Quelques heures plus tôt.
Il fait nuit à présent, je me suis enfuie à la tombée de cette dernière mais maintenant que je suis à cinq cent mètres environ de l'entrée de la forêt, l'endroit précis où j'en suis sortie, que dois-je faire ? M'enfoncer dans ce bois alors que je n'ai absolument rien pour m'éclairer ? Ma petite lampe est dans ma cabane, comment vais-je faire pour me repérer sans elle ? Je suis épuisée, mes pieds ainsi que mon dos me font mal, la douleur de ma découverte sur Alvaro, me perfore le cœur. Je pourrais me laisser aller en hurlant ma colère, pour que celle-ci s'entende à travers l'immensité de la nuit, de par les cimes des arbres, traversant les cours d'eau, les montagnes mais voilà, ma gorge est tellement nouée de chagrins, qu'aucun son ne peut franchir la porte de mes lèvres. Je tombe à genoux au bord du chemin, dans l'herbe haute, laissant mon corps parcouru de sanglots, se vider. Ma vue est floue comme mon esprit. Les hommes sont-ils tous aussi mauvais ? Tous les êtres humains sont-ils aussi perfides ? J'en suis là de mes interrogations, sous la petite lueur d'une lampe de ville, lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je vais un bond en avant, me retournant, et me retrouvant assise dans l'herbe, regardant avec terreur si Ruben est l'auteur de cette approche.
— Que fais-tu là gamine ? me dit la femme de l'autre jour.
Mon cœur s'était emballé comme un cheval au galop, j'ai du mal à faire redescendre mes pulsations. La frayeur que j'ai eue m'en fait tourner la tête.
— Ça n'va pas ? Viens, suis-moi, me dit-elle en me tendant la main.
J'hésite pendant quelques secondes puis accepte sa demande. Je lui prends la main pour qu'elle puisse m'aider à me relever. Une fois remise sur mes pieds, elle me lâche, me faisant signe de suivre ses pas. Ai-je une autre alternative ? Je ne peux pas entrer dans la jungle maintenant, c'est un fait car ce serait du suicide.
Elle me mène jusque chez elle.
— Entre, me dit-elle.
— Je ne veux pas vous déranger.
— Si j'suis venue te récupérer comme un oisillon tombé d'son nid, c'est pas pour t'laisser à la porte de chez moi, alors viens, tu n'vas pas m'déranger.
Je pénètre chez cette femme que je ne connais pas, du moins, juste quelques mots échangés lorsque je suis passée devant chez elle, pas de quoi connaitre la personne qui me vient en aide.
— Assis toi, je vais t'faire un verre d'aguapanela*.
Elle se dirige vers sa gazinière où elle met à chauffer de l'eau puis dépose dans mon verre la moitié d'un bloc de panela*. Lorsque l'eau arrive à ébullition, elle vient la verser sur le morceau, au fond de mon verre, puis ajoute un trait de lime*. Une fois le sucre fondue, je porte le verre à mes lèvres, le tenant entre mes deux mains, comme pour me réchauffer alors que la température est loin d'être hivernale.
— Que fais-tu à c't'heure ci dans les rues de Leticia ? T'sais pas que l'quartier est dangereux la nuit ? C'est quoi c'barda que tu t'traines, on dirait un oreiller ?
Je la regarde mais ne sais pas quoi dire, je suis encore sous le coup d'émotions de ma fin de journée.
— La dernière fois que j't'ai vu, t'allais chez les Amazon Devils, tu les as pas trouvé ?
Je hoche la tête pour lui dire oui.
— Ben alors ? Z'ont pas voulu d'toi ? Pourtant t'as meilleur mine qu'la dernière fois, j'te l'dis, c'est jour et la nuit ! T'as l'air d'une princesse !
Je hoche la tête une nouvelle fois.
— J'comprends rien, si z'ont voulu toi, qu'est-ce qu'tu fous là ?
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Amazon Devil's ( En réécriture)
General FictionLuna, un prénom que ma mère m'a donné et qui signifie heureuse en hawaïen, heureuse je l'étais avant que ma mère ne meurt d'une overdose. C'était la mule du Cartel El Greco, sa mort a signé la mienne mais ce ne sera pas une mort douce, on me réserve...