Alyen

CHAPITRE VINGT-NEUF

Un Ange va tomber ce soir.

18:46

Lydia

Les vacances d'hiver sont finies, on est déjà en mars, la semaine de bac blanc c'est demain et pour la première fois de ma vie je suis stressée. Malgré cela, je ne suis pas la seule à regretter de ne pas avoir travaillé – ce qui me rassure. Toute la journée, Alyne s'est plainte de tout et n'a fait que râler. Pa contre, Sugar m'a l'air un peu plus tranquille, son bac blanc de français et de science n'est que mercredi et puis, elle au moins a révisé. Mais en plus, de mon stresse se rajoute un deuxième problème : je suis encore un peu en manque. Alyne et Sugar m'ont forcé à arrêter pendant toutes les vacances, mais j'ai encore du mal à ne plus y penser. C'est difficile de ne plus vivre avec quelque chose qui nous permet de supporter le poids de la vie. J'ai été dans un sale état, pas loin de me déscolariser. J'ai beau être une ado perturbée, butée, versatile et peu motivée, mais j'ai au moins assez de cerveau disponible pour décider sereinement, moi-même, de mon avenir. Enfin, j'espère. Heureusement que je n'étais pas dans un stade très avancé de toxicomanie, sinon, je n'aurais jamais pu m'en sortir sans médecins, la simple aide de mes amies n'aurait pas suffi. Ma grand-mère n'est même pas au courant de la situation actuelle. Sinon, hormis ma cure forcée, les vacances se sont bien passés, Alyne, Sugar, Adam, Austin et moi on a passé notre temps à glander, chez l'un puis chez l'autre et on est un peu sortie. Rien de transcendant. En ce qui concerne Luke, Johanna et Nathan, je n'ai pas revu ces trois-là de toute les vacances et on ne se parle absolument plus – ce qui n'est peut-être pas plus mal.

Également, je suis assez déçue, j'ai essayé de contacter Cassandra mais elle est injoignable et lorsque je suis passée à son appartement il n'y avait personne, il était entièrement vide. J'aurais bien aimé la revoir une fois. Au moins pour lui dire merci – merci de m'avoir permis de regarder en face qui j'étais réellement.

22:38

Alyne

La semaine de bac blanc est officiellement terminée ! Pour fêter ça, nous avons décidé de nous retrouver chez un mec qui organise une fête chez lui. Austin, Lydia, Sugar, Adam et moi buvons en observant les gens bouger, tourner. Ils sont visiblement heureux d'avoir passé ces épreuves, ils se montent les uns sur les autres, en chantant, en dansant. Certains secouent la tête comme des malades ou tapent du pied en rythme avec la musique. On dirait que la terre tremble sous nos pieds. Et tout le monde y croyait. Tout le monde croyait en ce bonheur éphémère, j'avais envie de crier : « Hey, dans trois mois ça recommence, et c'est pour de vrai cette fois ! ». Toute notre vie se joue sur un bout de papier...

« Alyne ? » M'appelle Austin. « Tu vas bien ? » J'hoche la tête.

« Oh ! » Jubile Lydia en donnant un coup de coude à Austin. « Regarde la meuf là-bas ! ».

C'est drôle de les voir essayer de draguer côte à côte mais en même temps, c'est un peu étrange.

« Ouais, elle est pas mal. » Continu Austin.

« Vu que je suis gentille, je te la laisse.

- Quoi ?

- Oui, je te la laisse. Allez va lui parler ! » S'amuse Lydia en le poussant à se lever.

On le regarde s'éloigner, hésitant, en s'amusant. Je me retourne alors vers mes amis, Sugar et Adam sont en train de se bécoter, encore plus fous amoureux qu'au premier jour et Lydia boit sa bière à grande gorgée avant de se lever pour aller discuter avec une fille.

Je me sens seule. Je ressens un petit point au cœur inexplicable. J'ai beau être entouré de plein de monde et de tous mes amis, je me sens seule. J'ai l'impression qu'il manque quelque chose à ma vie.

Charlotte

Jour 50

Je suis en train d'écrire une lettre. A mes amis, ma famille. Pour leur expliquer, leur raconter ce que je suis en train de vivre et d'endurer.

15:19

Nathan

« Salut Nathan. »

Elle s'approche de moi, avec son classeur dans les mains, habillée d'une chemise à carreau bleu, d'un t-shirt moulant noir et d'un jean lui aussi moulant. Qu'est-ce qu'elle est sexy. Mon cœur bat la chamade. N'ayant tous les deux pas cours, nous nous sommes retrouvés par hasard dans un coin du lycée, je ne lui avais pas parlé depuis le début des vacances, étant parti avec Luke et Jo à une putain de virée au ski.

« Tu as passé de bonnes vacances ? » Me demande Alyne.

Je lui affirme que oui et lui explique en deux trois phrases ce qu'on a fait. Lorsque j'ai fini, elle me pose une question incommode qui avait l'air de lui brûler les lèvres :

« Tu as pu voir Charlotte ? »

- Non. Toujours pas. » Je soupire « Selon son médecin et sa famille se serait nocif pour elle de me revoir. » Elle soupire à son tour, trouvant sûrement ça triste et con. « Te prends pas la tête pour moi, ça s'arrangera. »

Je la regarde s'allonger sur le banc et fixer le ciel, pensive. Elle a l'air loin de moi, loin du monde. Mon cœur bat fort. J'ai le sentiment d'imploser. Elle me rend dingue. J'y ai beaucoup pensé lorsque j'étais loin d'elle. Les autres filles avec lesquelles j'ai essayé de sortir sont fades à côté d'elle, sans intérêt. Elle a ce petit truc en plus, ce charme piquant qui vous rend accro. Elle a pris de plus en plus de place dans ma vie jusqu'à me submerger complètement. Ça fait drôle de penser ça.

« Tu m'as manqué. » Je souffle.

Elle se relève à peine, me renvoie faiblement mon sourire, mais ne répond pas. Pour combler le vide, je rajoute à la hâte, un peu gêné :

« Il y a un truc qui me dérange chez toi. »

Indigné, elle se relève d'un bond et s'écrit :

« Pardon ?

- Je n'aime pas trop comment t'es habillée... Hum... Déshabilles toi pour voir ? »

Elle soupire et se rassoit.

« A t'écouter on dirait que le sexe est la chose la plus importante dans la vie.

- Mais non, ne réagis pas comme ça, c'était juste pour t'embêter un peu et détendre l'atmosphère. » Je m'empresse d'ajouter.

Assez confus, je sors une feuille, un filtre et du tabac et commence à rouler tout en lui parlant.

« Désolé si je dis n'importe quoi, mais tu me fais perdre la tête Alyne. »

Charlotte

Jour 69

Voilà plusieurs jours que j'ai observé tous les détails et failles de cet établissement. J'ai remarqué une fenêtre d'un de mes camarades que je peux ouvrir en forçant bien. Il accepte de me laisser partir par cette ouverture, à condition qu'il vienne avec moi. J'ai aussi volé un couteau lors du dernier repas. Je suis prête. Je vais enfin m'évader de cette prison.

Souhaite-moi bonne chance Toby et adieu, je pars pour une vie meilleure.