89 Roseline : Délivrance

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Il y avait un sifflement dans mes oreilles. Je n'entendais rien d'autre. Juste ce sifflement incessant, brutal, qui me donnait un mal de crâne insupportable.

Bientôt, je toussais, je ne sais pas pour quelle raison. Mon corps essayait d'éliminer quelque chose qui s'infiltrait dans mes poumons en grande quantité, et rapidement.

Sur mes lèvres, le goût cuivré de mon sang. Dans ma bouche aussi, j'avais l'impression d'être en train de boire mon propre sang. Je voulais cracher mais je toussais à la place.

Non. Je suffoquais. Je pouvais à peine respirer.

Respirer. Par le nez : impossible, une odeur de chair brûlée et un liquide chaud qui coule de mes narines m'en empêche.

Je sentais du froid sur ma peau nue. Aussi froid que si j'étais dans un frigo. Mais je n'étais pas dans un frigo. Une petite voix dans le coin de ma tête me disait que c'était ridicule comme idée.

Un tremblement aussi. Je tremblais ? Le sol tremblait ? Non, c'est impossible que le sol tremble me dit la petite voix.

Soudain la panique me submerge. Je ne vois rien. La petite voix me dit que ce n'est pas normal.

Du chaud. Quelque chose de chaud derrière moi. Non. Devant ? Je ne sais pas. Partout ? Tout est chaud.

Je ne sais pas !

JE NE SAIS PAS !

- ROSELINE !!

La voix semble désespérée. Elle appelle quelqu'un en boucle. Encore et encore le même prénom.

Roseline. Roseline. Roseline.

Attends. Roseline...

Roseline.

C'est moi.

Des mains m'attrapent. Je suis tirée loin de la chaleur.

J'ai froid de nouveau.

On me porte. La personne qui me porte court. Je suis secouée dans tous les sens.

Soudain, un vent glacial balaie mes cheveux sur mon visage.

J'arrête de tousser, de l'air froid passe dans mes poumons. Je peux respirer de nouveau.

Le sifflement disparaît, ainsi que l'odeur de chair brûlée, pour laisser place au bruit du moteur d'une voiture et à un parfum qui m'est vaguement familier mais je n'arrive pas à placer un nom dessus.

Je parviens enfin à ouvrir les yeux, mais je ne vois que les jambes de la personne qui conduit. Je suis allongée à l'arrière d'une voiture qui roule, assez vite.

Je n'ai pas assez de forces pour me redresser et regarder le visage de la personne qui conduit alors je ferme les yeux de nouveau.

Puis l'évidence me frappe. Qui viendrait me sauver ? Il y a quelques mois je n'aurais probablement pas eu de nom qui me saute à l'esprit mais aujourd'hui oui. Plusieurs noms. Plusieurs noms, mais un seul aussi important.

- Andrew ? Dis-je d'une voix rocailleuse, abîmée à cause de toute la fumée que j'ai avalée.

- Je suis désolé Roseline, Andrew n'est pas là.

Dylan

Je tourne la tête pour regarder à travers le pare-brise. Le paysage défile trop vite pour mes yeux fatigués.

Je suis réveillée par le bruit d'une portière qui s'ouvre et je réalise que la voiture est arrêtée et que le conducteur est sorti. Ce dernier m'attrape et me porte vers un petit avion. Un jet privé je crois.

Je m'accroche de toutes mes forces restantes à Dylan lorsqu'il monte les marches en vacillant. La porte de l'avion se referme derrière nous, et les moteurs se mettent en route presque aussitôt.

Je suis posée sur une banquette confortable.

- Andrew ? Appelle Dylan, haletant.

- Dylan ? Répond une voix dans une autre pièce.

Andrew

Mon âme-soeur

La voix de l'homme que je meurs de revoir.

La porte en bois est ouverte d'un coup de pied par Andrew qui supporte Matt, qui a l'air bien amoché.

Andrew passe délicatement Matt à Dylan puis se précipite vers moi. Il s'accroupit à côté de moi afin que son visage soit à la hauteur du mien et plonge son regard dans le mien.

Lorsque nos yeux se croisent, j'ai l'impression de revivre tous les moments qu'on a passés ensemble depuis notre rencontre dans ce lycée de merde. J'ai l'impression de renaître. Du moins mentalement.

- Roseline...M'appelle t-il.

Je n'ose pas prononcer son nom. J'ai la peur irrationnelle que tout ceci n'est qu'une illusion. Que tout ce que je vois est une image envoyée par mon cerveau, perturbé par la drogue, la douleur, le manque de nourriture, d'eau, et la perte de sang.

Tout ce que je suis en train de vivre en cet instant précis n'est peut-être qu'un autre jeu tordu du Second d'Oscar.

Mon coeur accélère, penser que je puisse toujours être dans la cave me terrifie. A tout moment, l'hallucination prendra fin et je me retrouverai de nouveau seule, enchaînée au mur, j'aurais de nouveau froid, j'aurais de nouveau mal, puis il reviendra avec ses instruments et il recommencera et...

- C'est moi, je suis là, je suis là pour de vrai. C'est fini maintenant, on rentre à la maison. Dit Andrew.

Il semble chercher ses mots, il ne sait pas, il ne comprends pas pourquoi j'ai peur, mais il le ressent.

- N'aie pas peur. N'aie plus peur. Tu es en sécurité maintenant Roseline. Je suis là.

Je suis là.

Je suis là.

Je suis là moi aussi.

Lorsque ses mains me recouvrent d'une couverture puis écartent les cheveux qui me barrent le visage pour prendre ma tête dans ses mains et déposer un baiser sur le dessus de mon crane, je sais que je n'hallucine pas.

Dans toutes mes hallucinations, c'est toujours au moment où il allait me toucher que je me réveillais.

Sauf que là je ne me réveille pas.

Je ne me suis pas réveillée.

Non.

Je me suis endormie.

J'ai enfin retrouver ma liberté.

Je peux désormais dormir en paix.

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FIN

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Je blague, évidemment, bien sûr il reste l'épilogue.

Naomystery2345.

La Rose et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant