La Rose et le Loup

30 Lucas : Prise de conscience

Depuis que j'avais tout dit sur mon histoire, ma vie, Roseline ne m'avait rien répondu de plus qu'un simple "ok". Je ne savais pas si elle me croyait alors que je venais pourtant de lui dire le plus grand secret de mon existence.

Lorsque j'avais ramené ma fille chez moi, je pensais que c'était ma nièce.

Lorsque j'avais commencé à la frapper, en colère contre mon frère, c'était lui que je voyais à sa place.

Lorsqu'elle me parlait j'avais l'impression d'entendre la voix de Lyse.

Chaque jour, je me disais que ce n'était qu'une enfant.

Chaque jour, je me disais que ce que je faisais était mal.

Chaque jour, j'avais l'impression de me venger sur elle.

Dans chaque cauchemar, Roseline finissait par mourir à cause de moi.

Dans chaque cauchemar, Roseline finissait par m'en vouloir au point de me tuer.

Dans chaque cauchemar, Roseline me haïssait ce que je pouvais comprendre.

Chaque fois que je la voyais, je voyais Lyse, Lyse que j'aimais tant. Lyse qui m'avait trompé. Lyse qui m'avait trahie. Lyse qui ne m'avait pas fait confiance.

Au final, elle avait été victime des manipulations de mon propre frère jumeau.

Au final, je faisais souffrir ma propre fille alors que j'étais devenu complètement fou.

Des l'instant où je croisais ses yeux ambrés, mon cerveau était en pause, comme arrêté. Je ne réfléchissais plus et je n'avais qu'une idée en tête : la faire souffrir comme ils m'avaient tous fait souffrir.

Mais le jour où cet analyste a fait cette comparaison génétique. Ce test irréversible. Ce jour où j'ai compris que même à des kilomètres de chez moi, mon frère m'avait menti et manipulé, mon cerveau a commencé à refonctionner pour la première fois depuis des années.

Ma conscience, ce jour là avait voulu que je m'excuse auprès de ma fille, de mon sang. Mais...comment aurait-elle pu pardonner tout le mal que je lui avait inconsciemment fait ?

Impossible. c'était tout simplement impardonnable.

Que ce soit mes mots, mes actes, mes pensées, rien ne pouvait justifier toutes ces années pendant lesquelles je l'avais enfermée comme un animal, toutes ces années où je l'avais frappé comme un punching-ball, toutes ces années où je l'avais poussé à tuer comme un monstre alors que rien que l'idée d'ôter la vie de quelqu'un me répugnait...

J'etais un être infâme, un vampire fou et cruel, à l'âme torturée et au cœur brisé.

Aujourd'hui, je n'étais plus qu'une coquille vide, sans émotions, qui vivait au jour le jour, ne sortant que la nuit, ayant honte de se regarder dans un miroir, de voir son propre reflet de meurtrier.

Maître...je voulais simplement que UNE personne, UNE fois dans MA vie, ME respecte.

Et comme tout le reste, j'avais tout foiré. J'avais choisi la pire personne pour assumer ce rôle.

Et aujourd'hui, j'étais seul, au milieu d'une villa trop grande pour moi, vide de chaleur humaine avec une voiture puissante et belle appartenant à un monstre sans pitié et idiot avec un sang froid comme la glace et finalement un cœur de pierre en miettes.

Quel crétin j'étais !

Ca faisait une semaine que j'avais balancé mon "boss" et que je ne faisais plus parti de ce putain de réseau de vampire. Je préférais aujourd'hui la solitude plutôt que de la solidarité des miens que je ne méritais pas.