CHAPITRE DIX-HUIT

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Les contes de fées ne sont que des mensonges.

03:09 
Lydia

Les gens bougent, tournent. On aurait dit que la terre tremble sous nos pieds. Je ne sais pas vraiment ce que je fais. Je ne sais pas non plus quelle idée j'avais en tête quand j'ai décidé de venir en boite – seule. Je pense qu'en ce qui concerne ma perte soudaine de mémoire, l'alcool y est pour quelque chose. J'ai pourtant finis par le suivre. Je ne sais plus pourquoi j'ai fait ça. Mais je crois, qu'à la base, je pensais que c'était une bonne idée. Et si MOI, je pense que quelque chose est une bonne idée, c'est forcément une bonne idée.

Je titube dans le couloir de son appartement. On finit par trouver sa chambre, là, il me jette sauvagement sur son lit et il me baise pendant 6 minutes (je le sais car j'ai compté). Ces pauvres 6 minutes me semblèrent 6 heures. J'ai pu remarquer que son plafond est moisi, le papier peint est décollé dans un coin, sa couverture est râpeuse, il fait froid à cause de la fenêtre entrouverte, de plus, je crois que le voisin peut nous entendre. Je baille lorsqu'on a fini et me lève pour me rhabiller en vitesse.

C'était la pire baise de toute ma vie.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Me demande-t-il d'une voix grave très séduisante.

« Faut que j'y aille. » Je réponds sèchement en enfilant ma robe.

« Je peux avoir ton numéro ? J'aimerais beaucoup qu'on se revoit. »

Il se relève et s'approche de moi. Je lève la tête vers lui et il baisse ses yeux vers moi. Malgré le fait que je sois grande, il fait au moins deux têtes de plus que moi. Il est assez beau gosse je dois dire. Mais étrangement, son beau visage, sa peau foncée, ses bras musclés et ses nombreux tatouages ne m'attirent pas plus que ça. Il se tient toujours en face de moi, nu, attendant une réponse de ma part.

« J'ai un copain. » Je prends mon sac à main et je le laisse planté là.

C'était une très, très, mauvaise idée. Comme quoi, même moi, Lydia, je peux avoir de mauvaise idée. Au départ, je voulais simplement avoir, d'une manière simple et radicale, une réponse sur mes problèmes aux pieux. Il fallait que je sache si le problème venait de moi ou de Luke. Au moins, j'ai la réponse maintenant.

Le problème vient effectivement de moi.

Je crois que je n'aime plus baiser.

Ou peut-être pire.

09:47

Charlie

Nate n'est plus qu'un mauvais souvenir. Tout ça ne se reproduira plus. Plus jamais.

Voilà plus d'une demi-heure que je suis assise en tailleur sur mon lit et répétant ces phrases à voix haute. Le faire disparaître de mes pensées est horriblement dur. Je crois qu'au final, c'est plus fort que moi : je l'aime toujours. On ne peut pas oublier une personne, qui a autant compté, aussi facilement... Même m'amuser à martyriser la poupée vaudou à l'effigie d'Alyne ne réussissait pas à me remonter le moral. Ressentant un besoin de décompresser rapidement, j'allume une cigarette à la hâte. Je voudrais pouvoir pleurer et expulser ma peine, ma rage, cette douleur qui me déchire. Mais je n'ai plus aucune larme. J'aimerais tant lui en vouloir et ne plus penser à notre bonheur passé, tourner la page. Reprendre goût à la vie quoi. Je ne supporte pas de le savoir heureux sans moi ! Tout est de sa faute, pourtant c'est moi qui me remets en cause... Finalement, détester une personne ne veut pas forcément dire qu'on arrête de l'aimer. Il y a tant de questions qui se bousculent dans ma tête. Je regrette son rire, ses yeux, sa voix, sa façon de voir les choses, sa douceur, sa présence... Il me manque. Il me manque. Il me manque. Je ne sais pas si c'est lui qui m'a détruite ou si je me suis détruite seule. Je crois que j'ai pris trop de LSD...

AlyenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant