Red Code

CHAPITRE 19

 Son sourire maléfique me ferait presque comprendre des choses impossibles. Elle ne peut pas être au courant. Mais, quand j'y pense, Adam était en train d'essayer d'entrer dans sa cellule tout à l'heure.

Et si...

Et s'il n'était pas en train d'essayer d'entrer, et s'il était enfaite déjà entré. Et si justement, il ressortait de sa cellule.

J'observe Maria sans rien dire et, elle, elle m'observe en retour d'un air malicieux, comme un enfant qui viendrait de commettre une bêtise et que les parents ne l'avaient toujours pas découvert.

Je ne te laisserai plus jamais seule, Maria, et tous tes plans tomberont à l'eau.

Et comme si j'avais prononcé ces mots à voix haute, elle chuchote un simple "trop tard" avant que son sourire ne s'élargisse. À moins que je ne l'aie simplement imaginé. Peut-être que je la surestime. Peut-être que rien de tout ça n'est vrai. Peut-être qu'elle n'est au courant de rien et qu'elle s'amuse juste de mes réactions. Peut-être qu'elle prend un malin plaisir à essayer de me rendre fou et je crois que c'est en train de fonctionner.

Je ne lui laisserai plus jamais la chance de rester seul avec Adam.

— Tu ne t'enfuiras jamais d'ici Maria, je prononce enfin, surtout pour me convaincre que je fais bien mon boulot et que je ne lui donnerai pas l'occasion d'être plus intelligente que moi.

Elle ne répond pas. J'aimerais tellement savoir à quoi elle pense, voir ce qu'elle prévoit, ce qu'elle manigance, ce qu'elle cache.

Elle pouffe avant de changer de sujet.

— C'est bientôt l'heure du repas. Si tu te fais empoisonner, je pourrai prendre les clés et m'enfuir sans même que tu ne m'en empêches.

Je fronce les sourcils et commence à m'imaginer le pire. Elle a raison. Et si je me faisais empoisonner ? Et si elle avait réussi à convaincre Adam de m'empoisonner ou je ne sais quoi ?

Néanmoins, j'essaie de relativiser. Le temps passe et cela fait maintenant presque 4 ans et 8 mois qu'elle est bloquée ici avec aucune tentative d'évasion à son actif.

Elle ne s'enfuira pas. Pas tant que je suis encore en vie.

— Au bout de 4 et 8 mois, tu n'as toujours pas essayé. À la seconde où tu sortiras, des dizaines de soldats t'attendront pour te tuer. Et s'ils manquent à leur travail, les caméras ne seront certainement pas tes meilleurs amis, je riposte.

Son air amusé ne la quitte pas. Elle se lève et je reste bloqué sur ma chaise, intrigué, voulant absolument savoir quel sera son prochain tour.

Elle ne s'arrête pas. Elle s'approche de moi et se penche, de sorte que son visage soit proche du mien. Dans cette position, on pourrait penser que je suis à sa merci, mais je me force à garder un minimum de contenance. Il ne faut absolument pas que je sois viré. Je suis un bon soldat, je ne peux pas me laisser perturber. Je ne dois pas me laisser perturber.

Néanmoins, elle fait quelque chose que jamais je n'avais absolument pas imaginé, pas même dans mes cauchemars les plus fous.

Comment une prisonnière peut-elle avoir autant de cran ? Est-ce parce qu'il s'agit du Red Code ?

Elle s'assied sur moi. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'ose imaginer que c'est à cause de la surprise, du moins, je crois. Je n'arrive pas à interpréter ce qu'il se passe. En ce moment, ses yeux en amande m'hypnotisent, me font oublier qui je suis et où nous nous trouvons. Je sais pertinemment que si, à ce moment précis, on venait à me demander mon prénom, je ne serais même pas en mesure de répondre.