le Coréen irait distraire les gardes, pendant que l'autrichien irait "parler" à l'Italien dans un coin isolé... Alors ils mirent leurs plans à exécution.

Le tigre fit son travail. Demandant aux gardes dans un anglais plus que douteux des explications sur les films coréens qui ont été nommés - il exprimait bien sûr qu'il ne comprenait rien à la langue française.

König s'approcha silencieusement du groupe autour de sa cible, feignant un sourire poli sur ses traits pourtant si sévères. Il aborda Volpe d'un ton aimable.

« Monsieur, puis-je vous emprunter quelques minutes ? J'aimerais vous consulter sur une affaire... » L'Italien se dégagea avec empressement, avide de se pavaner. König l'emmena délicatement mais fermement à l'écart sous les applaudissements feints des femmes. Dès qu'ils furent isolés dans l'ombre, sa prise se resserra comme un étau.

« Tu te souviens de la jeune femme que tu as empoisonné ? », gronda-t-il à son oreille d'une voix douce. Le temps des politesses était terminé. Volpe fit mine de ne pas savoir. Après tout, ce sont ses hommes qui avaient fait ça, pas lui.

« De quoi parlez-vous, monsieur ? Ce n'est pas de mon genre, enfin, » dit-il, remuant son verre de vin rouge à la main. Un rictus mauvais tordit les traits du soldat à cette réponse mielleuse. Sa prise se resserra brutalement sur le poignet de Volpe, écrasant ses doigts autour du verre qui se brisa.

𝐃𝐎𝐈𝐍 𝐓𝐈𝐌𝐄 | königOù les histoires vivent. Découvrez maintenant