Il ne me parle pas. Ça fait trois jours qu'il me regarde jours et nuits, sans prononcer le moindre mot. Ça fait trois jours qu'il m'observe, son pistolet à la main, attendant patiemment les ordres.
Ça fait maintenant trois jours que je suis peut-être responsable du suicide de quelqu'un.
Je me sens extrêmement coupable et, le regard plein de haine du nouveau ne m'aide pas.
Je me demande si elle et lui sont proches. La manière dont il veut me faire payer de ce que j'ai, soit-disant, fait à Madame Recks me met à la puce à l'oreille. Etait-ce une amie ? Sa tante ? Sa mère ?
J'ecarte cette option en me rendant compte qu'il ne lui ressemble en rien, que ce soit physiquement, ou au niveau de l'attitude.
Tandis qu'elle est blonde aux yeux bleus, lui est bruns aux yeux noisettes. Lui, au contraire de madame Recks, est assis de manière très las et je-m'en-foutiste sur cette chaise horrible.
La seule ressemblance que j'ai trouvé est l'air menaçant qu'ils arborent tous les deux, même si Madame Recks n'hésitait pas à abuser des remarques et des menaces orales.
Lui, n'a pas dit un seul mot depuis trois jours. On s'adonne à des battles de regards durant l'entièreté de la journée sans la moindre retenue. Il me communique sa haine, je lui communique la mienne ainsi que ma culpabilité.
Nous sommes coupés dans notre contemplation lorsqu'on entend deux coups contre la porte de ma cellule. Le nouveau se lève enfin et, j'entends sa voix pour la première fois depuis 3 jours.
- Ouais ?
Il s'approche de la porte pour pouvoir entendre.
- C'est l'heure de sa douche, informe simplement une des personnes chargées de m'aider.
Sans un mot, il sort les clés de sa poche et ouvre la lourde porte. Il tourne à nouveau sa tête vers moi et, me fait un petit signe de tête, m'indiquant que je peux sortir de la cellule.
Pensant qu'il ne va pas m'accompagner sous les douches, je soupire de soulagement en me disant que je serais loin de lui et de son aura menaçante, qu'il ne me verra pas sans mes vêtements, que je pourrai enfin souffler en étant avec les vielles dames qui dégage la même énergie rassurante que ma grand-mère, même si elles n'ont pas la même douceur et délicatesse.
Des larmes commencent à remplir mes yeux pour la première fois depuis quatre ans, trois mois et trois jours lorsque je l'entends fermer la porte à clés et le bruit lourd de ses pas, nous suivre.
J'ose espérer qu'il restera en dehors de la pièce, mais, bien évidemment, il y entre. Nous nous retrouvons tous les quatre dans les douches où les vielles femmes commencent à essayer d'enlever mon t-shirt. Mais pour la première fois depuis toutes ces années, je me débat, tout en plantant mon regard dans celui du nouveau, qui ne tourne absolument pas sa tête.
Je continue de me débattre avec le peu de force qui me reste dû à l'inactivité à laquelle je fais face. Sans forcément le vouloir, je frappe une des femmes au visage.
J'essaierai de m'excuser plus tard, mais, là, le fait qu'il me verra nue me met en rogne.
Ce n'est que lorsqu'il aperçoit que les vieilles femmes souffrent de ma désobéissance qu'il se retourne enfin.
Je souffle, étant soulagée de voir que je n'aurais pas à me denuder devant ce nouvel inconnu.
En voyant que je commence afin à coopérer comme à mon habitude, les vieilles femmes s’activent afin de me rendre à peu près propre le plus rapidement possible. Puis, en peu de temps, je suis de nouveau habillée. Le surveillant se retourne, mais, bien heureusement, ne me regarde pas.
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Red Code
RomanceDans une société qui a été rongée par la criminalité, chaque personne, à ses 16 ans, doit désormais passer un test prédisant si elle va commettre un crime, ou non. Si le test est positif, alors, la personne sera directement enfermée avant même qu'el...