XVII

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Le cœur léger après les retrouvailles joyeuses avec son camarade, Azalée reprit sa promenade apaisante dans les couloirs de la KorTac. Certaine que le Sergent se plierait immédiatement aux examens médicaux, elle n'alerta pas tout de suite König de son retour inattendu.

König avait encore quelques rapports administratifs fastidieux à boucler avant de pouvoir se détendre. Et la jeune femme comptait bien en profiter pour savourer encore un peu le calme retrouvé. Sa santé s'étant nettement améliorée, elle marchait désormais d'un pas souple et énergique. Rien ne pourrait plus entraver sa guérison complète et son retour aux missions terrain.

Mais malgré ses meilleurs efforts, l'autrichien avait du mal à garder son esprit focalisé sur les rapports administratifs. Son regard perçant errait sur les lignes sans parvenir à s'accrocher au sens. Son cerveau fourmillait de pensées plus stimulantes. Comme ce matin sous la douche... Il frémit en se remémorant la peau satinée d'Azalée sous ses doigts. Leur étreinte prolongée, alors que sa raison lui hurlait de se contenir... Un soupir frustré s'échappa de ses lèvres. Sa résolution vacillait, son corps réclamait le sien.

Las, il referma le dossier, incapable de se concentrer plus longtemps. Un besoin urgent se faisait sentir: retrouver sa belle et calmer ses ardeurs naissantes contre sa bouche enflammée... Mais où pouvait-elle bien errer à cette heure ? Il se leva d'un bond, impatient de la débusquer à son tour.

Azalée se trouvait étendue sur le canapé de la salle commune, absorbée par son téléphone alors qu'elle visionnait une vidéo en français, incompréhensible par les cris et les rires. Sa concentration fut soudainement troublée par des bruits de pas pressés dans le couloir. Elle retint un sourire en devinant sans mal l'identité du propriétaire de cette démarche alerte et déterminée. Feignant l'insouciance, elle continua à regarder distraitement son mobile.
La porte s'ouvrit à la volée pour laisser entrer un König au regard orageux, déjà assombri par le désir.

« Liebchen... ton supplice a assez duré. Viens dans mes bras à présent ! » gronda-t-il, pressé par la suite des événements. Mais la Sergente releva sur lui un visage mutin, savourant déjà la douce vengeance à venir pour son impatiente folie.

« Patience, Colonel... Laisse-moi finir ma vidéo » susurra-t-elle d'un ton innocent. Il la dévisageait, stupéfait par son audace. Mais deux pouvaient jouer à ce petit jeu. Son timbre s'affermit, prenant l'intonation stricte du commandement :

« Sergente Azalée, levez-vous immédiatement et mettez-vous au garde à vous ! C'est un ordre. » Son regard orageux lançait des éclairs tandis qu'il maîtrisait à peine la douce colère qui montait en lui. Elle ne ricanerait pas éternellement de sa faiblesse. S'il fallait employer la manière forte pour la dompter...

Azalée déglutit face à l'autorité implacable qui s'affirmait. Mais une lueur d'anticipation brûlait déjà dans ses yeux. Ne pouvant ignorer plus longtemps l'ordre direct du Colonel, elle se leva d'un bond et adopta la position réglementaire, droite comme un i. Mais sa désobéissance n'était pas toute feinte, le son de la vidéo française continua de résonner en défi à l'autorité de l'autrichien. Ses yeux verts lançaient des éclairs malicieux lorsqu'elle croisa son regard sombre.

« Éteignez immédiatement cet appareil, Sergente, ou vous le regretterez amèrement, » gronda-t-il d'une voix rauque, ne cachant plus son impatience.

Elle hésita, savourant l'excitation du danger. Mais son obsession du contrôle ne souffrirait aucun caprice plus longtemps. Avec une lenteur calculée, elle éteignit son téléphone, avant de reprendre position parfaitement droite, les yeux vissés au loin.
Mais son acte de soumission à contre-cœur n'apaiserait pas si vite la colère du Colonel. Celui-ci la jauge a quelques instants de son regard orageux, la dévorant des pieds à la tête avec une intensité langoureuse. Puis d'un pas de loup, il vint se planter face à elle, si près que son parfum l'enivrait.

𝐃𝐎𝐈𝐍 𝐓𝐈𝐌𝐄 | königOù les histoires vivent. Découvrez maintenant