CHAPITRE 5

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PDV de Maria

   Lorsque je me réveille, il fait nuit. Mes yeux balaient la pièce comme à chaque fois, mais, cette fois-ci, une chose me surprend. C'est la première fois en trois jours que je vois le nouveau surveillant dormir. 

   Il est assis, ses yeux sont fermés, sa respiration est régulière. Il paraît si paisible. On pourrait presque croire que c'est un bon humain et non quelqu'un dont son souhait le plus cher est de me tuer. 

   Tout en continuant de le regarder, je réfléchis à sa relation avec l'ancienne surveillante ? Quelqu'un de sa famille ? C'est possible, mais, encore une fois, rien chez lui ne ressemble à Madame Recks. C'est probablement son ancienne petite amie même si elle me paraît vraiment vieille comparée à lui. 

   Peut-être qu'il préfère les femmes plus vieilles. Je ris face à ma réflexion. Qui pourrait l'aimer à part sa propre mère, de toute façon ? 

   - Je savais que t'étais folle, mais, je ne vois absolument pas ce qui est drôle dans moi, en train de dormir, commente-t-il en ouvrant enfin ses yeux. 

   Je tourne immédiatement ma tête avant de me retourner à nouveau vers le mur humide. Il souffle fort et, je l'entends se lever. Exactement comme quelques heures plus tôt dans les salles de bains, je sens mes muscles se contracter d'une manière qui ne me plaît pas du tout. Cependant, je me calme rapidement en me disant qu'il ne s'approchera pas de moi, il n'a aucune raison de le faire. Il allumera probablement la télévision ou ira devant la petite fenêtre sale. 

   Il ne viendra absolument pas à côté de moi sur mon lit, alors, pourquoi je sens le matelas s'affaisser à côté de moi ? Je me crispe à nouveau. 

- Ton matelas est beaucoup trop confortable comparé à ma chaise, commente-t-il. Je devrais te le voler et te laisser par terre. 

   Est-il au courant que je n'en ai absolument rien à faire ? Il peut le prendre ce lit. Ça m'est égal.

   Alors, je me lève lentement, en faisant bien attention de ne jamais croiser son regard tandis que je sent celui-ci brûler chacune des petites particules de mon corps. 

   Tout naturellement, comme si je faisais ça chaque jour, je me dirige vers la chaise sur laquelle les surveillants ont l'habitude de s'asseoir puis, m'y assieds. La sensation est exactement comme je l'imaginais. Cette chaise paraît encore plus dure que le sol. Le métal froid de la chaise contre la peau de mes cuisses me fait frissonner. 

   Je balaie la salle du regard encore une fois jusqu'à croiser son regard. Il est assis sur mon lit beaucoup trop petit pour lui. Il me regarde d'un air qui me dérange énormément, d'un air qui me donne la sensation d'être en train de brûler sur place. Le métal de la chaise me paraît maintenant insupportable et c'est seulement à ce moment-là que je me rends compte de ce qu'il se passe. 

   C'est comme si nous avions inversé les rôles. Il est à la place du prisonnier, je suis à la place du surveillant. Je me retiens de sourire. Je me force à garder cet air impassible, neutre, sans émotions car c'est ce que je ressentais avant que Mme Recks ne meure. 

   Depuis qu'il est là, je ne suis plus que colère et culpabilité, mais aujourd'hui, à cet instant précis, c'est la première fois que j'ai sincèrement envie de sourire. 

   Je me sens bien sur ce siège particulièrement horrible et j'aime l'idée qu'il se retrouve à la place minable où j'étais. J'ai l'impression d'avoir du pouvoir. 

   Je me surprends à apprécier le fait d'avoir du pouvoir. Honnêtement, ça n'a jamais été quelque chose que je souhaitais auparavant. J'ai toujours voulu avoir une vie simple, mais, je n'aurais jamais imaginé aimer le pouvoir. 

Red CodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant