CHAPITRE 17

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 J'ai toujours pensé que les émotions étaient incontrôlables, du moins c'est ce que l'on m'a toujours dit. Quoi qu'il en soit, je dois avouer que je suis très impressionné par sa performance. Elle a réussi à deviner les intentions de Mr. Martin et Andrew et à montrer exactement ce qu'ils ne veulent pas, c'est-à-dire, aucunes émotions. J'ai même envie de l'applaudir, mais il faut que je me souvienne que nous ne sommes pas dans le même camp. Elle est censée être le Red Code et, moi, je dois la surveiller, la garder enfermée.

— Comment ça elle contrôle ses émotions, c'est quoi ces conneries ? S'énerve Andrew en sortant une cigarette dans le paquet qu'il avait dans sa poche arrière.

Mr. Martin hausse les épaules et continue d'observer la courbe avec l'espoir qu'elle bouge, mais, rien ne change, elle reste droite comme si son cœur était complètement mort.

— Essayez avec une autre image, propose Adam.

Le chercheur s'exécute en projetant à l'écran, la salle où elle a passé son test à ses 16 ans. On s'attend tous à ce que la courbe monte. Cela doit normalement lui raviver de mauvais souvenirs, mais, visiblement, elle n'en a que faire. La courbe reste droite qui ne semble absolument pas vouloir s'osciller.

Pourtant, les caméras qui sont projetées sur elle nous montre qu'elle voit bien ce qu'il se passe à l'écran. Elle parait bien concentrée, les poings serrés contre les accoudoirs. Ses yeux clignent à peine et sa respiration est calme, beaucoup trop calme. Contrôler ses émotions de la sorte n'est pas normal.

— C'est incroyable, commente Martin. Avoir un tel contrôle est normalement quasiment impossible. Votre Red Code a une force d'esprit hors du commun.

Il parait fasciné et rien que de l'entendre confirmer ce que je pensais déjà, à savoir le fait que c'est presque impossible, me fait sourire intérieurement alors que ça ne devrait pas.

Vous n'êtes pas dans le même camp, ne l'oublie pas.

— Putain, mais, ce n'est pas le but de ce test ! crie Andrew. Vous êtes censé voir si elle ressent de la haine dans la majorité des situations !

Martin parait enfin sortir de sa stupeur lorsqu'il éteint l'écran de Maria. Elle-même parait surprise, car elle regarde un peu partout et essaie même de se retourner afin de voir ce qu'il se passe de notre côté.

— Mais qu'est-ce que vous faites ? Demande notre supérieur après avoir soufflé sa nicotine.

Le chercheur fouille dans les placards et en ressort une seringue puis, un produit transparent de son sac.

— On va l'anesthésier. Il est normalement impossible de se contrôler au réveil d'une anesthésie générale, nous explique-t-il enfin.

Sans même nous demander de l'aide, il entre dans la salle et Maria parait immédiatement effrayée lorsqu'elle voit le produit. Je m'attendais à ce qu'elle crie, qu'elle demande au moins de ce qu'il s'agit ou qu'elle exprime son désaccord, mais rien. Elle ne parle pas. J'ai l'impression qu'elle ne parle qu'à moi et je trouve ça très étrange.

Lorsque Martin lui prend son bras droit, elle se dégage rapidement de sa prise en lui lançant un regard noir, mais, visiblement, il était bien plus rapide et fort qu'elle puisqu'il a réussi à la piquer. Puis, derrière l'écran suspendu devant Maria, il ressort un masque à oxygène qu'il pose immédiatement sur sa bouche et son nez.

Sans un mot, il ressort de la salle.

— Combien de temps cela va prendre ? interroge Adam.

Tais-toi, putain...

— Une bonne heure. Vous pouvez partir si vous le voulez. Je vous appellerai quand elle se réveillera.

Alors qu'Andrew et Adam sortent de la salle, moi, bien évidemment, je reste. Martin me lance un regard étrange avant que je ne me concentre sur le carrelage, commençant à me mettre légèrement mal à l'aise.

Red CodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant