Red Code

CHAPITRE 1

 16 ans. Cet âge si important.

Je crois n'avoir jamais compris l'intérêt d'être aussi excité pour ses 16 ans, ou même pour un anniversaire de manière générale.

Un an de plus passé sur cette planète. Un 12 janvier complètement normal, après tout.

16 ans...

Cet anniversaire est, toutefois censé être encore plus important que les autres.

Le test.

C'est aujourd'hui.

La société nous y préparent depuis tant d'années. Mes parents, eux, m'en parlent quasiment à chaque fois qu'ils m'adressent la parole.

C'est aujourd'hui que je vais enfin savoir si je suis destinée à être une criminelle ou non.

Il y a plusieurs années, face à une augmentation inarrêtable des crimes commis au quotidien, par des jeunes comme par des personnes plus âgées, le président a pris des mesures drastiques. Chaque personne, le jour de son anniversaire, à ses 16 ans, doit passer un test visant à prédire si la personne est destinée à être une criminelle ou non. Si le test est positif, la personne sera enfermée puis tuée quelques semaines après, avant même qu'elle n'ait l'occasion de commettre son crime.

Personnellement, je trouve ce test ridicule. Pourquoi l'effectuer sur moi, de toute façon ? Je ne serai pas une criminelle. C'est impossible. Je n'ai jamais eu d'envies illégales. J'éprouve même du remords lorsque je tue une mouche. Alors, pourquoi je changerai du tout au tout ?

Au fond de moi, j'ai l'intime conviction que je ne suis pas un danger pour cette société. 

- Change-moi ces vêtements Maria ! Mets un peu de couleur, le noir te donne un teint blafard, commente ma mère en me voyant débouler dans le salon, habillée de mes vêtements noirs que j'ai l'habitude de mettre.

J'avoue que j'aurai préféré un meilleur accueil, comme "Bon anniversaire, Maria !". J'aurais même accepté ne serait-ce qu'un simple "bonjour", mais, visiblement, mon sweat et mon pantalon cargo noir lui fait perdre toute la politesse que ses parents ont été chargés de lui inculquer.

C'est ce moment-là que ma grande sœur choisie d'entrer dans le salon.

- Bonjour, ma chérie, tu as passé une bonne nuit ? lui demande ma mère avec un sourire éclatant.

Sans jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil dans leur direction, je me dirige vers la cuisine, prête à prendre mon petit déjeuner comme chaque jour. Mon père s'y trouve, une tasse de café fumante dans une main, son téléphone dans l'autre.

- Non ! C'est inadmissible, crie-t-il à son interlocuteur. Ce sera votre parole contre la mienne.

J'ouvre le frigo, attrape le jus d'orange que je verse dans un verre. Je m'assieds puis met mon casque sur mes oreilles, ne supportant pas forcément les cris de mon père de bon matin.

Mon père sort de la cuisine quelques minutes plus tard pour laisser place à ma sœur qui m'enlève d'elle-même mon casque.

- Joyeux anniversaire petite sœur ! me souffle-t-elle avant de déposer un baiser que je déteste tant sur ma joue.

Elle s'assied à côté de moi après s'être préparé une tasse de thé. Je sens son regard se poser sur moi, m'analyser, mais, je tourne absolument pas ma tête vers elle. Je m'attends à une remarque qui, d'ailleurs, ne tarde pas à arriver.

- T'es sûre que tu ne veux pas que je te maquille ? Me demande-t-elle en touchant du bout des doigts une de mes tresses.

Je secoue lentement ma tête, les yeux rivés sur mon verre presque fini.