CHAPITRE CINQ

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Je veux juste me sentir « bien ».

01:05

Sugar

« Aly, t'es là ? »

Principe fondamental : c'est toujours quand on a besoin de quelqu'un, qu'il est introuvable.

Suivant les indications douteuses d'une meuf qui avait vaguement aperçu une fille aux cheveux rose, je suis allée dans la première chambre à droite. Le problème c'est que je ne vois rien du tout, la pièce est trop sombre. A peine je suis rentrée, j'entends quelque chose bouger. Un froissement de vêtements se fait entendre dans la pièce, comme si quelqu'un essayait de s'habiller en vitesse.

« Aly ? »

Personne ne répond. Avec ma main gauche, je tapote le mur, cherchant l'interrupteur.

« Il y a quelqu'un ? »

Je trouve enfin l'interrupteur et appuis dessus. Mon amie est sur un lit en sous vêtement, sa robe à la main en compagnie de Nate, lui aussi à moitié nu. Ils me regardent tous les deux comme des lapins prient dans les phares d'une voiture. Leurs têtes me donnent envie de rire, mais je m'en abstiens. Dans ce genre de situation, ce ne doit pas être très bien perçu. Je crois.

« Bouges toi, Lydia te cherche partout. »

Ils semblent surpris que je ne réagisse pas plus. Je souris poliment et poursuis :

« Votre vie sexuel ne me regarde pas, maintenant Alyne, dépêches-toi ! »

Ce n'est pas parce que je n'ai pas de vie sexuelle que la leur va m'intéresser, même si j'ai hâte de savoir comment cette histoire va se finir. Nate me foudroie du regard. Apparemment j'ai interrompue quelque chose d'assez chaud. Intéressant. Alyne reprend enfin ses esprits et enfile sa robe, sans même prendre la peine de dire au revoir à son compagnon, elle sort de la pièce avant moi.

07:45

Sugar

Aly me tend sa cigarette. Je tire nerveusement une latte puissante qui me fait tousser. Le vent fait danser doucement mes cheveux colorés. Je suis une adolescente préoccupée et j'ai l'impression d'être une enfant. Aujourd'hui encore, je suis telle que je l'ai toujours été : une pauvre gamine effrayée. J'essaie de revenir sur Terre et de me concentrer sur ce qu'il se passe autour de moi.

Malgré la rupture, Lydia n'est pas du tout affectée, elle ne fait même pas la gueule. Enfin, je ne devrais pas tant être surprise, même si c'est la première fois qu'elle se fait tromper, cette bad girl ne s'est jamais attachée à aucun mec. Elle discute avec Nate et Austin. Alyne elle, vient de partir à l'écart avec Johanna. Cette peste est de retour, elle revient 'étudier' au campus. Je sursaute lorsque la sonnerie retentit. Que la journée de torture commence !

« Dégage de là, squelette ! »

Je me fais bousculer. Je déteste arpenter les couloirs seule. Lorsque je suis avec les filles, personne n'osent rien dire. Mais dès qu'elles ne sont plus avec moi, ma vie est un véritable enfer. Un idiot me fait un croche-patte et je m'étale brutalement de tout mon long sur le sol. Dans ma chute mon sac s'est ouvert et tout son contenu s'est répandu sur le sol. Tout le monde explose de rire. Les étudiants tapent consciemment dans mes cahiers sur leurs passages. Leurs moqueries continuent, mais je ne les entends plus. Je n'y prête plus attention. Je me relève, comme si de rien n'était en ramassant mes cahiers à moitié déchirés. J'ai l'habitude maintenant. C'est presque tous les jours le même refrain. J'aurais pu pleurer, j'aurais pu crier, me rebeller. Mais je ne fais rien de tout ça. Je ne suis pas une froussarde pourtant. Tout ça m'affecte. Je suis seulement las. Me rebeller ne changera rien, au contraire. Et même si les gens ont l'habitude de dire que les insultes on peut les ignorer, ne pas les écouter... On les entend quand même...

AlyenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant