Chapitre 12 Luna

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Forêt amazonienne, au campement. 

J'ai passé une très mauvaise nuit. Un mal de tête qui n'a pas voulu me lâcher puis j'ai été prise de nausées et de vomissements. Mes plantes de pieds quant à elles, sont en feu. J'ai réussi à retirer la plupart des épines, d'autres sont plus profondes, normal, j'ai marché pour revenir jusqu'au camp. Par contre pour mon dos, je n'ai rien pu faire à part dormir sur le ventre. Lorsqu'il m'a trainé sur le sol, j'ai dû en ramasser quelques-unes car cela me brule.

Je pense que ces dernières s'infectent mais je n'ai malheureusement aucun ustensile pour aller récupérer ces pointes enfoncées dans mes chairs et aucun miroir pour voir mon dos. Je souffre le martyre, je ne vais pas avoir le choix, je vais devoir sortir de cette forêt, au risque de me faire prendre. Si je reste ici, je vais mourir d'une infection, le milieu humide n'étant pas propice à une quelconque guérison. Ma décision est prise, je vais me rapprocher de l'orée du bois. Lorsque la nuit sera tombée, je me dirigerais vers le M.C des Devils, je n'ai plus d'autres alternatives mais surtout aucune autre option. Je repartirais lorsque je serais mieux. Il me doit bien ça, sans moi, il serait mort dans cette jungle.

Je reste couchée une partie de la journée, vacillant entre deux eaux, je crois que j'ai de la fièvre. Par moment, j'ai très chaud puis très froid. Lorsqu'enfin j'ouvre les yeux, le jour commence à décliner. Il faut que j'y aille sinon la nuit va arriver et je risque de tomber sur l'éveil de la faune. J'ai eu ma dose, inutile d'en prendre plus.

J'ai repéré il y a plusieurs jours maintenant, le chemin me menant vers Leticia. Lorsqu' Alvaro a quitté les bois, je suis retournée à l'endroit où nous étions, puis j'ai suivi les diverses végétations écrasées sous les pas de ses hommes, marquant chaque arbre pour retrouver mon chemin. J'ai fini par arriver aux abords de la ville, j'ai donc rebroussé chemin.

Je prends avec moi le peu de bagages que j'ai, n'ayant jamais retrouvé mon sac volé. J'enfile ma robe qui vient frotter mon dos, titillant les épines, certainement pour quelques-unes, en surface. Je prends aussi ma lame en priorité et une sarbacane que je me suis faite avec du bois canon. J'ai taillé de petits bouts de bois pour en faire des petites flèches, puis je les ai trempées dans un poison dont j'ai préparé la mixture, on l'appelle le curare*. Avec cette méthode, mon grand-père chassait le tapir, que ce soit pour sa viande ou pour sa peau, son cuir étant très épais.

La chasse du tapir étant interdite, le seul moyen silencieux pour le tuer était la sarbacane, voilà pourquoi je connais le poison qu'il utilisait. Ma mère m'a souvent raconté des anecdotes concernant les ratés de lancer de son père, dont un qui avait couté la vie du bœuf du voisin. Après une grosse dispute, ils avaient fini par se réconcilier et manger la bête après avoir retiré le morceau de chair empoisonné. Ma mère préparait le curare pour les flèches de mon grand-père, car même lorsqu'il a arrêté de chasser le tapir, après ce loupé, il restait des prédateurs dont on ne voulait pas croiser le chemin, comme les caïmans mais aussi les jaguars qui s'approchaient des habitations, à la recherche de nourritures pendant la saison des pluies. Lors de cette période, la forêt amazonienne est submergée par les eaux de novembre à avril, la faune se réfugie alors auprès de la civilisation. Inutile de dire que sortir devient dangereux la nuit.

J'arrive à la lisière de la forêt, un peu avant la nuit. Je me planque derrière un gros tronc, m'asseyant mais évitant de m'adosser à ce dernier. J'attends ensuite qu'il n'y ait plus beaucoup de monde dans les ruelles.

Le sifflement proche d'un serpent, me fait ouvrir les yeux et me redresser rapidement. J'ai dû m'endormir car plus aucun bruit n'emplit les rues. Je décide de sortir de ma cachette, inutile de se faire piquer par une vipère ou pire, mourir étouffer par un anaconda.

Amazon Devil's ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant