J'ai juste eu le temps d'entendre au loin le vrombissement des motos. Je suis devenue la chose de Ruben, cet être vil et méprisable.
— Tu vas voir ma beauté, on va bien s'amuser toi et moi, me dit il en se penchant vers moi et en faisant courir sa main sur ma cuisse vers mon entrejambe, que je resserre immédiatement.
— Ne me touchez pas !
— J'aime qu'on me résiste, ça m'excite encore plus.
Il passe sa langue sur ma joue, me léchant le visage. J'ai envie de vomir.
Quelques minutes plus tard, le véhicule se stoppe près d'un jet privé, sur l'aéroport international d'Alfredo Vásquez Cobo. Ruben descend pendant qu'un de ses hommes m'ouvre la porte. Je regarde ce géant tatoué de la tête au pied, me dévisager. Puis tout se passe très vite dans ma tête lorsque mes pieds touchent l'asphalte, je propulse mon genou dans les bijoux de famille du géant puis me mets à courir vers l'aéroport.
— Rattrapez là ! entends je crier Ruben.
Je jette un œil par-dessus mon épaule et je vois que deux hommes se sont mis à ma poursuite. J'accélère ma course, puisant dans mes dernières forces pour échapper à mon funeste destin. Je suis à deux doigts de réussir lorsque je sens que l'on m'agrippe par mon haut, je crie ma colère en tournoyant sur moi-même pour lui faire lâcher prise, cela fonctionne. Le tissu crac mais je suis libre, il va pour m'agripper à nouveau lorsque les portes vitrées déversent sur le tarmac, un flot de passagers se rendant à leur embarcation. Je profite de ce mouvement de foule pour me noyer dans la masse, me baissant puis bifurquant vers les toilettes.
Je choisis ceux des hommes pensant que leur première idée sera de fouiller ceux des femmes.
— Vous vous trompez Madame, me dit un vieil homme devant son urinoir.
— Oh, je suis désolée, ceux des femmes sont pleins et j'ai une envie présente.
— Vous ne pouvez pas faire ça Madame, vous devez attendre votre tour dans vos toilettes.
Grr, quel vieux ringard. Je ressors donc, le cœur battant, les jambes fébriles. Où puis je aller ? Je regarde vers le hall puis aperçois un des hommes de Ruben au milieu de la foule. Je prends la première porte qui s'ouvre devant moi au moment où la personne qui en sort me tourne le dos. Je me retrouve ainsi dans un vestiaire.
— Que faites-vous la madame ? Vous n'avez rien à y faire, c'est un endroit privé, me dit une femme de ménage.
— Je suis désolée, je suis nouvelle. Je viens remplacer un membre du personnel absent, c'est... flute, son prénom m'échappe...
— Maria ?
— Oui c'est ça, je crois ! Elle fait partie du ménage non ?
Il n'y a jamais cent pour cent du personnel, il y a toujours quelqu'un qui manque à l'appel.
— Ah non, si c'est Maria, elle est cuisinière pour le servir de vingt-deux heures au restaurant « Le temple des dégustations » dans l'aile gauche de l'aéroport. Vous êtes sûre que vous ne vous trompez pas de prénom ?
— Non, non c'est bien ça ! Je me suis trompée... c'est ma prochaine mission... le ménage.
— Votre prochaine mission ?
— Oui... oui, je cumule deux emplois... vous savez, il faut bien payer les factures.
— A ma pauvre, tu as raison ! C'est de plus en plus compliqué, mais comment te nommes-tu ? me tutoie t'elle soudainement, devant se dire que nous sommes de la même classe sociale après tout.
— Lu... Magnolia, je m'appelle Magnolia !
— C'est joli comme prénom, moi je m'appelle Alina. Je suis enchantée de faire ta connaissance. Bon il faut que je file, tu trouveras le casier de Maria sur la gauche, au fond. Je vois qu'ils ne t'ont rien donné, tu trouveras donc ses tenues de travail dans son armoire. Tu es un peu plus maigre mais ça devrait aller, rit elle en rallumant la lumière. A tout à l'heure ma belle !
Je me dirige vers le casier, cherchant le prénom Maria que je trouve enfin. Lorsque je me saisis de la blouse que je dois enfiler, je comprends pourquoi elle riait en signifiant que j'étais maigre. Cette Maria doit faire cent vingt kilos, ce n'est pas une blouse mais une tente que je vais devoir enfiler et ajuster. Je récupère aussi la casquette rouge puis enroule mes cheveux que je fais disparaitre à l'intérieur. J'ouvre les casiers adjacents essayant de trouver quelque chose qui pourrait me permettre de passer plus inaperçue. Je tombe alors sur des lunettes à double foyer, posées sur une étagère. Je m'en saisis et remarque qu'elles sont spécifiques, les branches sont reliées entre elles, évitant ainsi de les faire tomber. Ce doit être des lunettes pour le travail, une autre paire doit être sur le nez du ou de la propriétaire, certainement en repos aujourd'hui. J'ouvre deux autres casiers puis fouille dans une trousse de maquillage. Parfait, j'ai ce qu'il me faut. Je me dirige vers les lavabos pour pouvoir me grimer. Je vais avoir beaucoup de travail, mon arcade a saigné et ma joue est rouge. Je suis étonnée que ma « collègue » ne m'ait pas de fait de réflexions à ce sujet. La pénombre de la pièce sans doute, puisqu'elle allait sortir.
Quelques minutes plus tard, je sors des vestiaires mais au moment où j'ouvre la porte, je percute une masse corporelle impressionnante. Mes yeux se portent d'abord sur des rangers puis au fur et à mesure que mon regard remonte, je reconnais les tatouages de l'homme qui a failli me mettre la main dessus. Je déglutis avec peine, quand ma vision flou due au port de mes nouvelles lunettes rencontre ses pupilles.
— Dégage de mon chemin la grosse ! me fait il en me bousculant.
Oups... je file à toute allure vers la porte de sortie. S'il ne m'a pas reconnu alors tant mieux. Je peux essayer de disparaitre avant que le jour se lève.
— Et toi là-bas !
Bon sang !
— Arrête toi de suite !
Hors de question, je continue de marcher d'un pas vif. J'entends soudain siffler, c'est un policier qui court vers moi, mince, je ne vais pas pouvoir m'enfuir. Je me stoppe net, sachant que dans ce pays, il ne vaut mieux pas fuir, si on ne veut pas perdre la vie bêtement.
Les pas se rapprochent rapidement, j'ai la tête dans les épaules, n'osant pas me retourner vers lui. Lorsqu'enfin il arrive à ma hauteur, je vois qu'il continue son chemin appréhendant plus loin, un homme avec un sac à dos.
Je pense que mon cœur ne va pas tenir !
— Hé ! Tu vas où ?
On me retourne sans ménagement en m'attrapant par le bras.
— Oh pardon Madame, je pensais que c'était Maria ! Mais ce sont ses affaires ? Que...
— ... elle vient de me les prêter... on ... on s'est percutée ... et ... euh... je tenais dans mes mains mon café... mes vêtements ont été mouillés mais surtout souillés... elle a été très gentille... elle...
— ... Ok ... ok, je comprends mais je n'ai pas le temps, savez-vous où elle est ?
— Qui ?
— Maria pardi !
— Oh euh... au toilette, je crois !
— Ok merci et pardon ! me crie le type en partant en courant vers les sanitaires.
Je dois être pâle comme la mort, beaucoup d'émotions en si peu de temps, je suis tremblante. Une chaleur a pris possession de tout mon corps, mes joues sont en feu. Vais-je arriver à sortir de ce lieu ? Je me remets en marche, d'un pas naturel pour ne pas attirer les regards sur moi. J'ai la tête baissée, regardant sous les lunettes pour ne pas me vautrer sur le sol. Lorsque je passe enfin le portail de l'aéroport, mes épaules se relâchent. Je m'aperçois que j'avais pratiquement arrêté de respirer. C'est donc essoufflé que je m'enfonce dans un bois après avoir traversé les deux routes menant à l'aéroport. Je dois maintenant trouver un endroit où me cacher. L'aéroport est tellement illuminé qu'il éclaire le ciel, m'aidant à me diriger vers un arbre dont le tronc large me permettra une planque discrète. Je le contourne cherchant un point d'accroche pour l'escalader puis disparais au sein de ses branches. Je me cale ensuite sur l'une d'entre elles puis espionne l'endroit que j'ai fui.
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Amazon Devil's ( En réécriture)
Ficción GeneralLuna, un prénom que ma mère m'a donné et qui signifie heureuse en hawaïen, heureuse je l'étais avant que ma mère ne meurt d'une overdose. C'était la mule du Cartel El Greco, sa mort a signé la mienne mais ce ne sera pas une mort douce, on me réserve...