Nil Midén : tome 1

Prologue

Cher Papa, Richard, comme je peux parfois t'appeler. Voire même chaque fois.

Pourquoi maintenant, tu me diras ? Parce qu'il est trop tard. Et que je me rends compte de ta réelle importance seulement quand tu m'es perdu.

Je suis désolé. Pour tout. Les pardons n'ont pas lieu d'être avec tout ce que tu as pu me faire vivre, mais je persiste à croire que tu étais déjà atteint dans ces moments.
Après tout, tu avais une bonne raison. Je t'ai retiré, ton être le plus cher contre ma futile vie. Je t'ai exhibé son portrait craché à chaque regard que tu me lançais.
J'ai hérité de son visage jovial en lui donnant un air glacial, alors à toi de souffrir à présent.

Je t'ai fait vivre un enfer sur terre, alors même que tu le vivras sous terre. J'en suis navrée.

Mais le destin en a décidé autrement. Tes activités t'ont menées à une fatalité inévitable. Tout comme elles va me mener à la mienne que je sens murmurer tout près de mon oreille chaque nuit.

Nombreux sont mes regrets, mais nombreux sont tes secrets.

Je le savais. Que tu m'aimais. Je le sentais. C'est pour ça que je n'ai jamais osé appuyer sur cette détente. Qu'elle soit face à ton crâne, ou bien face à ma tempe.
J'ai ce qui s'appelle, continué à espérer, et je me suis rendu compte de sa réelle importance au fur et à mesure que je vivais mes chapitres. Jamais je n'ai pu tourner la page, mais en revanche, j'ai pu changer de chapitre. L'espoir me fait vivre.

L'espoir me fait croire que je te verrai encore dans ton bureau si j'ouvre cette porte.

J'aurais aimé vivre des moments joyeux. J'aurais aimé créer nos souvenirs. Mais je n'en ai aucun chapitre. Dans chacun d'eux, tu es absent, ou alors nocif.

Je ne te regrette pas papa. Au contraire, je suis chanceuse de t'avoir eu. Tu as été une leçon de vie. Tu as été un héros, et tu as été mon dernier chapitre.

Je crois qu'il est temps. Temps de tourner la page. Mais vais-je pouvoir le faire ? J'en doute. Car comme un dicton le définis à la perfection « Tel père, telle fille », je ne pourrais me résoudre à tourner la page tant que je ne l'aurais pas retrouvé.

Je n'ai pas besoin de te décrire mon dernier chapitre, il fut l'un des plus durs et atroce à vivre. Que de violence et de sang.
Après tous, c'est ton monde. Où que l'on aille, il nous suivra jusqu'au bout, la faucheuse à nos talons, prête à nous attraper à tout moment.

Mais tu m'as légué ce monde. Rien que pour toi, je le vivrais et le rendrais radieux, n'ayant pas une faucheuse aux talons, mais un ange. Mon ange gardien. Un à chaque talon.

Je me porterai bien papa. Je ne t'oublierai pas. Personne ne pourra te remplacer, tu es unique, vous êtes unique.

Te voilà enfin libre, prêt à revoir ton être le plus cher après vingt ans d'absence. Voilà un beau cadeau.

Merci papa.

Adieu,
Nil.