Pourquoi je suis dérangée quand j'ai un éclair de génie ?
Lorsque je regarde Justin, il parait confus. J'ai l'impression qu'il aurait bien aimé connaitre mon idée, même si avec un peu de recul, j'imagine bien qu'il n'a pas de feuille ni de stylo sur lui. Il aurait fallu aller en demander et ç'aurait pris du temps. Il suffit que je continue de penser à ça. Il ne faut absolument pas que j'oublie.
À présent, nous sommes déjà dans le van noir, similaire à celui dans lequel on m'avait emmené il y a un peu moins de 5 ans.
4 ans et 10 mois et je sors enfin de cette prison, même si je suis encore menottée et entourée de deux soldats.
Je ne sais absolument pas ce qu'il va se passer, ce qu'on va me faire. Est-ce que je vais devoir parler ? Est-ce que je vais revoir mes parents ? Je me demande comment je vais réagir et comment, eux aussi, vont réagir. Ils ne vont certainement pas me sourire ni me prendre dans leurs bras.
***
Apparemment, nous arrivons enfin puisque la voiture ralentie. Je crois que nous sommes à Washington, car cette rue m'est vraiment familière.
La rue de mon ancienne maison. On me ramène là où c'était censé être chez moi.
Voyant que je commence à m'agiter, Justin se tourne vers moi, mais ne dit rien. Il a sûrement reçu l'ordre de ne rien prononcer même si je suis surprise qu'il se plie aux règles. Je le vois tout de même froncer les sourcils. Il parait même en colère. Mais, pourquoi ? N'était-il pas prévu de me ramener chez moi d'abord ? Pour moi, ça me parait logique. Il faut que je sorte de chez moi avec mes parents afin que ça paraisse le plus naturel possible. Il faut que ça paraisse réel.
Mais, de toute façon, on m'a toujours dit que j'étais une très mauvaise menteuse. J'espère que c'est encore le cas. J'espère que personne ne croira à cette supercherie.
Je n'ai tout de même pas envie de revoir mes parents, ni ma sœur. Je n'ai pas envie d'être énervée. Je n'ai pas envie de revoir leurs regards hautains.
Alors que la voiture avance dans cette rue que je connais malheureusement bien, je continue à m'imaginer des tas de scénarios de retrouvailles. Devrais-je rester ironique ou montrer très explicitement mon énervement, ma haine, mon dégoût ?
À ce moment-là, je sens doucement une main se glisser sur mon avant-bras. Lorsque je tourne la tête, je vois Justin me faire un tout petit sourire avant de serrer un peu plus mon avant-bras de sa main.
Je dois sûrement rêver. Ils ont certainement dû glisser des médicaments dans mon petit-déjeuner. Justin ne peut pas me montrer une quelconque affection. Cela n'a absolument aucun sens.
Néanmoins, il ne l'enlève absolument pas. Cette douce chaleur provenant de sa main se propage dans mon corps, me calmant d'une manière qui ne peut que me déranger.
Lorsque la voiture s'arrête devant la maison des personnes qui sont censées avoir le même sang que moi, il enlève immédiatement sa main et je ne peux ignorer cette sensation de froid qui m'envahit. Son visage arbore à nouveau une expression neutre, comme si de rien n'était, comme s'il n'avait pas posé sa main sur moi pour me réconforter alors qu'il ne cesse de me répéter qu'il me déteste et qu'il me tuerait avec plaisir lorsqu'il en recevra les ordres.
Il devrait y aller à ma place. Il ferait un bien meilleur acteur que moi.
Les soldats ainsi que le chauffeur sortent de la voiture avant que je puisse à mon tour.
Me retrouver devant ma maison d'enfance me perturbe énormément. J'ai juste envie de partir en courant. C'est étrange mais, ma cellule me manquerait presque. C'est comme si je m'y sentais mieux, plus tranquille.
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Red Code
RomansaDans une société qui a été rongée par la criminalité, chaque personne, à ses 16 ans, doit désormais passer un test prédisant si elle va commettre un crime, ou non. Si le test est positif, alors, la personne sera directement enfermée avant même qu'el...