Nil Midén : tome 1

Chapitre huit

Tout en rentrant, je repense à notre discussion que nous avons eue Justine et moi. Elle paraît être une bonne fille. Je pourrais peut-être me faire confiance, et lui faire confiance. Je pourrais peut-être me laisser aller cette fois. Peut-être que j'en vaux la peine.

J'arrive dans l'allée, puis prends mon skate sous mon bras, que je dépose à l'entrée.

J'entre, puis me dirige vers le bureau de Richard, à contrecœur. Il faut que l'on parle. En particulier d'une chose. La fatigue persiste, mais je tiens bon. Je ne dois pas me laisser aller.

J'entre dans son bureau, puis le découvre assis sur son fauteuil face à son bureau. Il est assez grand son bureau, dans les tons sombre, acajou.

À gauche de l'entrée, il y a une table basse en verre entourée de canapé en cuir noir, tandis qu'à gauche, il y a une bibliothèque prenant toute la longueur des murs.

Il lève la tête, nos regards se croisèrent, puis il fronce les sourcils, son regard m'assassine, ses traits tirés, la mâchoire serrée ainsi que ses poings.

Il se lève brusquement, puis se dirige vers moi à grande enjambé, réduisant l'espace entre nous. Il s'arrêta face à moi, lève la main, puis me gifle la joue d'une telle violence que je me rattrape au mur, derrière moi.

Bon sang ! Ses coups ne m'avaient pas manqué.

Je me redresse et lui fait face. Il relève la main prêt à me frapper quand je l'interrompis.

- J'ai mal à la tête ! cris-je en fermant les yeux.

Silence. Je rouvre les yeux peu certaine, puis le vois les mains dans les poches, à me fixer avec mépris.

Il n'a que faire de ce que je ressens, pourquoi s'inquiéterait-il de mon mal-être ?

- Qu'as-tu fait ? demande-t-il les dents serrées.

Je plonge mon regard dans ses obsidiennes. Mon corps se crispe, puis je pose cette fameuse question qui me taraude l'esprit depuis ce soir-là.

- Pourquoi m'as-tu étranglé ? demandais-je, redoutant sa réponse.

Dans tous les cas, elle va me blesser.

Il ricane, puis sort une main de sa poche et effleure de ses doigts ma plaie au cou.

- Pour te tuer bien sûr, dit-il calmement.

Douche froide. Mais pourquoi veut-il me tuer ?! Question absurde. Je comprends tout à fait son acharnement contre moi. Je n'ai plus qu'à assumer et subir les conséquences de mes actes.

- Qu'est-ce que je suis ? continuais-je à demander, ignorant sa réponse.

Il retira brusquement sa main, puis me fusille du regard. Je vois que ce qui m'est arrivé ce soir-là ne lui est pas passé inaperçu. Tous comme moi d'ailleurs.

Il soupire bruyamment, puis lève la main et me gifle une seconde fois. Ma tête pivote à droite. Je la remets subitement face à moi et lève à mon tour le bras, prête à le frapper, quand il l'intercepta.

J'essaie tant bien que mal de le retirer, mais en vain. Alors je lève le second et le frappe si vite qu'il n'eut le temps de l'intercepter.

Surpris, il lâche mon bras, j'en profite pour me diriger vers la sortie en courant, mais il me rattrapa et je sentis mon corps se propulser vers ma droite, atterrissant sur cette table basse en verre, qui se brisa par la même occasion.

Une vive douleur me cilla la joue, mais je n'eus le temps de me relever qu'il empoigna mon bras et me leva sans exercer le moindre effort.

Il avance son visage du mien et plonge son regard noir de haine dans le mien.