La Rose et le Loup

36 Roseline : Carapace fissurée

Matt m'avait laissée toute seule dans ma chambre alors que je tentais de vider ma tête de tous ces souvenirs sanglants.

J'allais dans la salle de bain face au lavabo en face du miroir et me passais de l'eau sur le visage. Je fixais mon regard dans la glace en essayant de me rappeler autre chose que des horreurs que j'avais commises.

Mes yeux virèrent au rouge alors que je sentais la colère monter en moi.

Calme-toi, respire... Respire...Respire...

Je comprenais maintenant, pourquoi et comment Lucas avait craqué. Avec l'accumulation des émotions je suis sûre que je pourrais faire un carnage.

Cette merde qu'est devenue ma vie...

Soudain j'entendis un grand fracas et un grand bruit sourd qui provenait d'une des pièces d'à coté. Je décidais d'aller voir ce qui se passait. Le bruit venait du bureau d'Andrew. Oups.

Je rentrais sans toquer. Après tout, vu le bruit qu'il y avait à l'intérieur pas sûre qu'on m'entende frapper à la porte.

Je découvrais le bureau renversé, des papiers partout, des chaises cassées et des dossiers éparpillés partout sur le sol.

Andrew était là, debout, le souffle court, son torse se soulevant et s'abaissant rapidement. Il était dos à moi.

Il se retourna et je croisais un regard rouge glacial qui ne voulait dire qu'une chose "je suis en colère".

Je faisais passer mes yeux au rouge aussi et balançais une aura que je voulais apaisante sur la sienne forte et dominatrice.

Au bout de quelques minutes il finit par se calmer et ses yeux redevinrent normaux.

Je m'apprêtais à partir lorsque j'entendis qu'il ouvrait la bouche.

- Tu me rends fou, putain !

Je me retournais vers lui et sondais son regard. Il m'envoya son aura calme et empreinte de tristesse. Ça me fit mal au cœur comme jamais je ne l'avais senti auparavant. Ce regard...si je ne le connaissais pas je pourrais croire qu'il allait pleurer.

- Pourquoi tu me fuis ? Pourquoi tu fais ça Roseline ? Pourquoi !!!???

Mes yeux se floutèrent un instant.

Il n'est pas Lucas. Il n'a rien à voir avec lui. C'est mon âme-soeur. Il ne me fera jamais de mal. Au contraire il me protégera. Il me protégera du monde entier s'il le fallait.

Je me répétais ça comme un mantra , essayant de combattre mon traumatisme.

Concentrée sur mes mots, je fus surprise lorsque sa main se posa délicatement sous mon menton pour relever ma tête que j'avais inconsciemment baissée.

- Roseline, tu ne vois pas que le lien est en train de me détruire. De nous détruire. Maintenant il te détruit toi aussi. Petit a petit. Et quand on arrivera au point où tu ne pourras plus supporter cette douleur. La douleur que tu as là, dit-il en mettant sa main à l'emplacement de mon coeur. Quand ça arrivera, c'est que ce sera trop tard pour nous. Finit-il.

Il enleva sa main de mon coeur et sa main de mon menton et attrapa les deux côtés de ma tête pour m'obliger à le regarder droit dans les yeux. J'arrivais à lire dans son âme. Mais pas lui. Il ne pouvait pas. Parce que j'avais forgée une carapace. Une carapace en béton. Tellement dure que même moi je n'étais pas sûre de pouvoir un jour la briser. Pourtant quand je le regardais, lui, cet alpha si fort mentalement et puissant... j'étais sûre qu'il y parviendrait.

- Laisse-moi une chance, je t'en supplie...murmura t-il en collant nos fronts.

Mon rythme cardiaque était très rapide, mon coeur s'emballait, la carapace venait de subir un coup. Elle avait une fissure maintenant. Un trou comme dans la couche d'ozone.