CHAPITRE 23

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PDV de Justin

Nous sortons de la voiture et j'essaie d'ignorer le stress qui m'envahit. Bien que je sois parvenu à la calmer, son anxiété est bien visible. Sa démarche hésitante alors qu'elle évolue devant la foule. Elle a la tête baissée et les bras croisés sur sa poitrine.

Si je pouvais la suivre sur scène, je l'aurais fait, mais, je n'en ai pas l'autorisation. Aujourd'hui, il ne faut pas que je ressemble à un soldat, bien que je porte encore mon uniforme classique. À présent, je suis censé être un soldat jouant le rôle d'un garde-du-corps.

Alors, je reste à ma place. Je rejoins les policiers qui maintiennent la foule déchaînée et j'attends qu'elle monte sur scène.

Je suis sûr que Maria s'est rendu compte de l'enjeu de cette apparition. Elle a le choix entre faire ce que ses parents lui demandent et dans ce cas-là, ce sera mauvais pour elle, mais bon pour ses parents. Néanmoins, elle peut aussi faire le choix de révéler sa véritable nature. Dans ce cas-là, ce sera toujours aussi désavantageux pour elle, mais aussi pour ses parents. Du moins, en principe...

Le mouvement prend une ampleur inimaginable. La réaction du peuple est imprévisible. Une très grande partie, maintenant, renie le système de test. Ils veulent que les choses redeviennent comme avant. Alors, s'ils apprennent que Maria a été enfermée, car elle est le Red code, une des personnes les plus dangereuses pour les États-Unis, rien nous dit qu'ils vont la détester.

Honnêtement, je ne sais pas quel choix elle va faire, mais j'imagine que ses parents lui font confiance sur ce coup. Ils ne s'imaginent pas qu'elle révèlera le résultat du test, car ils savent que ce serait possiblement désavantageux.

J'espère tout de même qu'elle fera le bon choix. Si j'étais à sa place, je crois que j'aurai révélé mon identité, ou j'aurai trouvé une manière subtile de le faire. Mais ça, c'est seulement parce que je suis au courant de l'existence du mouvement. Elle, elle en a vu qu'une petite partie.

J'essaie de faire taire mes pensées lorsque la foule se calme. Maria est enfin sur scène, devant le pupitre qui lui a été attribué. Ses parents se tiennent juste derrière elle et affichent un sourire crispé. Ils ont bien de quoi stresser aujourd'hui.

J'espère qu'elle va les trahir. Je ne les aime pas.

Maria ne parle pas. En réalité, elle ne regarde même pas la foule. Ses mains sont posées sur le bois et elle regarde le sol. À ce moment-là, je prie pour qu'elle fasse ce que je lui ai dit afin qu'elle ne laisse pas son anxiété la contrôler et, comme si elle avait entendu mes pensées, elle lève les yeux et les posent directement sur moi.

Je n'ai pas le droit de parler, mais j'espère que ça l'aide à se calmer. Je sais que ce regard ne dure pas longtemps. Je crois qu'elle a compris que ça pouvait être considéré comme suspect.

Quoi qu'il en soit, je suis heureux de constater que ç'a peut-être fonctionné. Elle s'autorise enfin à regarder les milliers de personnes silencieuses venues la voir, puis, se racle la gorge et se met enfin à parler.

- Bonjour tout le monde.

Elle marque une pause et continue.

- Cela fait bien longtemps que je ne suis pas apparue à la télévision, continue-t-elle avec un sourire qui illumine son visage. Je n'ai jamais aimé ça. Aujourd'hui, c'est la toute première fois que je prends la parole. J'espère que vous serez indulgent vis-à-vis de mon élocution qui n'est pas la meilleure. Mais, j'ai la chance d'être entraînée au quotidien par mon père qui, comme vous le savez, est un grand orateur.

Je rêve ?

Même si j'hésitais quant au choix qu'elle allait faire, jamais, je n'aurais imaginé qu'elle ferait l'éloge de son père.

Red CodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant