Alyen

CHAPITRE DEUX

Bienvenue dans le Royaume de la Princesse au cœur brisé.

08:03

Austin

Mon visage se fend d'un sourire ravis. C'est elle ! Je n'aurais jamais imaginé la revoir un jour... Mon premier réflexe fut de me précipiter vers elle pour l'enlacer mais je me rendis soudain compte qu'elle ne semblait pas du tout heureuse de me revoir. Au contraire... Les expressions se battent sur son visage comme si ce qui est au fond d'elle ne souhaite pas ressortir. Elle choisit finalement de me lancer un regard hostile. Le souvenir de ces derniers mois me frappa violemment. Je baisse la tête, ébranlé par ces souvenirs si doux et si amers.

C'était une nuit d'hiver, ça aurait pu être comme n'importe quel soir. Je me souviens parfaitement de cette soirée où je l'ai rencontré. Je sens encore le vent glacial me fouettant le visage, et ma respiration de plus en plus saccadée.

Je cours déjà depuis un long moment. Perdu dans mes pensées, j'ai complètement perdu la notion du temps. Même si c'est le milieu de la nuit, j'ai eu besoin de sortir pour me changer les idées. Je cours près d'un parc public. Essoufflé, je m'arrête un moment. De là où je me trouve, je peux voir toutes les lumières de la ville et la Tour Eiffel illuminée. J'ai toujours adoré ce spectacle... Courir me libère l'esprit, le paysage défile sans que j'y fasse réellement attention. Plus rien n'a d'importance. Il n'y a plus que moi, le frottement de mes semelles sur le sol et une vie plus clémente et belle à chaque foulée. Le parc est désert à cette heure-ci, il fait sombre et chaque ombre semble vivante, prête à se mouvoir. A bout de souffle, je m'arrête un moment. Lorsque je souhaite reprendre ma course et finalement rentrer chez moi, j'entends quelqu'un pleurer. Soucieux, je me dirige vers ce gémissement alarmant. Les pleures s'arrêtent soudain. Dans l'obscurité, je distingue une fille. Elle est assise sur une sorte de barrière au bord d'un précipice, doucement elle se lève, dans un équilibre particulièrement instable et regarde dangereusement vers le vide. Je comprends immédiatement qu'elle souhaite sauter. Il y a sûrement plus de quinze mètres de chute. Paniqué, je réfléchis rapidement à la meilleure façon d'agir. Si je l'appel elle risque de prendre peur et de glisser. Je m'avance donc en silence. Brusquement elle glisse, cri et perd l'équilibre. Elle est sur le point de tomber ! Tout ce passe très brièvement, je me précipite vers elle et l'attrape brutalement par la taille, l'entraînant le plus loin possible d'ici. Affolée, elle se met à crier plus fort. Elle se débat tellement que nous tombons tous les deux au sol. Elle s'extirpe paniquée de mes bras et s'éloigne d'un bond pendant que je me relève en essuyant la terre sur ma joue.

« Non mais c'est quoi ton putain de problème ?! » Hurle-elle, hors d'elle. « Pour qui tu te prends ? »

L'inconnue me lance un regard agressif. Ses yeux sont presque... fous. Son maquillage a coulé le long de son visage et ses cheveux sont en batailles. Elle est dans un triste état. Craintive. Perdue. Cette fille semble avoir mon âge. Je remarque alors qu'elle tremble. Je retire tranquillement ma veste et la pose sur ses épaules avant qu'elle n'ait eu le temps de décliner mon offre.

« Je ne t'ai rien demandé. » Se contente-t-elle de dire d'une façon plus calme cette fois-ci.

Elle doit avoir du mal à se rendre compte de la situation et à quoi elle a échappé.

« Comment tu t'appelles ? » Encore craintive, elle reste muette. « Je viens juste de te sauver la vie tu sais, tu pourrais être un minimum reconnaissante.

- Alyne. » Soupire-t-elle.

Je souris légèrement et l'attire prudemment avec moi sur un banc, pour qu'elle puisse se reposer un peu. J'essaie de rester le plus posé possible, de peur de l'inquiéter encore plus qu'elle ne l'est déjà. Je me rends alors compte, grâce au vieux réverbère, que ses cheveux ont une couleur pour le moins originale : rose. Malgré tout, ça lui va bien. En fait, elle est même plutôt mignonne. Si on oublie qu'elle a l'air cinglé.