La Rose et le Loup

83 Lucas : La résurrection de Roseline

Roseline venait de s'évanouir. Je pouvais le sentir à la façon dont son corps était tout mou dans mes bras. 

Je la serrais un peu plus fort contre moi pour qu'elle ne me glisse pas entre les doigts, et levai la tête de son cou, m'accordant une pause avant de reprendre le processus qui allait la tuer. 

Mon souffle n'était que des respirations saccadées, j'avais l'impression d'avoir couru pendant des heures. Du sang coulait de mes lèvres sur le cou de Roseline, aussi je passa ma langue dessus pour éviter que plus de sang ne tâche sa peau claire. 

- Lucas ? Tu as fini ? demanda Lise, d'une voix qui me parut beaucoup plus lointaine de ce qu'elle n'était vraiment. 

Je n'avais qu'une envie, c'était de finir cette torture le plus vite possible pour pouvoir m'enfermer avec mon âme-soeur dans sa maison au bord du lac, et enfin renouveler notre connexion. Je lui avais promis qu'aussitôt que tout ce merdier serait fini, je serai tout à elle. Et elle tout à moi.

- Non, pas encore. 

Apparemment, tuer sa fille était plus dur que ce que je pensais. Je savais que ce ne serait que temporaire, mais je ne pouvais m'empêcher de douter de ma solution. Je savais que ça allait marcher, évidemment, sinon jamais je n'aurais procédé à une telle manoeuvre. Mais c'était dur. 

De plus, le fait que son sang ait un goût aussi bon me dégoûtait alors que cela aurait dû m'aider à boire son liquide vital plus vite. 

Je pris une grande inspiration pour me calmer, je ne pouvais pas me permettre de la laisser dans un état aussi vulnérable. Il fallait que je finisse au plus vite. 

Je fermais les yeux, ralentit ma respiration, vida mon esprit de tous mes doutes et questions, puis je plongeai mes canines dans les deux trous que j'avais déjà fait.

Au bout d'un long moment qui me parut des heures et des heures d'aspiration, je n'arrivais plus à récolter de sang. C'était la fin. Roseline était officiellement vidée de son sang. 

Je mis en route la transfusion le plus vite que je pus, et relâchai un soupir de soulagement lorsque je vis mon sang être transféré dans le corps de Roseline. 

- J'ai fini. Dis-je avant de me lever du canapé pour y déposer Roseline, inconsciente et pâle comme la mort. 

Un vertige me prit et je m'asseya à même le sol, mon regard sur le corps de ma fille. 

Je détestai de la voir comme ça. SI faible. Si...morte. 

Dylan et Lise s'approchèrent du canapé et regardèrent la forme inconsciente de Roseline.

- Elle à l'air...

Lise ne finit jamais sa phrase. Ses traits étaient déformés en une grimace de douleur émotionnelle et d'horreur. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, je ressentais exactement la même chose. 

- Morte. Finit le loup à sa place, laissant un silence de mort s'installer entre nous.

On la regardait tous les trois. D'un point de vue extérieur, cela pourrait avoir l'air d'une exposition d'art, la vérité c'était que la vision de Roseline était si morbide que nous n'arrivions pas à détacher le regard de son corps.

Lorsque le téléphone de Dylan sonna dans sa poche, on sursauta tous comme un seul homme. 

Le loup sortit l'objet de sa poche et s'éloigna de quelques pas avant de prendre l'appel, collant le téléphone à son oreille alors qu'il l'entendrait même si le volume était au plus bas et à l'autre bout de la pièce.