Les jours s'enchaînent et ne cessent de se ressembler. Nous nous réveillons, je l'accompagne là où il doit aller seulement pour que je ne reste pas seule avec Adam, il m'entraine, nous revenons dans la chambre et nous attendons. Attendre quoi ? Je ne sais pas. Un miracle, certainement.
Il me colle d'une manière rendant compliquée une quelconque évasion.
Mon cerveau me torture continuellement. Il est en ébullition constante. Je m'imagine des centaines de manières de tuer le président.
Chacune d'entre elle est jouissive, mais, irréelle. Je ressens un tel besoin de m'échapper que cela m'effraie. Serais-je enfin devenue folle, moi qui pensais que je parviendrais à y résister.
Peut-être que lorsque je réaliserai enfin mon but, tout redeviendra à la normale. Mon cerveau se calmera, je serai enfin heureuse, satisfaite.
Néanmoins, cette satisfaction imaginaire que je ressens lorsque je tue le président dans mes propres pensées s'éclate quand je réalise que cela est impossible sans m'échapper.
Justin ne m'est pas d'une grande aide. Je l'observe bien trop souvent et pourtant, je n'arrive pas à déterminer de quel côté son cœur balance. Souhaite-t-il m'aider ? Souhaite-t-il toujours me tuer ? La frontière entre ce qu'il dit et ce qu'il fait est tellement énorme que je ne sais pas sur quel pied danser.
Du moins, ça, c'est lorsqu'il parlait encore. Depuis qu'il m'a enlacé, il ne m'a plus jamais rien dit. Les seules fois où j'entends sa voix, c'est lorsqu'il parle à ses collègues. Avant, il m'adressait la parole de temps en temps, sûrement pour tuer l'ennuie.
Ce qui est frustrant, c'est que j'ai l'impression que rien n'est possible sans lui. J'ai besoin de lui pour m'évader. Je ne peux le faire si lui est de l'autre côté. Il faut qu'il m'aide.
Je souhaitais faire en sorte qu'il se mette à m'apprécier un peu plus, mais toutes mes tentatives de conversation étaient infructueuses.
Il est là sans être là. À chaque fois que j'essayais de lui parler, ma voix restait en suspens et mes questions demeuraient sans réponse.
Dans quelques jours, cela fera 5 ans que je suis en prison et, je suis toujours en vie. Je ne peux tout de même pas dire qu'il n'y a eu aucune évolution car, maintenant, les gens me connaissent. Le monde entier connait mon nom.
Bien que cela ne passe pas très souvent au journal télévisé auquel j'ai accès, parfois, des petits reportages sont effectués, montrant les dégâts de la rébellion.
Le chaos. J'ai provoqué le chaos dans tous les États-Unis d'Amérique comme dans mes pires cauchemars, sans rien prononcer, et je ne sais pas si je dois m'en sentir fière ou non. Le chaos, je ne l'ai jamais voulu, pourtant, une partie de moi a envie de sourire. C'est un sentiment étrange. Ce qu'il se passe n'est peut-être pas bien, mais, à présent, les gens me connaissent. Ils se soucient de moi. Ils pensent à moi. Ils se battent en me mettant en avant.
C'est étrange. Je suis très partagée. Ils ne connaissent pas la vérité. S'ils la connaissaient, seraient-ils toujours de mon côté ?
S'ils savaient que si je suis ici, c'est probablement, car je souhaite tuer leur président, m'acclameraient-ils toujours autant ?
***
Quelques jours plus tard...
Nous sommes le 12 janvier. Aujourd'hui, cela fait 5 ans que j'ai effectué mon test.
Aujourd'hui, j'ai 21 ans et je suis encore en vie.
Peut-être qu'aujourd'hui, le miracle que j'attends tant surviendra enfin.
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Red Code
RomansaDans une société qui a été rongée par la criminalité, chaque personne, à ses 16 ans, doit désormais passer un test prédisant si elle va commettre un crime, ou non. Si le test est positif, alors, la personne sera directement enfermée avant même qu'el...