Quelques heures plus tôt, forêt amazonienne.
Cela fait maintenant une semaine que je suis dans la forêt amazonienne, je suis arrivée aux portes de la ville de Leticia, donc aux portes du Brésil, mais aussi à celles du Pérou. Je me terre toujours dans ce milieu dont je connais maintenant les dangers. J'ai eu droit à une diarrhée carabinée pour avoir bu de l'eau avant de la faire bouillir. Il a fallu que je trouve des buissons d'acérola* pour en cueillir les fruits et m'en faire un jus. Dorénavant, je prends de l'avance, je récupère de l'eau dans les petites rivières que je trouve pour la faire bouillir, tuant ainsi toutes les bactéries, puis je remplis ma gourde. Je suis à environ soixante kilomètres de Puerto Nariño, j'ai mis trois jours pour arriver jusqu'ici.
Je me suis construit une petite cabane faite de branches et recouverte de grandes feuilles de palmiers. Les lianes entourant les arbres m'ont servi de cordage. J'ai ajouté sur les feuilles de palmiers d'autres essences de bois ainsi que des fougères, formant ainsi un amas de végétations sous lequel j'ai fait mon campement. Personne alentour ne peut me détecter. Cela ressemble à un tipi mais sans toile. Le sol est recouvert de feuilles ainsi que de ma bâche qui me sert de tapis, mon hamac quant à lui est toujours suspendu au-dessus du sol. Je me nourris de piranhas, de crabes ou de petits poissons que je pêche dans les petits cours d'eau. Je me suis fait une petite canne à pêche avec une branche, une liane et à son bout, un petit fil de fer, je savais bien qu'il me servirait un jour. Pour appâter le poisson, il y a assez d'insectes dans cette forêt. Je me nourris également de mombins* mais il y a aussi du manioc* et des cœurs de palmiers, la forêt amazonienne est riche. Je ne sais pas combien de temps il va falloir que je me terre ici, le cartel El Greco est puissant. Je ne vais pas pouvoir leur échapper comme ça, mais en même temps, il faudra bien que je sorte d'ici lorsque la saison des pluies arrivera, sinon je risque de me noyer.
De novembre à avril, des pluies torrentielles se déversent sur cette flore, en quelques mois, la forêt est submergée par près de trente mètres d'eau, soit l'équivalent d'un immeuble de dix étages ! Seules quelques cimes sont toujours visibles ; les forêts et la faune doivent lutter pour survivre, autant dire que ma cabane sera ensevelie. Pendant ces périodes, certains animaux trouvent refuge dans les forêts sous la canopée, d'autres partent en quête de terrains secs, tandis qu'une poignée d'entre eux se retrouvent piégés par les eaux montantes. Mais tous ces habitants doivent apprendre à vivre dans une forêt sous l'eau, alors que moi, je risque d'y mourir.
J'entends du bruit dans les buissons, je ne sais pas quelle heure il est, il fait nuit noire. Au son, je dirais que c'est un tapir*, il est en train de se nourrir, il doit être à la recherche de termites ou de fourmis.
Les deux premières nuits, je n'ai pas fermé l'œil, j'étais à l'affût, éclairant les environs avec une torche de bois. J'ai ainsi découvert plusieurs espèces se promenant, dont des mygales mais aussi des scorpions. En journée, j'ai pris sur la tête quelques branchages qui m'étaient lancés par un singe araignée* ; son cri est assez spécifique et bruyant, je me suis amusée à lui répondre mais je crois qu'il n'a pas aimé mon imitation, puisque j'ai reçu plusieurs autres projectiles avant qu'il ne parte.
Une fois rassurée de ce que j'entends, je me replonge dans un sommeil agité.
Les premières lueurs du soleil me donnent le tempo pour m'activer. Je dois aller faire quelques provisions, mes réserves commencent à s'épuiser. Les divers poissons que j'ai boucanés puis laissés sécher, diminuent a vu d'œil, il faut que je reparte à la pêche. J'enfile mes chaussures dont j'ai fini par couper les bouts, sans en retirer les morceaux. Ceux-ci me servent de prolongement de semelle, mes orteils dépassent mais ma voute plantaire est protégée. On pourrait dire que ce sont des tongs améliorés.
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Amazon Devil's ( En réécriture)
Ficção GeralLuna, un prénom que ma mère m'a donné et qui signifie heureuse en hawaïen, heureuse je l'étais avant que ma mère ne meurt d'une overdose. C'était la mule du Cartel El Greco, sa mort a signé la mienne mais ce ne sera pas une mort douce, on me réserve...