Nil Midén : tome 1

Chapitre seize

J'attends dans le noir, dans le froid, sans aucune force. Shawn ne m'a pas répondu. Je l'ai appelé trois fois, envoyé une dizaine de messages, mais rien.

Les paupières lourdes, je lutte contre la fatigue.
Quand mon téléphone vibra dans ma main.
Justine.
Je réponds inconsciemment.

- Nel !! Où es-tu ? Est-ce que tout va bien ? Curtis m'a prévenu de ce qu'il s'est passé. Je t'en prie parle-moi ! Réponds-moi !

Je l'écoute, sans pouvoir former, ne serait-ce qu'une phrase. La force m'a quitté à l'instant même où je suis sortie de cette villa.

- Nel... Les etoiles profuses de passion et d'harmonie. Elle ne sont que représentative de chaque décès. Nous sommes donc ces individus existentiels oubliés et éperdus d'affection. Pourtant, les étoiles ne cessent de scintiller et de nous prouver que nous ne sommes pas un individu, mais un être débordant d'affection, d'amour et de passion pour autrui. Je suis là, Nel. Et je serais là quoiqu'il arrive. La première étoile que nous rencontrons sera l'étincelle qui fera illuminer la flamme qui est en nous.

J'écoute.
Seulement.
Prends en compte, absorbe ses mots. Je comprends. C'est donc ce qui me fait l'apprécier encore plus. C'est ce qui me fait l'aimer.

- Merci, réussis-je à dire.

- Je t'en pri-

Silence.

- Allô ? Justine ?

Je soupire, puis range mon téléphone. J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé.

Quand des bruits de pas se rapprochèrent subitement de moi. Je fourre ma tête entre mes bras, sentant mes paupières lourdes.

- Nidén ? C'est toi ?

Je lève brusquement la tête, plisse les yeux et découvre Scott, accroupi face à moi. Il déposa délicatement ses mains sur mes genoux, puis me dévisagea perturbé.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je soupire épuisé, puis réponds :

- Je ne sais pas. Je suis perdu, je ne sais plus à qui faire confiance. Si mon meilleur ami s'avère être vraiment mon meilleur ami ?

Il acquiesce, se lève, puis m'aide à me lever.

- Tu veux rentrer chez toi ?

- Non.

Nous marchâmes, direction sa voiture, puis il m'emmena chez lui. Là où tout a commencé.
Mon premier amour, mon premier cœur brisé, la drogue puis les conséquences de mes pertes de mémoire, la fatigue, les pertes d'équilibre.

Tout.

Nous roulâmes doucement, dans la pénombre. J'observe le paysage résistant à la tentation de sombrer dans le sommeil. Mais mes paupières s'avèrent être plus coriace que mon esprit.

Je ferme délicatement les paupières. Juste quelques secondes. Ou quelques minutes. Seulement quelques minutes.

- Nidén ! Ce n'est pas le moment de dormir. Souviens-toi, quand on prend trop de drogue et que l'on sombre dans le sommeil, on a plus de risque de faire une overdose ou un arrêt cardiaque. Alors ce n'est pas le moment de jouer avec le feu.

Joli jeu de mots. Même s'il ignore tous. J'ouvre les paupières, puis soupire tout en tremblotant.

- T'as froid ?

- Non je meurs de chaud !

Il sourit, puis me lance son pull, que j'enfile sans attendre.

- Il paraît qu'il y a des hommes qui vivent chez toi. C'est vrai ?