𝐃𝐎𝐈𝐍 𝐓𝐈𝐌𝐄 | könig

XVI

Elle espérait de tout cœur que l'entraînement excessif n'ait pas eu de graves conséquences sur son état déjà fragile. Le docteur Brandt accourut aussitôt aux côtés d'Azalée, suivi de près par June. D'un geste expert, il prit son pouls et écouta sa respiration.

« Elle est juste épuisée, mais nous allons la garder en observation. Calisto, installez-la sur un lit s'il vous plaît. » June aida son collègue en préparant le brancard. Arrivés à l'infirmerie, le docteur procéda à quelques examens de routine, puis se tourna vers l'infirmière.

« Restez auprès d'elle, je vais prévenir le Colonel König. » la soldate semblait hors de danger, mais il valait mieux la ménager. Ses amis veillaient sur elle, attendant son réveil prochain avec inquiétude.

Un gémissement plaintif s'échappa des lèvres d'Azalée lorsqu'elle émergea lentement des brumes de l'inconscience. Sa tête pulsait avec violence tandis que ses membres paraissaient engourdis et froids. Des larmes de souffrance pointèrent à ses yeux brouillés. Revenant à elle, elle réalisa qu'elle se trouvait à l'infirmerie. Que s'était-il passé ? Sa dernière sensation était un tournis l'entraînant dans les ténèbres.

« Chut, repose-toi. Tu as fait un malaise, » susurra une voix dans un accent singulier en français. June. L'infirmière l'aida à boire quelques gorgées d'eau fraîche, calmant sa migraine. Sa présence rassurante lui permit de se détendre malgré la douleur lancinante. Elle ferma les yeux à nouveau, s'abandonnant au réconfort apaisant de ce lieu salvateur. Son corps devait encore guérir...

« June... » une tristesse s'empara de la soldate lorsqu'elle se rendit compte de la situation. Elle se sentait faible, et n'en pouvait plus. Elle avait réussi à faire tant, mais son corps ne tenait jamais le coup...

« Chut, ne pleure pas... » murmura doucement la québécoise en pressant sa main dans un geste réconfortant. La jeune femme serra les dents, contenant à grand peine ses sanglots. Malgré sa volonté de fer, son corps martyrisé l'avait trahie. « Repose-toi maintenant. Tu as fait ton possible, » poursuivit l'infirmière avec bienveillance. La brune se força à respirer lentement, apaisant peu à peu sa détresse. Sa mission était de servir, coûte que coûte.

La porte s'ouvrit sur König, le visage ravagé d'inquiétude, qui s'approcha d'elle. Son regard disait tout son amour et sa fierté.

Pourtant, la Sergente était si fière de ce qu'elle avait produit ce matin... Mais le fait que son corps ne suivait pas, elle n'en pouvait plus. Elle voulait toujours plus. Les larmes roulèrent sur ses joues malgré elle. C'était trop injuste. Elle qui se battait sans relâche pour prouver sa valeur... À nouveau trahie par sa chair fragile.
L'autrichien se baissa près d'elle sur le lit, essuyant délicatement ses larmes du pouce. Dans son regard brûlait la fierté pour sa ténacité, son courage à repousser sans cesse les limites.

« Tu as été exemplaire ce matin, Liebchen. Ton cœur de guerrière restera intact. Tu surmonteras cette épreuve, comme les autres. » Sans un mot, elle se blottit contre son torse réconfortant. Ses mots redonnaient espoir. Un nouveau combat l'attendait désormais: guérir pour mieux servir à nouveau. Rien ni personne ne l'arrêterait.

« Je vais me doucher... » Elle essaya de se lever malgré la douleur, voulant atteindre la salle d'eau de l'infirmerie. Elle avait l'impression d'être un fardeau, et ne plus pouvoir rien faire sans l'aide de personne, prisonnière de son propre corps...

« Non Azalée, tu n'es pas en état. » Son amant la retint doucement alors qu'elle tentait de se lever, le visage crispé par la souffrance. Elle se débattit faiblement, frustrée par sa propre faiblesse.

« La douche...je.. »

« Laisse-moi t'aider. » D'un geste tendre, il l'aida à se redresser. Ses jambes flageolaient, mais il la soutint fermement. Dans la salle d'eau, il l'aida à se déshabiller délicatement avant de l'inviter à s'asseoir sur la petite chaise, venant également retirer son masque et son t-shirt. Ses gestes étaient ceux d'un amant tendre, non d'un infirmier. Et enfin, sous le jet d'eau chaude, elle se détendit enfin.