CHAPITRE UN

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Les gentilles filles vont au paradis, les mauvaises filles, elles, vont partout.

7:15 • France, PARIS

Alyne

J'arpente les couloirs du campus, ignorant les regards et les murmures sur mon passage. Un bref instant un sourire amusé apparaît sur mon visage pour être rapidement remplacé par mon masque d'éternelle froideur. Je ne leur accorde pas un seul regard et me rend en silence vers les casiers. J'entends brièvement une bride de conversation : « ...Elle est trop cool. » dit l'un, « Moi elle me fait un peu flipper... » Répond l'autre. Une fois mes livres encombrants rangés, je me dirige vers la Planque. Le campus est un terrain limité par les bâtiments collégiens, lycéens et universitaires, le seul endroit se trouvant en dehors du champ des caméras, c'était là : sous les gradins du stade de football. Pour nous, à cet endroit précis, c'est comme si tout était permis. Nous avons perdu la liberté de nous abstenir. Transgresser les (nombreuses) règles de l'établissement est d'ailleurs plus que courant ici. Entant donné que tout ce qu'il se passe à la Planque, reste à la Planque. C'est la seule et unique règle. J'esquive un couple qui échange un baiser particulièrement langoureux et allume une cigarette en allant rejoindre mes deux meilleures amies qui discutent vivement, assissent sur une caisse en bois. Quel choc ça va leur faire de me voir soudainement apparaître. J'en ris déjà.

Nous nous connaissons depuis trois ou quatre ans et nous formons un groupe très fermé. Certes, trois ça fait un petit groupe, mais avant il y avait d'autres membres. Sauf qu'elles ont toutes finit par partir. Les causes les plus fréquentes de leurs disparitions soudaines sont : 1) tout simplement le déménagement, 2) l'expulsion, ou encore 3) envoi dans un centre pour jeunes délinquants. Autant dire que nous ne sommes pas une jolie et gentille petite troupe. Nous sommes synonymes d'abus, d'inconscience et surtout de folie. Malgré tout, on reste unis et nous sommes toujours là l'une pour l'autre.

Dès qu'elles m'aperçurent, elles s'interrompirent immédiatement. Lydia, fit un léger bond élégant pour descendre de la caisse. Cette fille est littéralement une géante, à a peine 19 ans, elle est plus grande que certains mecs. J'ai toujours pensé qu'elle ferait un superbe mannequin. C'est un métier qui pourrait lui plaire. Être le centre de l'attention. Toutefois, elle combine une grâce naturelle et un langage de vieux camionneur. Je pense qu'au fond, elle possède l'élégance d'une femme et le cœur d'un homme. Peu importe l'heure, elle est toujours d'humeur festive, de plus, c'est le genre de personne à se glisser dans le lit de n'importe quel mec. Cependant, celle-ci l'assume totalement. Je trouve ça cool, une fille qui vit pleinement sa sexualité sans se poser de questions et sans avoir peur du regard de la société.

Je me rends alors compte, amusée, que ses cheveux sont dans un état encore plus pitoyable qu'avant. Suite à de nombreuses teintures, en plus d'être sec comme pas possible, ses boucles se sont retrouvées figées entre un brun/noir aux reflets d'une couleur indéterminée. Je constate qu'elle est toujours fringuée de la même manière (elle arbore très souvent le même style de vêtement) une veste en cuir, un tee-shirt blanc arrivant à hauteur de son nombril, laissant entrevoir son piercing argent, un short noir par-dessus une paire de collant déchirés, ainsi qu'une paire de basket délavée.

« Tiens, tiens. Regardez qui est là. Aly fait son comeback ? » Grogne-t-elle, d'humeur mesquine, comme à son habitude.

Sugar se lève alors. Sugar, ce n'est qu'un surnom, son vrai prénom, on ne leconnait pas en fait. Elle n'a jamais voulu le révéler et à vrai dire, ça faitsi longtemps qu'on l'appelle ainsi que nous avons perdu toute curiosité d'apprendreson vrai prénom. Ah, aujourd'hui ses cheveux sont verts. C'est pour le moins... original. Mais ils vont étrangement bien avec sa peau pale. Je crois qu'à l'origine elle est blonde, non à moins que ce soit brune... Je suis incapable de m'en rappeler, elle change de couleur trop souvent. C'est toujours marrant de les voir côte à côte. Elle est un peu à l'opposé de Lydia. Elle a 16 ans, c'est donc la plus petite du groupe. Sugar ressemble à une enfant et sa petite taille, environ 1m50, n'arrange rien. Lydia me lance un regard mauvais tandis que Sugar me sourit gentiment. La petite est particulièrement maigre mais semble moins fatiguée que d'ordinaire. Sous ses yeux clairs, il y a des cernes prononcés. Malgré tout, au moment même où ses yeux se sont posés sur moi, son visage s'est illuminé d'une joie attendrissante. Elle a la même expression qu'un gosse qui découvre le soir de Noël ce cadeau tant attendu. Elle prend une de ses mèches et l'entortille autour de son doigt. Signe qu'elle est anxieuse. Elle porte un jean clair, une paire de ballerines et une chemise légère bleu marine. Elle ressemble à une petite poupée. Le contraste entre nos looks respectifs est toujours saisissant. Je prends une bouffé de cigarette tout en les écoutant.

AlyenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant