Chapitre vingt-et-un

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La joue qui me picote, je lève la tête au ciel, puis observe les étoiles ravalant mes larmes.

Pourquoi autant de violence alors que je viens seulement d'empêcher sa petite fille de se faire écraser par une voiture.
Une putain de voiture qui n'a même pas pris la peine de s'arrêter et qui a, au passage, détruit mon skate.

Je rabaisse la tête face à moi, ramasse mon skate brisé en deux, ainsi que mon sac plastique comportant mes outils de dessins.
Fort, heureusement, il n'a rien, lui.

Je continue ma route, comme si rien ne c'était passé, mon skate dans la main.

La brise fraîche frappa mes jambes, qui, elle vinrent subitement me brûler. Je baisse alors la tête sur celle-ci puis découvre mes genoux écorchés.

- Diantre, dis-je en relevant brutalement la tête.

Prise de colère, je jette mon sac plastique ainsi que mon skate face à moi, et me tourne vers la barrière nous séparent du vide, elle et moi.

Face à moi, se trouve une falaise, où la mer se déchaîne contre elle.
Je m'appuie contre cette rambarde puis croise mes bras et rentre ma tête à l'intérieur, épuisé.

Épuisé, que l'on me traite comme une sombre merde. Comme un objet de défouloir, ou encore, comme une éponge que l'on peut utiliser à tout-va.
Je n'ai rien contre Justine, au contraire, je l'aime beaucoup. Mais le reste. Je crois que je ne pourrais supporter une seconde de plus.

Que se passera-t-il si Richard me voit à la maison ?
Me frappera-t-il comme chaque fois ? Maintenant, qu'il sait pour mon overdose. Il ne me pardonnera jamais.

Je ne crois pas pouvoir survivre une seconde de plus, suite à ses coups incessant sur moi. C'est si dur. Si dur de supporter ses coups. Mais encore plus dur, de voir son propre père qui vous frappe. De voir l'homme avec qui notre mère a voulu faire un enfant. De voir dans ses yeux emplis de haine, du dégoût.

C'est si dur.

Je relève ma tête face à l'océan, et crois ne plus pouvoir retenir mes larmes. Je ne tiens une seconde fois la promesse que je me suis faite. Ne pas pleurer en dehors du cimetière.
Quoi qu'il n'est pas très loin. Mais je crains de n'avoir pas le temps d'arriver avant qu'elles ne s'échappent de mes joues.

Je m'assis au sol, m'appuyant contre la rambarde, puis rassemble mes jambes que j'entoure de mes bras.

Une larme s'échappa, puis ruissela le long de ma joue.

Ce n'est pas moi qui pleure. Ce ne sont simplement les conséquences de l'overdose. Oui. Ça doit être ça.
Si seulement.

Je ferme les paupières, puis essuie d'un revers de manche ma larme vagabonde. Je n'ai laissé couler seulement une larme.

Je me relève brusquement, attrape mes affaires au sol, puis déguerpis direction la villa.

J'arrive enfin à la villa, puis jette mes affaires par-dessus le balcon et m'apprête à grimper quand une voix rauque m'arrêta dans mon élan.

Je me tourne puis découvre Darren, la tête penchée, quelque peu confus.

- Tu étais où toute la journée ?

Je plonge mon regard dans le sien, puis réponds :

- Je me suis promené sur la plage, puis j'ai fait quelques boutiques, dis-je un léger sourire aux lèvres.

Il acquiesce, puis tend le bras vers la porte d'entrée.

- Habituellement, quand on entre dans une maison, on utilise la porte d'entrée, après je ne sais pas toi, mais moi, c'est ce que je fais.

Nil Midén : tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant