CHAPITRE 15

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Je ne sais pas quand est-ce que je me suis endormie ni comment, mais je me suis réveillée avec le bruit de la télévision. Lorsque mes yeux s'ouvrent complètement, je remarque qu'il a mis une émission de cuisine très douteuse où des célébrités essaient de concocter des plats qui sont censés être appétissants, mais je dois avouer que ça me procure le sentiment inverse. À la vue de la personne qui plonge un œuf dur caramel, je manque de me rendormir avec l'espoir d'oublier cet épisode traumatisant de cette journée.

— Ç'a l'air bon, commente Justin en croquant dans une tartine qui lui a été rapportée ce matin pour le petit déjeuner, tandis que j'ai le droit qu'à un seul repas par jour.

Il est complètement timbré, sérieux des œufs au caramel...

— Non sérieux, des œufs au caramel. Je vais demander au cuisinier de faire ça, tout à l'heure, continue-t-il sans même jeter un regard en ma direction, bien que je sois certaine qu'il sait que je suis réveillée. Sinon, il ne parlerait pas tout seul.

— Il a vraiment de sérieux soucis, je souffle en l'observant toujours en train de savourer sa tartine sur laquelle il semble y avoir de la confiture.

En entendant ma voix, il se tourne immédiatement en ma direction, surpris que je prenne la parole pour le critiquer.

— Qui ? Moi, ou le gars ? Demande-t-il, faussant un air curieux.

Je fronce les sourcils, presque curieusement amusé de sa réaction.

Sérieusement, j'aimerais bien avoir une tartine aussi.

— Qui pourrait avoir envie de manger un œuf enrobé de caramel ? Je réponds alors à mon tour.

— Bah moi.

Il hausse les sourcils comme si cela était évident. Il reporte sa concentration sur la réalisation de ce plat bien plus que douteux.

— J'ai du mal à imaginer le goût d'un œuf sucré quand même, je commente pour moi-même.

Cette fois-ci, il hausse les épaules avant de commencer sa deuxième tartine, tout en étant concentré sur cette émission comme un enfant l'aurait été le matin devant sa boite de céréales, jusqu'à ce que mon ventre se mit à gargouiller. Le bruit envahit la pièce d'une manière très gênante. Il se tourne vers moi, un sourire aux lèvres, mais, ne dit rien. À place, il me jette la banane qu'il avait sur son plateau.

— Tiens, mange. Tu vas en avoir besoin si tu veux casser d'autres miroirs pour me tuer, m'informe-t-il.

Je fronce les sourcils d'incompréhension. Il n'a jamais fait ça. Je l'ai toujours observé manger ses 3 ou 4 repas par jours sans qu'il ne m'en passe une miette, mais, aujourd'hui, j'ai le droit à une banane. C'est mieux que rien.

— Ne t'y habitue pas. Tu me fais juste pitié, rajoute-t-il alors qu'un sourire s'était, malgré moi, affiché sur mon visage.

Merci...sale débile.

Face à son dernier commentaire, je manque de lui lancer la banane dessus, mais, s'il y a bien un enseignement que j'ai pu tirer de mes chers et tendres parents, c'est qu'il ne faut pas jouer avec la nourriture et donc, encore moins s'en servir comme arme. Alors, à la place, j'attends quelques minutes avant de résigner à l'éplucher puis la manger beaucoup plus rapidement que ce que je n'aurai dû. À présent, j'ai encore faim, mais, bien évidemment, je ne dis rien. Je n'ai qu'à voir le résultat de cet œuf au caramel pour me couper l'appétit à nouveau.

— Tu n'as jamais eu des petits plaisirs bizarres du genre dans ton enfance ? Me demande-t-il simplement.

Alors que je joue avec la peau de ma banane, j'hésite à répondre. Je ne comprends toujours pas pourquoi il s'amuse à faire connaissance avec moi. Je voudrais qu'il arrête de me parler et qu'il fasse comme si je n'étais pas là. Pourtant, d'un autre côté, j'aimerais tout autant qu'il continue à me parler même si je ne l'apprécie pas du tout. Cela me donne l'impression de retrouver un part minime d'humanisme.

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