Nil Midén : tome 1

Chapitre vingt-sept

Assise en tailleur sur mon balcon, je contemple le lever du soleil à sept heures du matin. Avec un mal de tête incessant et constant.

La journée d'hier fut très mouvementée. Et la pire que j'ai vécue jusqu'ici.
Même avec tout ce que Richard m'a fait subir, elle fut difficile.

La nuit fut aussi agitée, Lilith n'a pas arrêté de hanter mon esprit, de me convaincre qu'avoir tué James était une bonne chose, parce que je culpabilise.

Jamais je n'aurais cru tuer un jour. Jamais je n'aurais pensé que cela m'affecterais, parce qu'avant que je ne rencontre les mafieux, mon souhait le plus cher était de tuer Richard.

Mon esprit était aussi froid, morne et sans vie. Et je pense que si je l'avais tué, cela ne m'aurais pas tant impacté que maintenant.

Mais par je ne sais quel miracle, si l'on peut appeler ça un miracle, je me suis ouverte, et à présent, je ressens mes émotions plus intimement qu'autrefois.

C'est pour ça que j'apprécie les mafieux. Ils m'ont changé, en bien. Ils m'ont fait découvrir la personne qui se cachait en moi. Ils m'ont fait découvrir des émotions qui m'étaient encore inconnues jusqu'ici. C'est pour cela que je veux les remercier.

Mais voilà qu'ils se sacrifient pour moi. Et voilà que je ressens de la culpabilité, du chagrin.

Parce que certains en ressortent avec des blessures profondes. Qu'elles soient externe ou interne, elle font souffrir et resteront à jamais gravé au plus profond de notre être.
La douleur.

Je ferme quelques secondes les paupières, puis laisse le soleil me chatouiller le visage, suivis de sa douce brise faisant ondoyer mes cheveux bruns.

Je crois que mon don que James m'a volé, a disparu de son corps. De son être. Je crois qu'il ne reste plus rien. Tout est fini à présent.

Seul cet être délétère m'offre des pouvoirs. Des pouvoirs nocifs pour moi, et pour mon entou-rage. Diantre, mais pourquoi a-t-il fallu que je me fasse percuter par un démon !?

Je ne suis pas un démon Nil...

- Et c'est reparti ! marmonnais-je.

Je suis un succube à présent. Mais autrefois, jetais une femme absolument divine, raffinée et élégante. J'étais la plus belle femme des cieux, mais surtout, la première femme des cieux et la première femme d'Adam.

- Quoi ?! dis-je surprise en me redressant.

Ça te surprend, pas vrai ? Dieu m'a donné pour Adam. Mais je ne voulais pas me soumettre à lui. Pourquoi une femme devrait se soumettre aux désirs d'un homme ? J'ai mes propres droits et Dieu m'a banni des cieux en m'envoyant aux enfers. Il m'a transformé en un succube comme punition, et son très cher fils, Belzébuth, m'a donné la malédiction de tuer tous nouveau-nées voulant arriver dans ce monde.

- Alors tu détestes Belzébuth ?

- Autrefois... Oui, dit-elle en apparaissant devant moi, sous cette facette de monstre.

Les yeux aussi noirs que les abysses, la peau mornes et grisâtre, et les cheveux noirs.

- Je le haïssais pour ce qu'il m'avait fait, cette malédiction qu'il m'a donné. Mais au fur et à mesure que je le haïssais, j'ai commencé à tomber éperdument amoureuse de lui. Nous avons transformé les enfers en paradis. Notre paradis.

- Mais comment es-tu entré dans le monde des humains ? demandais-je curieuse.

Elle redressa le menton, puis effaça toute émotion joviale de son visage.