Chapitre un

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Violence, méprise, haine, erreur, minable, solitude, harcèlement, dégoût... Et j'en passe.

Ces mots sont mon quotidien. Ils sont le vocabulaire de mon père. Les seuls mots que j'entends provenant de sa bouche. Le seul amour qu'il me fournit. Enfin... Si l'on peut appeler ça de l'amour. A force, on finit par se convaincre que c'est sa façon qu'il a de nous montrer son amour envers nous.

La violence et synonyme de remords. Une vive douleur morale causée par la conscience d'avoir mal agi. Oui. Je suis tout à fait d'accord.

Le mépris est synonyme de mésestime. Ne pas être considéré à sa juste valeur. Oui. Je confirme.

La haine est synonyme d'exécration. Une haine violente contre une personne. Sa fille par exemple. Enfin... Ce n'est qu'une supposition. Ou bien la réalité. J'en cauchemarde rien que d'y penser. Ou rien que d'y subir.

La solitude. Très important. Un manque. Un manque d'affection. De sa mère par exemple. Oui maman. Tu me manques plus que tout. Mais le mal est fait. Rien ne pourra nous faire revenir en arrière hélas.

- ARRETE DE TE MORFONDRE SUR TOI-MEME BORDEL !!! hurle cet homme endossant le rôle d'un père.

D'un mauvais père. Il tira mes cheveux, me faisant relever la tête face à lui, puis avance son visage du mien, le regard haineux.

- Tu me fais honte, dit-il les dents serrées. Baisse les yeux !

Je ne bouge pas. Ma fierté est terrible. Alors non. Non Richard, je ne baisserai pas le regard simplement parce que je suis ta fille. Nous partageons le même sang alors pourquoi me soumettrais-je à toi ? Nous sommes égaux. Une simple différence de taille et d'âges.

Voyant ma perspicacité, il leva la main puis gifla ma joue déjà violette de la veille. Quand des coups stridents retentirent de la porte d'entrée. Il leva la tête vers celle-ci, puis lâcha mes cheveux d'un geste nonchalant.

- Dégage de ma vue, tu me dégoûtes, dit-il en ce dirigeant vers cette porte.

Je me lève douloureusement puis monte les escaliers direction ma chambre. Quand j'entendis des voix d'hommes depuis le salon. Je m'arrête brusquement puis regarde par la rambarde d'escaliers afin de voir les visages de ces hommes. Ils sont quatre. Deux bruns, un, ébène, et un blond. Ils ont une carrure imposante, je comprends alors qu'ils travaillent pour mon père.

Quand l'un deux leva la tête vers moi. Azur. Une seconde, puis je me retire brusquement. Nos regards se sont rencontrés, ne serait-ce qu'une seconde. Diantre, faite qu'il ne le dise pas à Richard. Je recule puis entre dans ma chambre et ferme la porte à clé. Je m'affale sur mon lit puis n'y bouge plus.

Ma chambre a pour taille, soi-disant, d'un salon. Elle est effectivement grande. Mais comprenez que je n'ai pas eu le choix de la prendre. En réalité, je n'ai le choix de rien dans cette villa.

Je suis une simple marionnette venue au monde grâce à ma mère qui a fini par nous abandonner par ma faute. Alors j'en paie le prix à présent. Et j'accepte. J'accepte le prix, la douleur, tout ce négatif qui hante Richard. Je m'égare.

Ma chambre est donc, spacieuse, et luxueuse. À l'entrée, nous tombons directement face à mon lit à baldaquin double dans les tons beige. Il est en bois beige, supportant des rideaux blanc voire même transparent. Je ne les utilise pratiquement jamais, ils restent la plupart du temps attachés.

C'est Anne-Marie qui a choisi la décoration de ma chambre, je ne peux pas lui en vouloir, elle est la seule femme à montrer ne serait-ce qu'une once d'affection en un simple sourire. Autant vous dire qu'elle me considère comme sa fille lorsque Richard n'est pas dans les parages.

Nil Midén : tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant