Alyen

CHAPITRE VINGT-QUATRE

Le chocolat, c'est ça le véritable bonheur.

Charlotte

Jour 7

Je me sens atrocement mal. Ma vie a certes mal commencé, mais là, ça bat tous les records. Je passe mes journées dans un affreux pyjama bleu immense, qui n'est lavé qu'une fois par semaine avec des chaussures hideuses en tissu. Je n'ai également pas droit aux visites pendant les deux premières semaines, ni aux coups de téléphone.

Je passe mon temps à sangloter. J'ai l'impression de pleurer des lames de rasoirs. Elles descendent le long de mes joues, de mon cou, de ma poitrine, pour venir s'enfoncer dans mon cœur. Les souvenirs de toutes les conneries que j'ai faites m'empêchent de dormir. C'est à cause de tout ça que je suis là ! Je dois t'avouer quelque chose Toby, je suis tombée amoureuse de mon propre frère, je ne savais pas qu'il l'était, mais c'est impardonnable ! Je l'ai même embrassé. 2 fois ! Je me dégoûte. J'ai fait une fixette sur mon propre frère... C'est immonde. J'ai l'impression de vivre un film d'horreur. C'est à cause de ma mère. Ma salope de mère. Si elle m'avait dit toute la vérité sur mon père, jamais tout ça ne se serait passé. Je la déteste. Je la déteste tellement. C'est de sa faute si je suis enfermée, je n'ai aucune envie d'être là moi !

08:15

Johanna

Mon réveil sonne et je me lève mollement de mon lit, allume une cigarette puis deux et enfin une troisième que je finis par abandonner dans mon cendrier plein à craquer. J'enjambe quelques sacs remplis de drogues pour attraper ma tablette et un paquet de gâteau. C'est un vrai fouillis dans ma chambre. Moi-même, je suis un fouillis. Cheveux gras en bataille, haleine embaumée de cigarette, smoky eyes qui s'est transformé en face-de-panda, sweat-shirt trois fois trop grand et taché.

Je suis quand même heureuse que personne n'ai accès à ma chambre à part moi. La porte est toujours fermée et je suis la seule à avoir la clé.

J'observe les bouteilles d'alcools vides que j'ai volés hier au supermarché, à côté, il y a la marchandise. La regarder me rend moins maussade et me fait même sourire, j'ai hâte que Luke et moi encaissions tout ce fric. Même si niveau argent je n'ai carrément pas à me plaindre, ça me fait plaisir de l'aider. Et puis ça m'occupe. Également, je suspecte mon père de vouloir me couper les vivres... alors un peu d'argent en plus ça peut toujours servir.

J'entends mon téléphone prépayer sonner alors je le sors de ma poche pour décrocher. J'écoute un mec parler pendant une ou deux minutes avant de lui répondre. De bon matin, j'ai déjà rendez-vous dans un quartier bondé - ce qui facilite l'échange.

« Si t'as pas tout le fric, je vais tellement t'enculer que tu vas regretter d'avoir un anus. » Je le préviens avant de raccrocher.

J'aime bien jouer au caïd.

Charlotte

Jour 9

Ce matin, j'ai rencontré une gosse, dans le pavillon pour adolescent, une petite blondinette aux yeux noisette, un peu plus jeune que moi de 1 ou 2 ans. Elle se fait appeler Bambi. Elle est un peu spéciale mais c'est la seule que j'ai osé aborder et avec laquelle je peux avoir une conversation un minimum civilisée. Tu n'imagines même pas comme cette petite m'a profondément troublé Toby. Elle me fait d'autant plus comprendre la sombre réalité dans lequel nous vivons.

Elle m'a longuement parlé de sa vie. Dans sa vie d'avant, elle errait de famille d'accueils en famille d'accueils, un jour, elle a décidé de fuguer pour fuir son enfance sans joie. Elle voulait se débrouiller seule et pensait en être capable. Dans la rue, elle a rencontré une bande cool qui l'a pris sous son aile. Elle voulait devenir comme eux alors elle est tombée malgré elle dans l'enfer de la drogue. Elle est rapidement devenue toxico et comme ses besoins en héroïne étaient nombreux, elle se prostitua pour pouvoir se payer sa came. Elle m'expliqua que même si l'Héroïne lui avait gâché sa vie, elle reste et restera son seul et unique amour, à jamais. Elle était la seule à lui avoir procuré de la joie dans ce monde.