Tout a été très vite, je n'ai pas pu retenir la rage que je gardais au fond de moi. Je sais que quelqu'un a essayé de noyer ma Sereia, je le sais car son fauteuil était au milieu de la piscine et non sur le bord. Ce qui suggère une poussée violente pour l'envoyer le plus loin possible. Le fait qu'elle ne veuille pas me dire la vérité m'a fait vriller. Elle a trop de secrets, elle cache trop de douleurs et je viens, à cause de ma colère, de lui faire ressortir une autre de ses peurs. Je dirais même, une terreur.
Lorsque j'ai propulsé le verre contre le mur, je l'ai vu, bondir hors du lit et se jeter à plat ventre sous ce dernier, rampant le plus rapidement possible à la tête de lit, se recroquevillant comme un bébé dans le ventre de sa mère. Elle a posé les mains sur ses oreilles puis s'est mise à chantonner la même chanson que j'ai entendu dans la jungle. Ça fait une demi-heure que je lui parle, que j'essaie de la faire sortir, sans succès.
Le Doc ayant entendu le fracas qu'a fait le verre contre le mur est revenu précipitamment, pensant qu'elle faisait une attaque cardiaque. Je lui ai tout raconté pour qu'il m'aide à la faire sortir mais il m'a indiqué qu'elle était dans un état de choc, partie dans un autre monde plus serein. J'ai continué à lui parler, à m'excuser de mon comportement, espérant que mes mots finissent par l'atteindre, j'ai réussi.
— Elle revient parmi nous, me dit le Doc, c'est bon elle revient au présent.
Je vois qu'elle nous dévisage tour à tour, se demandant probablement ce qu'elle fait là-dessous puis soudain, elle ouvre la bouche, laissant échapper un cri déchirant, un cri qui vous prend aux tripes. Je la vois suffoquer, essayant de reprendre sa respiration. Mais j'ai l'impression que son corps ne veut pas lui donner ce qu'elle réclame.
— Elle fait une crise de panique ! me dit le Doc, faut la sortir de là.
Il ne m'en faut pas plus pour réagir, comme pris par une puissance inexplicable, je soulève le lit médical pour le coucher sur son flanc, je me précipite sur Sereia, la prenant au creux de mes bras pour venir m'asseoir dans le fauteuil. Le doc revient avec une petite bouteille d'oxygène et un masque qui lui appose sur le nez et la bouche.
— Respire dedans mon petit, respire dedans, lui dit-il.
Elle s'exécute, prenant deux grandes goulées d'air. Je sens son corps se détendre. Il lui retire le respirateur.
— Voilà qui est mieux. Quand ce grand dadais aura remis ton lit dans sa position normale, tu pourras te reposer.
Elle le regarde, se remettant lentement de sa crise puis ses yeux rencontrent les miens. Elle me fixe, je vois de l'humidité se former au bord de ses paupières puis des larmes couler le long de ses tempes.
— Je suis tellement désolé, excuse-moi Sereia, je suis un impulsif, je ne te ferais aucun mal, jamais.
Je la berce comme on berce un enfant, il n'y a plus personne qui existe autour de nous, juste elle et moi, et nos regards qui ne se quittent pas. Puis les siens finissent par se fermer et je sens une main se poser sur mon épaule.
— Elle dort à présent, tu peux la déposer dans son lit si tu veux.
Je tourne mon regard vers le Doc, m'apercevant que nous ne sommes plus seuls dans la pièce mais qu'Ivan ainsi que Tomás ont été appelés pour remettre de l'ordre. Les deux seuls hommes, sans compter le Doc, qui peuvent me voir vulnérable. Les seuls qui garderont cet aspect de moi pour eux, et cela jusqu'à leur mort, j'ai confiance en eux, je leur donnerai ma vie.
Je me lève emportant avec moi ma sirène, puis viens déposer son corps endormi sur le matelas. Je remonte le drap, la contemple quelques instants, avant de suivre mes hommes qui quittent la chambre. Mickey ainsi qu'Adrian montent la garde devant la porte. Ils savent que ce qu'il vient de se passer n'est pas un accident. Eux comme moi, ne sont pas nés de la dernière pluie. Ordre a donc été donné par mes soins, de monter la garde jusqu'à ce que le coupable est été découvert et jugé.
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Amazon Devil's ( En réécriture)
Ficción GeneralLuna, un prénom que ma mère m'a donné et qui signifie heureuse en hawaïen, heureuse je l'étais avant que ma mère ne meurt d'une overdose. C'était la mule du Cartel El Greco, sa mort a signé la mienne mais ce ne sera pas une mort douce, on me réserve...