CHAPITRE 6

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   Bien évidemment, elle ne me répond pas. Je souffle fort avant de me lever à nouveau. Je commence à avoir les jambes engourdies à force de ne plus vraiment faire du sport. Je commence à comprendre que même si, visiblement, ce n’est pas la détenue la plus fatigante qui existe, ce travail n’est vraiment pas simple.

   Et si ce n’était peut-être pas à cause de Maria que Yelena s’est suicidé ?

   Je secoue la tête avant de rire de mes propres pensées. C’était clairement écrit dans la lettre qu’elle m’a laissée. Bien que Maria ne m’ait rien fait, je sais que ça ne tardera pas. Biensûr que Yelena s’est suicidée à cause de Maria.

Je ne pouvais plus la supporter. Elle est horrible. Elle m’a tuée.”

   Je frissonne en me rappelant des touts derniers mots de sa lettre et, essaie de contenir tant bien que mal ma colère envers Maria qui est, comme toujours, assise tranquillement sur son lit, sans vraiment se soucier du monde extérieur.

   Je prends rageusement mon pistolet et le serre dans ma main droite, ordonnant à mon cerveau de ne pas faire de bêtise inutile.

   Retiens-toi, ce n’est pas le moment.

   Mais, étrangement, mon corps n’obéit pas à mon cerveau. Il fait même tout le contraire de ce que je lui ai demandé. Mon arme est potée sur elle.

   Je tiens l’arme encore plus fermement, mon doigt posé, de manière paradoxale, délicatement sur la détente.

   Il faut à tout prix que je me calme. Si je la tue, je perds mon travail et, je me retrouverais à sa place, en prison en train de pourrir jusqu’à ce qu’on me tue. Est-ce que la tuer avant que l’on m’en donne l’ordre vaut le coût ?

   Allez, tue-la ! Me souffle la voix douce de Yelena qui m’a été violemment arrachée par ce code rouge.

   J’avance doucement vers elle. Le pistolet toujours pointé elle, mon doigt toujours sur la détente, et, ne voulant visiblement pas bouger.

   A présent, le métal froid de mon arme est brusquement posé sur son front dont s’échappent quelques gouttelettes de sueur dues à la chaleur étouffante de la pièce.

   Je la regarde, je l’analyse, mais, elle ne fait pas de même. Je me retrouve un peu désarçonné, car, elle n’aurait jamais hésité à m’observer à son tour, à me défier silencieusement comme elle a l’habitude de le faire.

   Je me reconcentre et braque un peu plus fort contre sa peau. je ne sais combien de minutes nous restons comme ça. je ne peux m’empêcher de penser à cette jeune fille de 20 ans que j’ai sincerement envie d’abattre.

   Mais, si j’en ai envie, pourquoi est-ce que je ne le fais pas ?

   Doucement, une petite larme coule le long de sa joue et, je sens ma rage s’écrouler. Pourquoi doit-elle pleurer ? Pourquoi est-ce qu’elle ne peut pas rester cette fille vide, qui parait être sans émotions ? Pourquoi ne peut-elle tout simplement pas être le monstre que l’on m’a tant décrit ?

   Le fait qu’elle ne réagisse pas comme je l’aurais voulu me perturbe, pourtant mon corps ne réagit toujours pas. Mon arme toujours braquée sur elle, je l’observe encore et encore, pendant plusieurs secondes, voir, quelques heures, je ne sais pas.

   Soudain, elle fait quelque chose que je n’espérais plus. Elle parle. Sa petite voix arrive jusqu’à mes oreilles.

- S'il te plait, souffle-t-elle.

   Que m'arrive-t-il ?

   Sa voix est douce, faible. j’ai l’impression que ces simples mots lui ont coûté toute son énergie. Je me demande même si ce n’était qu’un rêve. Cela fait plus de 4 ans qu’elle n’a rien prononcé. Pourquoi est-ce que c’est moi qui dois supporter sa voix.

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