CHAPITRE TRENTE-ET-UN

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Un joli visage ne signifie pas un joli cœur

10:36

Nathan

Je veux te retrouver Charlotte. Tu es partie trop tôt, trop vite. Si seulement j'avais pu te rendre visite plus tôt. J'aurais pu faire quelque chose. Je regarde la fumée de ce dernier joint en ton honneur. J'ai envie de blâmer la Vie, la Mort aussi, et de hurler, mais ça ne servira à rien. Je déteste tellement ta mère et mes parents de nous avoir caché tout ça... Je jette la fin de mon joint dans le fleuve. Adieu Charlie. J'espère te revoir.

07:45

Alyne

Les révisions du bac deviennent de plus en plus chiantes, je bosse peu chez moi, constamment distraite, je préfère aller chez Austin – même s'il est en S – ou chez Sugar pour travailler avec elle et Lydia. J'adore de plus en plus passer du temps avec Austin, notre amitié évolue et c'est vraiment un type bien, j'ai l'impression que quoi qu'il arrive, il sera toujours là pour moi. Je souris à cette pensée.

Malgré cela, je reste un peu contrarié, j'ai tellement hâte que l'année se finisse, et là, bye-bye le lycée. C'est vraiment triste, quand j'y pense. Nous travaillons une dizaine de mois pour l'examen le plus important de notre vie et à la fin on se dit : « Je m'en fous si je l'ai pas, je veux juste que l'école se termine enfin. » Et personne ne pourra nous dire qu'il faut qu'on se préoccupe du bac, parce qu'arrivé à un certain stade, c'est fini, on s'en fous. La pression, le stress et toutes les attentes que nous avons tues notre motivation. On passe 9/10 mois à travailler pour une épreuve pour lequel on perdra la motivation dans tous les cas...

Perdue dans mes pensées, je fume ma clope devant les portes du lycée, la première sonnerie retentit, informant les élèves qu'il est temps de se rassembler. J'attends encore un instant, profitant de la fin de ma cigarette. J'observe alors Austin, je souris et lui fais signe pour qu'il me voit, mais celui-ci n'a pas l'air de me remarquer et se dirige vers une blonde. Il s'approche d'elle, la prend par la main et l'embrasse. Mon cœur s'arrête, ma respiration se coupe. Je ne suis pas simplement choquée, quelque chose m'écœure, je sens un arrière-goût désagréable dans ma bouche. Je crois que j'ai envie de vomir. Je jette alors mon mégot et me dépêche de rentrer dans le lycée, essayant de me faire discrète pour ne pas qu'il me voit. Lorsque je passe les portes du lycée, je ne peux pas m'empêcher de le regarder, nos regards se croisent, mais nos émotions sont indéchiffrables.

« Tu savais qu'Austin avait une petite-amie ? » Je demande à Lydia alors que nous sommes en train de nous diriger vers notre salle de littérature étrangère.

« Bien sûr, ça fait deux semaines. Tu ne savais pas ? » Me répond-elle stupéfaite.

12:19

Alyne

En fin de matinée, je reçois un message d'Austin qui veut me parler, mais au même moment Nate me propose de manger avec lui. J'accepte et nous nous dirigeons chez lui. Lors du trajet, il me parle beaucoup, me complimente. Un fois arrivés, Nathan fatigué, s'allonge sur le dos, dans son canapé. Ma tête se vide alors de toutes pensées, mon cœur, lui, s'assèche de tout sentiment. Je m'approche irrationnellement de lui, puis, à sa hauteur, je me baisse pour l'embrasser. Il m'attrape alors le visage et je le chevauche, pressant mes lèvres contre les siennes pendant un long moment, comme si j'allais chercher l'air qui me manquait, comme si je cherchais une échappatoire. Mes seins frôlent ses pectoraux, je sens son parfum piquant et sauvage. Face à son désir montant, son étreinte douce et chaude, je me pousse à lâcher prise d'avantage, la sensualité de tout mon corps commence à s'éveiller. Ma main gauche descend sa braguette ainsi que son pantalon, puis, je le prends dans ma main. Lui, ne me regarde pas, ne me touche même pas. Au bout de quelques minutes, je reviens à moi et me relève, ne ressentant que de la déception et du dégoût face à mon idiotie. Debout, j'essaie de me recoiffer avec une main et avec l'autre, place mon sac sur mon épaule. Ce mec ne m'a jamais vraiment aimé en fait.

« Au revoir Nate. »

Qu'est-ce que je peux être conne. J'ai l'impression de ne pas savoir quoi penser, quoi désirer. Je me suis perdue dans les abymes de ma propre bêtise. Je ne sais pas ce que je veux, je croyais bien faire, pensant que je pourrais être heureuse, mais non. J'ai été aveugle, volontairement ou non, cherchant à accéder au bonheur, pensant qu'il se trouverais avec Nathan. Je pensais pouvoir le sauver. Mais c'est un connard et iln'y a plus d'espoir pour lui. Je m'en veux d'être comme je suis, mais qu'est-ce que je peux faire maintenant ? Je reste indécise et perdue. J'aimerais pouvoir disparaître, là tout de suite.

Il faut que je me calme. Il le faut. Mais où trouver la force de me reprendre en main après tout ça ? Je suis vulnérable, je me sens torturée de l'intérieur. La débauche n'arrange rien, ça ne crée que plus de malheur. Je veux oublier. Je ne veux plus me sentir comme ça. Je veux du bonheur, je veux être loin d'ici. J'aimerais quelqu'un pour me rassurer, pour me montrer qu'il y a encore de l'espoir. J'aimerais quelqu'un qui serait toujours là pour moi, mais je pense que j'ai perdu cette personne. Une infinie tristesse m'envahit alors.

Mes yeux sont tellement remplis de larmes que je ne vois rien. La musique est tellement forte que je n'entends plus rien. Seule, dans la rue, je marche sans savoir où je vais, finissant mon paquet de clope. Je me sens tellement pathétique, tellement idiote.


AlyenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant