Nil Midén : tome 1

Chapitre trente-et-un

— Dernier jour avant les vacances de Noël, soupire Justine en rangeant ses livres dans son casier.

— Mmh, et ça ne m'enchantent pas, rétorquais-je en m'appuyant contre les casiers, à ses côtés.

Elle ferma la porte de son casier, puis me fit face, les sourcils froncés.

— Pourquoi ?

Je plonge mon regard dans ses saphirs, puis lui souris instinctivement. Je ne peux pas lui dire ce qu'il s'est passé à la patinoire le week-end dernier.

Et Scott ne m'adresse ne serait-ce qu'un regard. Rarement sont les fois ou je le croise.

Je crois qu'il m'évite ce qui est tout à fait légitime.

Shawn et au courant, les mafieux ne m'en veulent pas, au contraire, j'ai l'impression qu'ils sont de plus en plus gentils avec moi, on rit, on s'amuse dans la piscine et quelques fois ont désobéi à Richard. Le pauvre, il doit en avoir marre de nous.

J'ai l'impression qu'ils veulent me faire oublier la mort de James. Mais ça m'est impossible. Il était mon demi-frère, comment pourrais-je un jour tourner la page et passer à autre chose ? Comment pourrais-je oublier une chose pareille ?

— Allô la terre ? fit Justine en passant sa main face à mon visage.

Je secoue la tête puis tombe dans ses bras, et la serre.

Je crois qu'elle a besoin de parler elle aussi. Qu'elle a besoin de compagnie, maintenant que ses frères ne sont plus chez elle. Elle doit se sentir seul, même si Paméla passe la plupart de son temps avec elle. L'amour fraternel est tout de même important.

— T'es sûr que ça va ? demande-t-elle en entourant mon corps de ses bras.

— Ça va mieux maintenant, dis-je un sourire aux lèvres.

Elle ricana, puis déposa sa tête sur mon épaule.

— Nos étreintes m'avaient manqué, dit-elle en un souffle. Faudrait juste faire attention que Paméla ne nous voit pas. Sinon elle risquerait de piquer sa crise de jalousie.

Je ricane, puis me défais de notre étreinte.

— Tu m'étonnes, je serais jalouse d'avoir une petite amie incroyable qui partage ses câlins à ses amis !

Elle pencha sa tête flattée, puis me donna un coup d'épaule.

— Aller ! Je te laisse, je dois aller voir Paméla à la patinoire. T'es sûr que tu ne veux pas y aller ?

J'acquiesce, puis elle partit, le sourire aux lèvres.

Je range à mon tour mes livres dans mon casier, empoigne mon skate, puis sors de l'université, emmitouflée dans ma doudoune tant il fait froid, direction la villa.

Ce week-end, c'est Noël, et je crains ce moment, non pas pour les festivités, mais pour les cadeaux.

J'ai mon cadeau pour les mafieux. C'est un médiator en métal, gravé « Un sentiment affectif et réciproque » avec le symbole de l'amitié en dessous.
Je me suis peut-être emballé pour le coup, mais je ne sais pas pourquoi je les considère comme des amis à présent.

Ne vous en fait pas, j'en ai fait aussi pour Shawn et Justine. Tous mes amis méritent d'en avoir. Bien entendu, j'en ai un. Car il fallait un prototype avant de les faire à la perfection.
Avec mes gros pulls et mes cols roulés, je le cache en dessous. La seule chose que j'espère, c'est qu'ils ne m'ont pas fait de cadeau.

Pour être honnête, avec tout ce qui m'est arrivé et tout le mal que j'ai pu faire cette année, j'espère qu'ils ne m'ont pas fait de cadeau. Je ne le mérite pas.