72 Roseline : Secrets bien gardés (partie 2)

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Pas totalement contrôlée par ma crise de panique, mon premier réflexe fut d'ériger un bouclier mental avec Andrew afin de le protéger.

Mon deuxième réflexe fut de m'asseoir sur le siège en face d'Andrew de l'autre côté de lui, mes jambes menaçant de me lâcher.

En tout, cela prit quelques secondes. Ces quelques secondes furent suffisantes à Andrew pour qu'il se rende compte que ça n'allait pas du tout, et qu'il contourne son bureau afin de s'agenouiller devant moi, et de pouvoir chercher mon regard fuyant.

Je le voyais à peine, et je ne l'entendais presque pas. Mon sang battait à mes tempes, et mon cerveau était trop concentré sur ma respiration pour que j'ai pleinement accès à mes autres sens.

- Respire Roseline, respire !

Enfin, après ce qu'il me parut une éternité, ma respiration se calma, ma vision redevint claire et j'entendis à nouveau normalement.

Je plantais alors mon regard dans celui vraiment inquiet du Loup.

Il ne reprit pas la parole, il se contenta de me regarder comme si j'étais un objet fragile qui allait se casser en mille morceaux si on me bousculait.

Je détestais le fait qu'il s'inquiète autant pour moi. Non, je ne détestais pas ça, ça me brisait le cur. Depuis que j'avais rencontré Matt, Andrew est seulement la deuxième personne que je laissais vraiment entrer dans ma vie. Et encore, il ne savait pas tout. Mais d'un autre côté, Matt ne m'avais jamais vue aussi vulnérable, il savait juste que je pouvais l'être par moment.

Des fois, j'aimerais qu'Andrew ne sache rien de mon passé, ou que je puisse effacer ma mémoire pour être une personne normale et pas quelqu'un qui doit porter toute cette souffrance, souffrances que j'ai accumulées au cours de mon enfance chez Lucas et au sein de la Communauté

- Tu le connais, n'est-ce pas ? Demanda doucement Andrew, comme s'il avait peur que parler plus fort ne me provoque une nouvelle crise.

Dire non ne servait à rien, je n'aurais pas eu cette réaction si je ne connaissais pas Oscar. Je le savais et Andrew le savait aussi. Il ne posait pas la question parce qu'il ne savait pas si je le connaissais ou pas, la réelle question qu'il venait de me poser, c'était "d'où tu le connais ?"

Et je ne savais pas si j'étais prête à lui révéler ce qui allait avec le fait que je connaisse Oscar.

- Oui. Avouais-je alors.

Andrew se releva, et prit appui sur son bureau avec ses mains, toujours en me regardant.

Cette fois, c'est moi qui baissa les yeux vers mes mains, l'une d'elle triturant l'ourlet de ma mache par nervosité. Un semblant de flashback m'apparut et mes mains se teintèrent de sang pendant quelques secondes avant que je ne cligne des yeux, faisant disparaître l'image.

Puis, sans prévenir, le loup se redressa brusquement, se pencha vers moi et m'enleva ma veste d'un geste brusque comme si elle était en flammes et la jeta par terre comme on le ferait avec un chiffon sale.

- Mais, qu'est-ce que...

Je m'arrêtais dans ma phrase lorsque je compris pourquoi Andrew avait agit comme il venait de le faire.

Un mince filet de sang maculait mon bras d'un rouge foncé.

"[...]on peut distinctement le voir ranger une dague tâchée de sang dans son sac."

- Tu as camouflé ta douleur. Pourquoi ?

Je levais la tête vers lui et rencontrais ses yeux noirs qui brillaient d'un éclat de colère mélangé à de l'inquiétude.

- Exactement pour la même raison pour laquelle tu camoufles ta colère maintenant. Parce qu'il est inutile qu'on soit deux à souffrir pour une seule blessure, tiens ! Dis-je, haussant la voix sans m'en rendre compte.

- Quand est-ce que tu comprendras que les âmes-soeurs sont censées tout partager ?! S'écria Andrew, levant la voix à son tour.

A ce rythme-là, Maddie saura tout ce qu'elle veut sans avoir à besoin de m'interroger, elle aura juste à tendre l'oreille.

- Quand tu comprendras que tu n'es pas le seul à vouloir protéger les personnes que tu aimes ! Criais-je presque.

Lorsque je réalisais ce que je venais de dire, je me levais, récupérais ma veste qui traînait sur le sol et laissa Andrew en plan, tout seul dans son bureau.

Je pris quand même soin de remettre ma veste pour cacher la vue de mon bras blessé à Maddie, parce que ce serait vraiment bizarre pour le coup, et me dirigeais à grands pas vers les toilettes de l'étage sans adresser un regard à Maddie, essayant de paraître calme lorsque je passais devant elle.

Je fermais la porte des toilettes des filles à clé derrière moi, avant d'enlever ma veste et de m'approcher du lavabo, serviettes en papier en main.

J'essayais tant bien que mal d'essuyer le sang qui coulait de ma blessure encore ouverte mais le flux ne stoppant pas, j'abandonnai l'idée. A la place, je pris plus de feuilles de papier, originalement faites pour pouvoir s'essuyer les mains, et enroulais mon bras dedans de façon à ce que le papier retienne le sang.

Alors que je frottais mes mains l'une contre l'autre dans l'espoir de faire partir le sang dessus, j'entendis toquer à la porte des toilettes où je me trouvais.

Je me figeais sur place, espérant que ce ne soit pas Maddie, lorsque je reconnus la voix de Dylan.
- Roseline, est-ce que je peux entrer ?

Je me demandais si Maddie n'allait pas trouver extrêmement bizarre si elle voyait son boss rentrer dans les toilettes des filles avec sa collègue, mais Dylan m'informa qu'il avait envoyer Maddie chez elle, et par conséquent, qu'il n'y avait plus que Andrew, lui, et moi dans l'étage.

Je me décidais alors à lui ouvrir la porte après avoir remis la pièce dans son état original.

Dylan affichait un petit air triste, lui aussi affecté par ma dispute avec Andrew.

- Vous avez tous les deux un fort caractère, il va falloir que vous appreniez tous les deux à régler vos problèmes autrement qu'en vous criant dessus pour savoir qui va crier le plus fort. Me dit Dylan, à moitié en rigolant, à moitié sérieusement.

Je baissais les yeux vers le sol, ayant un peu honte que Andrew et moi ne sachions pas régler nos problèmes calmement, sans que quelqu'un d'autre ne doive s'en mêler.

Dylan fit une tête compatissante, puis s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras.
- Ne t'inquiète pas petite chauve-souris, je suis sûr que Andrew et toi vous allez vite trouver une solution. Ajouta t-il.

Les yeux fixés sur la porte des toilettes toujours ouverte, je compris qu'il allait falloir que je dise tout à Andrew, parce que c'était peut-être le seul moyen pour qu'il me comprenne mieux et qu'on parvienne à mieux s'entendre.

En parlant du Loup, je le vis arriver dans l'encadrement de la porte alors que Dylan me relâchait. Le bêta me sourit et sortit, me laissant seule avec l'Alpha, maintenant appuyé sur le chambranle de la porte, avec les bras croisés sur son torse, un air désolé affiché sur son visage.

L'heure des explications avait sonné.

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Vous noterez, j'espère que je n'ai jamais publié 3 chapitres en une semaine, et qu'on tient désormais un record !

Naomystery2345.

La Rose et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant