CHAPITRE 3

170 23 47
                                    

4 ans et 3 mois plus tard :

- Lève-toi ! Ordonne Madame Recks en soupirant.

   Étant encore à moitié endormie, je prends mon temps. Je pousse la couverture avec très peu d'énergie.

   La pointe de mes pieds touche le sol froid de ma cellule qui n'a absolument pas changé depuis 4 ans, mis-à-part, la télé qui a été installée un mois après mon arrivée.

   Je ne l'ai jamais allumée.

   J'ai arrêté d'attendre que mes parents me rendent visite environ deux mois après mon arrivée. J'avais l'espoir qu'ils ressentent un peu d'amour pour moi, mais visiblement non. Je suis une honte.

- Dépêche-toi s'il te plaît, insiste Mme Recks.

   Toujours très doucement, à la vitesse que mes muscles acceptent, je marche vers la porte de sortie de la cellule.

   Au fur et à mesure des mois, j'ai vu l'état de santé de ma surveillante se dégrader. Au début, elle restait très vaillante, très propre, très soignée. Au fur et à mesure, son chignon était de moins en moins plaqué, ses cernes se sont accentués, ses vêtements étaient de moins en moins bien repassés, des rides arborent maintenant son front et le coin de ses yeux. Elle est, elle aussi, constamment fatiguée.

   Auparavant, elle passait son temps à me menacer et à me faire des remarques désobligeantes, mais, il y a bien longtemps qu'elle a arrêté. Elle va mal et je ne sais pas pourquoi.

   Aujourd'hui, c'est la journée où je suis autorisée à prendre une douche.

   Tous les trois jours seulement.

   Habituellement, Mme Recks ne me réveille pas. Elle attend que je me réveille pour m'accompagner elle-même dans les douches, où des assistantes l'attendent. Elles s'occupent de me surveiller, de me tendre mes produits et mes vêtements quand j'ai fini. Pas parce que je suis traitée comme une princesse, non.

   Seulement pour s'assurer que je ne cache rien ou que je ne planifie rien.

   Je ne comprends toujours pas comment est-ce qu'ils peuvent avoir peur de moi. Je n'ai jamais pensé à faire quoi que ce soit de mauvais. Je me demande pourquoi ma mort tarde. Normalement, j'aurais déjà dû mourir il y a de cela, des années.

   J'ai hâte que ce jour arrive.

   Aujourd'hui est particulier, car, Mme Recks ne m'emmène pas dans les douches elle-même. Les assistantes m'attendent directement devant la porte blindée de ma cellule et m'escortent à la salle de bain. Puis, tout se passe comme tous les trois jours.

   Si au début, j'étais extrêmement gênée à l'idée de me dénuder devant elles, maintenant, je suis habituée. Je voulais leur demander de se retourner, mais, je ne l'ai jamais fait car je connaissais, au fond de moi, déjà la réponse. Les ordres sont les ordres.

   Je me mets sous l'eau glacée, commence à frotter mes cheveux avec le shampoing en essayant d'ignorer les cris des détenus qui ont totalement perdu leur tête.

   Lorsque je termine, une des assistantes me tend des vêtements propres, qui sont néanmoins toujours pareils. Un t-shirt et un short blanc.

   L'autre assistante commence à me brosser les cheveux sans la moindre délicatesse, comme toujours, quand on entend une grosse détonation qui semblait provenir non loin de ma cellule. Un mauvais pressentiment m'envahit, je commence à m'inquiéter, mais, j'essaie de relativiser, en me disant que ce n'est probablement qu'un détenu qui a été exécuté avant la date prévue. Mais, je ne suis toujours pas convaincue.

Red CodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant